A la veille de la Fête, qu’est-ce qui a changé ?

L’Aid EL kébir, (fête du mouton) mobilise depuis quelques semaines la société musulmane. D’une communauté à une autre du monde islamique l’événement est presque fêté avec la même ferveur.Mais il prend des allures souvent différentes selon les goûts et les valeurs sociales propres à chaque société. En Mauritanie les marchés sont pris d’assaut par une marée humaine qui défile tous les jours, dans tous les sens.

 Les commerçants se frottent déjà les mains. Les pères de famille font face à toutes les pressions.D’un côté les caprices des enfants qui veulent s’habiller comme des princes quelque soient leurs conditions sociales ; d’autre part des épouses qui jurent de se parer des plus beaux atours.Et sans compter le gros bélier aux cornes de buffle qui doit être immolé ce jour béni de l’aid el kébir. La fête du mouton est un rituel qui a ses normes religieuses bien fixées par l’islam. Mais les
pratiques sociales ont fini par entacher ce rite par d’autres comportements proscrits par l’islam qui interdit toute forme de gaspillage et de dépassements financiers poussant à verser dans l’excès . En Mauritanie il y a ceux qui ont leur idée claire de la fête et qui agissent en fonction de leurs moyens. D’autres ne comptent que sur le hasard et les coups de toutes sortes pour obtenir l’argent de la fête. Dans les marchés les vols se multiplient. Les arnaques deviennent monnaie courante pour obtenir de quoi faire la fête. Les fonctionnaires endettés jusqu’au coup se débrouillent à leurs façon pour trouver l’argent de la fête. Au fur et à mesure qu’on se rapproche du jour « j » fixé pour ce mardi, les bousculades dans les banques, les marchés, les salons de coiffure pour hommes ou pour femmes se font de plus en plus en grandes. Mais dans une conjoncture marquée par une crise financière aigüe, les
mauritaniennes commencent à se serrer la ceinture. Partout on entend dire que l’argent a déserté le pays ; un raisonnement qui signifie que les occasions autrefois qui permettaient de trouver de l’argent facilement ne sont plus de mise. Les rangs devant les bureaux de hauts responsables de l’Etat pour l’acquisition de bons de trésor ou de tickets de carburant ne sont plus une règle comme autrefois. Les fausses facturations, les falsifications de documents comptables pour accéder aux fonds publics ont été abandonnées du moins elles ne sont plus utilisées avec les mêmes méthodes. Il y a une nette amélioration des fraudes dans les circuits de dépenses de l’état. C’est dans ce contexte marqué par une situation sécuritaire incertaine, que les mauritaniens se préparent à accueillir la grande fête des musulmans suivie par tous dans un pays totalement acquis à l’islam et dominé par l’orthodoxie malékite. C’est une
fête célébrée en hommage au prophète Ibrahim qui fut ordonné par Allah de sacrifier son fils par dévotion aux prescriptions divines. Un gros bélier surgit pour faire place à l’enfant couché en attente d’être immolé. C’est ce rituel qui est célébré depuis des siècles par les croyants. La perpétuation d’une telle tradition musulmane ne doit pas souffrir de déviations …

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 13/11/2010

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