Détournement au Ministère de la Justice : Missions fictives, dépenses réelles

Il y a quelques semaines le procureur général près de la Cour Suprême Mbareck Ould El Kory a été remplacé alors même qu’il venait d’accéder à ce poste après avoir occupé le poste d’Inspecteur Général de la Magistrature auprès du ministère de la Justice. Personne ne s’explique ce limogeage inattendu de quelqu’un qui était décrit comme un proche du puissant Seyid Ould Ghaylani l’homme qui semble faire la pluie et le beau temps dans la Justice mauritanienne. Au Quotidien de Nouakchott nous sommes arrivés à entrer en possession de documents de gestion de la Régie et du compte trésor de l’Inspection Générale de la Magistrature qui laissent voir à première vue le détournement d’importantes sommes d’argent.
Il s’agit d’un aspect qui a apparemment été relevé par un audit de la Cour des comptes qui a voulu vérifier ces dépenses inhérentes à des inspections dans toutes les Wilayas. Ces inspections ont apparemment toutes faites l’objet d’ordres de missions signés de la main de l’ancien Secrétaire Général de l’époque Mouhamedou Ould Tijani. Problème, ces missions étaient apparemment fictives et elles ont donné lieu à des dépenses alors qu’elles ne se sont jamais passées. Mieux les Inspecteurs dont les noms figurent sur les ordres de mission et les justificatifs de dépense ont écrit officiellement à la cour des Comptes que : « A la demande de La Cour des Comptes en mission d’inspection au Ministère de la Justice les sous signés déclarent que depuis sa nomination au début de 2009 l’actuelle équipe n’a eu à effectuer qu’une seule mission d’inspection à l’intérieur du pays en juin 2009 réalisées par les inspecteurs Yahya Ould Mohamed Mahmoud et l’inspecteur El Haiba Ould Kotob pour les wilayas des Hodh de l’Assaba et du Guidimagha. Le reste de l’équipe n’a jamais bougé de Nouakchott. » S’en suit les signatures de : Yahya Ould Mohamed Mahmoud, Dieng Abdallahi Demba, Laabad Ould El Ghassem, EL Heiba Ould El Kotob, Yehdiha Fall Mint Bilal, et Zeinebou Mint Bamba. Or les relevés de retraits des comptes de l’Inspection Générale laissent apparaître : Le 29 Mars 2009 une dépense de 300 000 UM comme frais de mission, 150 000 UM de carburant, 40 000 UM de frais de communication, 25 000 de réparation du materiel de transport et 25 000 d’entretien du matériel de transport pour la mission d’inspection conduite par l’Inspecteur général Mbareck Ould El Kory dans les Wilayas de Dakhlet Nouadhibou, Trarza Brakna et Inchiri. Admettons que l’Inspecteur général avait effectivement effectué ces missions tout seul et à l’insu de son équipe d’inspecteurs, comment peut on expliquer qu’à la même date une autre inspection ait été effectuée par Laabad Ould Ghassem dans les wilayas des Hodhs, de l’Assaba et du Guidimagha avec exactement les mêmes frais à l’ouguiya prés. A la même date des frais ont été retirés pour une soit disant mission, conduite par Dieng Abdoulaye Demba au Tiris Zemmour, en Adrar, au Tagant et au Gorgol avec toujours la même somme tout comme celle qu’aurait conduite l’inspectrice Zeinebou Mint Boumenaà à Nouadhibou, Trarza Brakna et Inchiri. Ainsi un à un, les inspecteurs ont eu des ordres et des frais de missions pour des missions dont ils n’ont jamais entendu parler. Et Pour boucler la boucle un achat de 427 500 UM de pièces détachées pour un vieux Pajero qui aurait servi dans l’une des missions. De cette manière et par plusieurs chèques tout aussi injustifiés le compte de Régie de l’IGAJ a été siphonné et c’est probablement à la suite de l’inspection que des justificatifs à posteriori ont été introduits. De cette manière ce sont plus de douze millions d’ouguiya qui ont suivi un chemin tortueux sur lequel les inspecteurs de la Cour des Comptes sont apparemment décidés à les suivre.

Pour le moment aucun des responsables concernés n’ a pu avancer la moindre explication pour justifier ce que l’on peut qualifier aisément de Faux et d’usage de faux car les inspecteurs concernés ont écrit pour dire qu’ils n’ont jamais effectué ces missions et par conséquent ils ne sont pas entrés en possession des ces fonds qui leurs étaient apparemment destinés. Evidemment d’autres retraits de chèques de trésor sur le compte de l’IGAJ montrent que la gestion de ce ministère de souveraineté chargé de la mission régalienne de réprimer les manquements à la loi n’était pas un exemple d’orthodoxie.

Nous y reviendrons avec d’autres révélations
Bouna Cherif

Source: Le Quotidien de Nouakchott



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