Tous les jours que Dieu fait, la circulation routière sur cet axe vital ne cesse d’endeuiller des familles. A l’origine de ces drames, on retrouve la maladresse des usagers de la route, peu respectueux des normes de sécurité routière. A peine une semaine, non loin de la localité de « TAFILALET » à quelques kilomètres de Boutilimit, un accident de la route dévoilait son bilan macabre : 5 morts et 4 blessés dans un état grave dont le chauffeur du véhicule RENAULT. Selon les témoignages, la maladresse des usagers serait à l’origine de cet incident. « La voiture RENAULT qui venait de Kiffa, a voulu à un moment dépasser des voitures mal garées sur un côté, c’est alors qu’il est entré en collision avec une semi-remorque transportant des produits divers qui arrivait dans le sens contraire », défend un témoin du drame. Le convoyeur de la semi-remorque quant à lui a été évacué d’urgence à l’hôpital de Boutilimit avant d’être transféré à Nouakchott, vingt quatre heures plus tard. Son état était toujours jugé préoccupant. L’accident a bloqué un des principaux axes routier du pays, pendant près d’une heure. Cet autre accident survient deux jours seulement après un autre accident lui aussi mortel, qui a fait perdre la vie à plusieurs personnes, si l’on en croît un gendarme croisé à « BIR EL BARKA » non loin de la localité de AGHCHORGUIT. Là encore, c’est un camion mal stationné qui aurait été la cause de cet accident. Les survivants ont rapporté que le chauffeur qui venait de manipuler son lecteur CD a été surpris par les pleins phares d’un véhicule venant en face. En voulant éviter ce dernier, il est rentré dans un camion garé sur le côté. A chaque fois, les autorités semblent indexer la maladresse des usagers.
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que nos routes nationales sont réputées dangereuses, en particulier la nuit à cause des animaux errants, des véhicules sans lumières et des poids lourds qui stationnent sur les voies de circulation ! Les statistiques des services de la gendarmerie nationale relèvent pour les routes nationales des moyennes supérieures à 450 accidents, 120 décès et 85 blessés par an. Ces chiffres, il faut le signaler, ne sont que des moyennes estimées à partir d’enquêtes sommaires de l’ordre de 6000 accidents, 60 décès, 150 blessés par an à Nouakchott, faute de statistiques urbaines. Avoir des chiffres sur la mortalité routière chez nous s’avère être une mission impossible pour l’instant.
D’ailleurs, très peu de pays en Afrique possèdent des bases de données concernant les accidents de la route. Et ceux qui en ont ne peuvent pas toujours mettre à jour leurs chiffres par manque de moyens. C’est pourquoi quelques statistiques datent de plusieurs années. Certains pays essaient de s’en sortir tant bien que mal, mais les résultats relevés sont souvent partiels. Fléau pire que le sida, les accidents de la route posent un grand problème de santé publique aux autorités nationales.
Un état des lieux alarmant
Des estimations consignées dans le document de Stratégie Nationale de la Sécurité Routière et le plan d’actions pour la, montrent que durant les cinq dernières années, le nombre de véhicules a augmenté dans période 2006-2010 adopté en août 2006 dans le cadre de la réforme de l’organisation des transports entamée en 2005, durant la période transitoire de l’après putsch d’août 2005une fourchette comprise entre 16 et 20 %, les accidents de la route entre 15 et 20 %, les tués entre 25 et 30 % et les blessés entre 30 et 40 %. Les victimes les plus touchées par ces accidents de la circulation se comptent parmi les usagers du réseau interurbain. Entrent dans cette catégorie : les piétons, les cyclistes, les motocyclistes et les passagers de transports publics tels que minibus, autocars et autres taxis. « Les minibus tendent à rouler à une vitesse raisonnable en ville. Mais une fois en zone rurale, ils changent de comportement et accélèrent. Ajouté à cela le mauvais état des routes, la vétusté et la surcharge des moyens de transport et le non respect des règles de sécurité et les accidents ne peuvent être que très meurtriers », déplorait à travers nos colonnes le Directeur de la Sécurité Routière. Il ne manquait pas de souligner que la facture de l’insécurité routière dans notre pays est plus désastreuse que celles attribuées à l’ensemble des autres causes de blessures et de morts. Il citait les caractéristiques mécaniques des véhicules (feux de stop, de position, de signalisation, les organes de suspension, les systèmes de freinage, les pneus, les rétroviseurs…) ; les conditions opaques d’attribution des permis de conduire qui avaient cours et que le nouveau code de la route vient corriger avec des règles plus strictes ; les stationnements abusifs des véhicules sur la voie publique et plus particulièrement les poids lourds durant la nuit ; l’ignorance des règles de conduite et du respect des usagers ; la divagation des animaux ; le piteux état des routes ; l’inexistence de systèmes de prévention et l‘absence de mesures coercitives contre les contrevenants aux règles de conduites.
Que faire alors ?
A cette question la réponse de la direction de la sécurité routière du ministère de l’équipement et des transports reste invariable. « Seul frein à l’hécatombe humaine et économique : la prévention », martèle t-on. Elle explique à ce sujet que depuis le 30 juin 2008, une campagne de sensibilisation sur la sécurité routière étalée sur six mois (6) avait été lancée à l’intention des conducteurs en vue de les amener à changer de comportement quand ils sont au volant d’une voiture.
Selon un fonctionnaire de cette direction, les principales raisons de cette hécatombe sont d’abord à rechercher non seulement dans l’état du parc automobile national et dans celui du réseau routier, mais aussi dans la banalisation d’une conduite suicidaire qui ignore tout respect du code de la route. Les arguments de ce fonctionnaire de l’état mauritanien ne sont pas dénués de tout fondement. En effet, l’axe Nouakchott-Néma dite route de l’espoir, offre une palette complète des incivilités meurtrières pour qui a l’habitude de voyager sur cet axe ou même sur d’autres. Plus grave et inquiétant, c’est que le drame de ces accidents de la route ne fait que s’amplifier d’année en année.
Les experts pensent tout simplement que le gouvernement est dépassé par la situation. La prévention routière ne peut être le seul fait du département ministériel des transports. A notre humble avis, la sécurité routière implique que soit mis sur pied un bureau des enquêtes et d’analyses, qui aurait une compétence quasi illimitée pour déterminer les causes d’accidents de transports, de faire des recommandations et le cas échéant, de faire appliquer des sanctions. Malheureusement la vérité en Mauritanie -comme dans beaucoup de pays d’Afrique- les consignes de sécurité ne sont pas respectées par les usagers et les agents de sécurité routière sont soit corrompus, soit incompétents, soit en sous-effectif.
Moussa Diop
Encadré
Un parc automobile vieillissant Sur la base des données recueillies à la Direction des Transports Terrestres et de la Sécurité Routière, le parc national est passé de 12.620 véhicules en 1998, à plus de 25.000 véhicules en 2005, soit une croissance annuelle de plus de 10 % par an, indique t-on dans les services de la direction de la sécurité routière. Le parc automobile roulant est essentiellement constitué de véhicules d’occasion importés d’Europe. Leur âge moyen est de 12 ans et ils sont souvent en très mauvais état.
M.D
Source: Le Quotidien de Nouakchott