«La France fera tout pour libérer ses otages», a assuré le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, sur Radio J dimanche. Il était interrogé sur la possibilité que la France engage une «action militaire» pour tenter de libérer les sept personnes – cinq Français, un Togolais et un Malgache – kidnappées jeudi dans le nord du Niger. «Je n’en dirai pas plus, vous comprendrez pourquoi à l’heure où je vous parle», a-t-il ajouté.
«A ce stade», le gouvernement n’a «pas de revendication particulière de cette prise d’otages», a affirmé Luc Chatel, à qui l’on demandait si les autorités françaises attribuaient la responsabilité de cet enlèvement à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Toutefois, les doutes se portent de plus en plus sur cette mouvance. Samedi, le ministre français de la Défense Hervé Morin s’était dit «presque sûr» que les enlèvements étaient l’oeuvre d’al-Qaida. Tout comme l’avait fait Bernard Kouchner, au Quai d’Orsay, vendredi.
Si cela se confirme, ce rapt constituerait une véritable déclaration de guerre à la France. Car cette fois, souligne Mathieu Guidère, spécialiste d’al-Qaida, il pourrait s’agir, non plus comme auparavant d’un simple rapt visant à obtenir une rançon, mais d’une attaque ciblant «des intérêts stratégiques français».
«Pas de troupes françaises engagées»
Selon des sources de sécurité, les otages ont «traversé la frontière» et se trouvent actuellement dans le désert malien, où de violents combats ont opposé vendredi et samedi militaires mauritaniens et éléments d’Aqmi. Luc Chatel a d’ailleurs insisté sur le fait qu’il n’y avait aucun lien entre les efforts de la France pour retrouver ses otages et l’opération militaire mauritanienne au Mali contre Aqmi. Faisant référence au raid franco-mauritanien d’il y a deux mois contre une base d’Aqmi dans le désert malien, Luc Chatel a martelé : «Dans cette deuxième opération, il n’y a pas de troupes françaises engagées».
Le raid franco-mauritanien mené le 22 juillet contre une base des islamistes armés dans le désert malien visait, selon Paris, à libérer l’otage français Michel Germaneau. Sept islamistes avaient été tués. Aqmi avait ensuite annoncé avoir exécuté cet otage pour venger la mort de ses membres.
Processus de sortie de la zone rouge
Pour tous les expatriés français encore présents à Arlit, au Niger, la consigne est claire : ils sont tous appelés à quitter leur site d’extraction d’uranium avant lundi. «Nos ambassades dans la région ont engagé le processus de sortie de la zone rouge de ceux de nos compatriotes qui s’y trouvent», a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. Une demi-douzaine d’employés français du groupe Areva sont arrivés samedi matin à Roissy.
«Nous n’avons pas senti de réelles tensions mis à part le matin où nous avons appris que nos collègues avaient été enlevés. Cela a été un choc soudain. Mais nous avons bien réagi. Nous nous sommes tous regroupés dans une maison d’hôtes», a raconté à la presse Olivier Godon, 40 ans, auditeur interne chez Areva. «En face, il y a des gens qui sont très déterminés, qui sont prêts à tout malgré le dispositif de sécurité, malgré les gardes», a-t-il ajouté, en ayant «une pensée pour nos collègues nigériens qui continuent à travailler là-bas dans les mêmes conditions que nous».
Source : Le Figaro le 19/09/2010