Le président du Mali, Amadou Toumani Touré, a affirmé que le Mali était « en état d’alerte » après l’enlèvement de cinq Français et de deux Africains dans le Niger voisin, précisant que l’option tout-sécuritaire ne suffisait pas, dans un entretien avec des médias français.
« Le Mali est mobilisé, nous avons mis toutes nos forces en état d’alerte, nous soutenons l’armée nigérienne dans cette quête », a affirmé Amadou Toumani Touré dans cet entretien réalisé vendredi, qui sera diffusé dimanche sur la radio RFI et la télévision TV5 Monde et dont l’AFP a obtenu samedi une copie.
Cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour l’essentiel des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés tôt jeudi à Arlit (1.000 km au nord-est de Niamey), site d’extraction d’uranium.
Les sept otages ont « traversé la frontière » et se trouvent actuellement dans le désert malien, où des combats ont opposé vendredi et samedi militaires mauritaniens et élémentsd’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon des sources de sécurité.
« Nous avons permis à tous les pays riverains de faire des poursuites si éventuellement les assaillants rentraient en territoire malien », a rappelé Amadou Toumani Touré, qui n’a pu confirmer si les otages se trouvaient désormais au Mali.
« Le nord du Mali, c’est le sud de l’Algérie, c’est l’est de la Mauritanie, c’est le nord du Niger, il est très difficile d’y trouver une adresse postale, on ne peut pas dire avec exactitude où ils se trouvent, ils se promènent dans toute la bande sahélo-saharienne, aujourd’hui ils sont là, demain dans un autre pays », a-t-il expliqué.
Le président malien, qui n’était pas en mesure de confirmer la responsabilité éventuelle d’Aqmi dans l’enlèvement, a prôné une réponse globale au terrorisme: « Le terrorisme se nourrit du sous-développement, surtout de la précarité (…). C’est la petite divergence que nous avons avec certains de nos voisins, pour certains c’est le tout-sécuritaire, mais cela ne suffit pas ».
Au-delà de l’effort militaire et policier, « la réponse qu’il faut donner c’est le développement (…) afin d’obtenir la complicité des populations, notamment de la jeunesse », a-t-il indiqué.
Amadou Toumani Touré est aussi revenu sur la libération controversée en février de quatre islamistes détenus au Mali, en échange de la remise en liberté de l’otage français Pierre Camatte, qui avait suscité la colère de l’Algérie et de la Mauritanie.
« C’était la décision la plus importante et la plus difficile que j’ai prise de ma vie: que faire ? Je ne négocie rien et j’abandonne la vie de Pierre Camatte ou bien fallait-il négocier ? Pierre est notre hôte et la France est un pays ami. Nous avons libéré ces gens après les avoir jugés et nous avons récupéré Pierre Camatte. Il y a deux écoles qui s’affrontent », a-t-il reconnu.
« Dès qu’on commence à négocier, nous sommes dans une position de faiblesse. La solution, c’est le travail en amont, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas de prise d’otage », a souligné « ATT ».
Le Mali est régulièrement confronté à des violences et enlèvements perpétrés par Aqmi, qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger.
Source : AFP via Romandie News le 18/09/2010