La Mauritanie fait face depuis juin 2005 à un défi sécuritaire majeur à savoir la lutte contre Al Qaida au Maghreb Islamique(AQMI). C’est en effet à cette date précise que cette nébuleuse terroriste a poussé très loin la provocation avec l’attaque sanglante de la garnison militaire de Lemghaity qui avait fait 15 morts et 15 blessés.
Cette boucherie fut l’œuvre d’Abid Hammadou, alias Abdelhamid Abou Zeïd qui avait dirigé personnellement l’opération. Ce natif de Ouargla en Algérie est le chef de la Katiba Tarik ibn Zeid basée au nord Mali qui donne actuellement du fil à retordre aux armées de la sous région.
En septembre 2008, un soldat mauritanien avait été tué et un autre blessé dans des tirs d’armes à feu, à Choum. Cette attaque s’était produite quelques semaines après la mort de 12 militaires mauritaniens dans une attaque près de la ville de Tourine qui a été revendiquée par l’organisation «Al-Qaïda au Maghreb islamique».
Face à ces différents actes hostiles, l’armée nationale s’est organisée afin de pouvoir riposter efficacement à toutes les attaques visant l’intégrité du territoire.
Un nouveau dispositif pour sécuriser le territoire national
C’est dans ce cadre qu’en octobre 2008, on a assisté au déploiement d’unités militaires pour la sécurisation du territoire national. Ces unités militaires ont été déployées tout au long des frontières du pays afin de renforcer la surveillance et la sécurisation du pays contre d’éventuelles attaques terroristes. Il s’agit, selon des sources de l’armée mauritanienne, du déploiement d’unités militaires dotées d’équipements sophistiqués et spécialisées dans le contrôle et la sécurisation des frontières.
Ce déploiement qui intervenait en application de mesures prises, lors d’une réunion du président du Haut Conseil d’Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, avec les chefs des corps armés, devrait couvrir tout le territoire mauritanien, pour faire face aux menaces des groupes armés et particulièrement l’organisation «Al-Qaïda au Maghreb islamique».
Selon des témoins, ces unités sont équipées de véhicules tous-terrains, de l’artillerie lourde, et de radars sophistiqués.
Il y a quelques mois, des postes de garde tenus par la police et la gendarmerie ont été placés le long des frontières terrestres de la Mauritanie. D’abord trente-cinq, puis dix autres, ont été établis par décret le long du fleuve Sénégal, au sud du pays, mais aussi à l’est, vers le Mali, et un peu au nord, à la limite du Sahara occidental. Il s’agit là d’une première pour ce pays désertique où, jusqu’ici, les frontières n’étaient représentées que par des traits sur une carte.
Les nouveaux postes-frontières équipés de matériel informatique (les plus isolés fonctionneront à l’énergie solaire, faute d’électricité) permettront pour la première fois de constituer un fichier des étrangers.
Et les autorités mauritaniennes, promettent de «reprendre la frontière au nord, délaissée depuis la guerre du Sahara, en 1976». A l’est, au-delà de Nema, à 8 km de la frontière avec le Mali, il projette la création d’une ville autour de ce qui n’est encore qu’un puits, à N’Beiket Lahouach. Plus haut, du Mali vers le Maroc, toute une partie du territoire est déclarée zone militaire interdite – soit plus d’un tiers du pays. A cela s’ajoutent 21 nouvelles brigades mobiles de gendarmes, et des groupements spéciaux d’intervention (GSI) antiterroristes qui patrouillent.
Ce nouveau dispositif permet à l’armée mauritanienne de mieux quadriller le pays et les résultats ne se sont pas fait attendre.
Des résultats encourageants
C’est ainsi qu’en février dernier et pour la deuxième fois en l’espace de quelques jours l’armée mauritanienne a enregistré une victoire éclatante face à la nébuleuse «maffio-islamiste». Un commando des forces spéciales mauritaniennes avait localisé et réussi à enlever (vraisemblablement en territoire étranger) Oumar Ould Sid’Ahmed, alias «Oumar Sahraoui» 51 ans, l’organisateur principal de l’enlèvement des trois humanitaires espagnoles sur la route de Nouadhibou. Et alors qu’on n’avait pas fini de fêter l’événement, c’est l’un des GSI (Groupement spécial d’Intervention) qui intercepte une colonne de trafiquants de drogue escortée par des éléments d’AQMI.
L’accrochage qui avait eu lieu dans la zone de Lemzarab, aux environs de Lemgheitty avait duré près d’une heure et a abouti à l’arrestation de dix huit individus et la mort de 3 autres tous membres de la bande armée qui escortait le convoi.
L’armée mauritanienne avait par ailleurs saisi cinq véhicules tout terrain et un camion avec une cargaison importante de cocaïne. Les forces armées nationales ont comme on a déjà eu à le souligner inauguré depuis quelques mois un nouveau dispositif et une nouvelle stratégie en vue de reprendre le contrôle des vastes zones désertiques qui constituent un no man’s land entre le Mali et la Mauritanie et dont les trafiquants et les jihadistes islamistes ont fait leur terrain de prédilection. Cette zone incluse dans le nouveau plan de contrôle des points d’accès du territoire national se trouve limitrophe du Mali et de l’Algérie et l’armée mauritanienne comptent y imposer un contrôle de plus en plus strict dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme et les trafics en tous genres.
L’exploit de l’armée mauritanienne à Lemzereb avait mis du baume au cœur du procureur de New York, Preet Bharara, qui s’inquiétait, devant l’alliance émergente entre le réseau terroriste Al Qaïda et les trafiquants de drogue transnationaux. «Les terroristes essaient de diversifier leurs sources de revenus par le trafic de drogue», disait-il.
La France pour sa part avait salué l’interception par l’armée mauritanienne de ce convoi de trafiquants de cocaïne dans la région de Chegga. Elle traduit la détermination des autorités mauritaniennes à lutter contre la criminalité transnationale organisée en zone sahélienne. Cette opération montre l’utilité du dispositif de surveillance et de sécurisation des zones sahariennes mis en place par l’armée mauritanienne.
Il y a quelques jours, l’armée mauritanienne a déjoué in extremis un attentat contre une caserne de Néma (sud-est), neutralisant un kamikaze qui fonçait vers le bâtiment au volant d’une voiture bourrée d’explosifs, action qui porte la marque d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le kamikaze a été tué et les trois soldats «légèrement blessés» par la déflagration qui a endommagé le portail de la caserne, ainsi que les maisons et commerces voisins.
Au lendemain de cet attentat, le président Mohamed Ould Abdel Aziz avait rencontré les responsables de l’armée pour les inciter à la vigilance et leur promettre de donner à l’armée les moyens nécessaires à sa mission pour faire face aux risques d’actions terroristes, selon des sources sécuritaires concordantes.
Cette tentative d’attentat suicide survient un peu plus d’un mois après une offensive militaire menée par l’armée mauritanienne contre des bases d’Aqmi au Mali qui avaient pour but, selon les autorités nationales, de déjouer une attaque programmée par la branche maghrébine d’Al-Qaïda contre une caserne mauritanienne.
Après l’Algérie, la Mauritanie est l’un des pays les plus touchés par les activités d’Aqmi qui opère dans une immense zone désertique située aux confins de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Mais toujours est-il que l’armée mauritanienne comme a eu à le réitérer le président de la République en personne ne se considère pas en guerre contre Al Qaida.
Sa réaction face aux agressions de nature diverses subis par le pays entre de le cadre de sa noble mission qui est de défendre l’intégrité territoriale du pays et la sécurité des citoyens.
En effet, la création de l’Armée mauritanienne obéit, comme aimait le rappeler l’un de ses pionniers à la logique de doter la Nation naissante d’un «instrument de souveraineté».
Créée à trois jours de l’indépendance (le 25 novembre 1960) pour en faire un dénominateur commun à toutes les populations, la mission de l’Armée était donc et demeure naturellement une mission de défense du territoire et de maintien de l’ordre.
Bakari Guèye
Source : Taqadoumy le 13/09/2010