Atteindre l’indépendance alimentaire et transformer l’Afrique en producteur majeur de produits agricoles à l’échelle mondiale : ce sont les objectifs que les participants du Forum sur la révolution verte en Afrique, qui s’est achevé samedi 4 septembre au Ghana, se sont donnés. Réunissant plusieurs centaines de ministres, entrepreneurs, représentants d’organisations agricoles et d’organismes internationaux, banquiers et experts, ce Forum concrétise un regain d’intérêt pour l’agriculture africaine.
La crise alimentaire de 2008 a achevé de convaincre de l’importance d’une politique agricole forte en Afrique. Les émeutes contre « la vie chère » qui viennent de se dérouler au Mozambique témoignent de l’urgence de cette réorientation. Mais quelle politique agricole faut-il mener?
L’agriculture: une clé du développement africain
L’agriculture est devenue une priorité au cours de ces dix dernières années en Afrique. En 2003, les chefs d’Etats africains ont promis de consacrer au moins 10% de leurs budgets nationaux à l’agriculture. L’Alliance pour une révolution verte (AGRA) a été crée en 2006 et en 2008, 59 gouvernements ont publié un rapport élaboré par quatre cents agronomes. Cette évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement promouvait l’agroécologie, une agronomie qui s’appuie sur les processus écologiques et le soutien aux cultures vivrières.
Pour une agriculture respectueuse de l’environnement
Alors que l’AGRA soutient une solution technologique pour développer les rendements agricoles en usant des organismes génétiquement modifiés (OGM) ou bien le recours aux engrais, de nombreux agronomes estiment qu’une révolution verte en Afrique ne peut pas seulement reposer sur des améliorations technologiques et parient pour un futur agricole en Afrique subsaharienne qui repose sur des systèmes de production agroécologique et d’agroforesterie économes en intrants.
Utiliser les processus biologiques, associer cultures, arbres et élevage dans l’agroforesterie, jouer sur la diversité des cultures pour se protéger des ravageurs, développer la fumure organique plutôt que chimique : tels sont les principes mis en avant par l’agronomie, qui ne veut plus se reposer sur l’amélioration des semences et l’augmentation de l’usage des engrais et pesticides.
Cette nouvelle démarche est reprise par un acteur important de la Révolution verte des années 1960 : le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), qui met en avant l’expérience du « jardin potager africain » développée au Bénin et au Niger. Elle associe technologie d’irrigation au goutte-à-goutte, cultures de légumes combinées avec des arbres fruitiers, partage communautaire des frais engagés.
Protéger les agricultures vivrières africaines
Mais la solution au problème agricole africain n’est pas seulement technique ou organisationnelle. Les accords de l’Organisation mondiale du commerce ont aboli la protection aux frontières des Etats africains. 40 % de l’alimentation est importé et l’Afrique ne compte ni marché régional ni marché continental. Pour développer ces marchés régionaux et protéger l’agriculture vivrière, il faudrait que les Etats africains se dotent de protection aux frontières.
Ce point de vue constitue une divergence majeure avec ceux qui plaident pour la libéralisation des échanges. Mais il prend une actualité nouvelle avec l’achat des terres africaines par des opérateurs étrangers. Environ 4,5 millions d’hectares de terres sont en effet sur le point d’être acquis par des investisseurs étrangers en Afrique afin de produire des agrocarburants destinés essentiellement au marché européen.
Source : afriqueavenir.org le 07/09/2010