Coup de gueule : le sport parent pauvre de notre politique nationale

Encore une fois la Mauritanie rate une occasion de s’intégrer dans le concert des nations.

En vue des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations (football) nos chers  « dirigeants » n’ont pas trouvé mieux que de signer un forfait, exposant ainsi notre pays à de futures sanctions de la part de la Caf et de La FIFA. Au delà des sanctions financières et sportives, la plus grande perte c’est celle de voir notre drapeau national ne pas flotter dans les cieux d’un Etat africain. Aujourd’hui plus que jamais la participation à une compétition internationale revêt un symbole plus que sportif.

On a en mémoire la dernière coupe du monde de football où des chefs d’Etat, de gouvernement, des familles princières… se sont déplacées pour soutenir leurs équipes respectives. C’est bien le signe qu’ aujourd’hui les enjeux sont plus que sportifs ; ils sont géopolitiques et stratégiques.  Nos décideurs politiques seraient bien inspirés de faire de notre football et de notre sport national un vecteur de développement et de visibilité de notre pays dans le monde.

Le comité directeur de la fédération, par la voix du président de la FFRIM, dit  que suite « à une sérieuse évaluation du niveau de préparation des Mourabitounes, il a été constaté que ceux-ci n’étaient pas, malheureusement, prêts à prendre part  à la compétition internationale et donner les résultats escomptés. Aussi, nous avons décidé de nous retirer » et de poursuivre « il s’agit d’une décision prise, pensons nous, dans l’intérêt de notre équipe nationale et du football mauritanien ».

On peut se demander si l’intérêt du foot mauritanien n’impose pas aux dirigeants de démissionner, car s’il y’a des insuffisances relatives à la préparation, elle incombe en premier à la fédération et au ministère de tutelle. Ceux qui ont conduit à cette impasse ce sont ceux là, qui ont décidé de la feuille de route boiteuse et non les pauvres joueurs  de football.

Ainsi, il revient à l’encadrement technique, la fédération et au  ministère des sports de prendre leurs responsabilités et de les assumer dignement et pleinement. Nous attendons d’eux qu’ils prennent acte de leurs insuffisances, en nous faisant un bilan du travail qu’ils ont mené depuis qu’ils gèrent le football national et ainsi, en tirer les conséquences.

Car, ce forfait n’est autre que la traduction de l’incapacité de l’équipe dirigeante à mettre sur pied une feuille de route ambitieuse et volontariste. au lieu de l’amateurisme et de la légèreté dont ils font preuve.

La politique sportive doit être basée sur un travail fourni, approfondi et ambitieux avec des objectifs clairs, basés sur une politique du résultat.

Comment se fait il que dans un pays, le tournoi « challenge Abbass »organisé par un donateur privé soit plus attrayant et structuré que le championnat national ?

Il semblerait qu’à la veille du match amical contre la Palestine les joueurs  subordonnaient leur prestation au paiement d’une prime individuelle de 50 000UM.

Et quand on va dans le fond des choses, je me demande comment on choisit la Palestine comme adversaire, dans la perspective d’affronter  le Burkina Faso, car jusqu’à la preuve du contraire, ils n’ont pas la même culture de jeu, pas le même climat, ni les mêmes qualités athlétiques.

A leur décharge, il es vrai que que  les dotations de l’Etat ne suivent pas toujours, de même que les sponsors se bousculent et pour cause ! Que fait la fédération pour les attirer ?

Cette fédération de par ses choix est entrain de conforter dans leur position tous ces parents qui hésitent de plus en plus à laisser leurs enfants faire du foot une activité professionnelle.

Il suffit pourtant de sortir de chez soi pour voir que malgré le mois béni du ramadan, il existe des tournois de mini foot organisés dans tous les quartiers ( projecteurs de fortune pour suppléer le manque d’éclairage public), à la maison des jeunes, dans les salles de foot que ce soit entre 17H et 19H ou après la prière du ICHA’A . L’engouement suscité par ces manifestations improvisées montre à quel point le public est prêt à s’investir dans cette activité sportive.

A la veille de la célébration des cinquante ans de nos indépendances, mettre à la tête de cette institution une équipe dynamique, ambitieuse et professionnelle serait un signal fort à l’endroit de notre jeunesse. Créer un ministère des sports en tant que tel , et en finir avec le confinement du sport avec la jeunesse et la culture serait un bon départ. La nécessité de mettre en place les états généraux du sport s’impose. Mais cette fois nous la voulons ouverte, avec l’implication pleine et entière de la famille sportive dans son ensemble et des vrais acteurs du sport.

Diallo Saidou Nourou  pour KASSATAYA

 

 



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