Depuis début juin, des milliers de familles mauritaniennes se préparent à quitter les grandes villes comme Nouakchott et Nouadhibou pour partir pour l’Adrar, une région montagneuse couverte de milliers de palmiers-dattiers.Guetna, la saison de récolte des dattes, est l’occasion pour le tourisme intérieur et étranger de fleurir.
« J’ai débuté mes vacances il y a quelques jours, et je ne veux pas rater la saison de récolte des dattes et son ambiance touristiques magique », a expliqué Mohamed Abdellahi à Magharebia.
De nombreux parents prennent leurs congés annuels pour accompagner leur famille dans l’Adrar et vers sa capitale, Atar.
Nouha Mint Khouna, une fonctionnaire venue d’Ayoun el-Atrouss, dans l’est du pays, a décidé de passer cette année la saison de la récolte des dattes avec sa famille, non seulement pour passer ses vacances, mais aussi pour explorer une région importante du pays.
« Je suis venue dans l’Adrar il y a près d’un mois. Je ne connais personne dans cette ville. C’est purement l’aspect touristique qui m’a poussée à venir ici », explique-t-elle.
Nouha explique qu’elle dépense en général beaucoup d’argent pour voyager à l’étranger. Elle en a dépensé beaucoup moins cette année dans l’Adrar. De plus, elle a pu rencontrer des familles du sud.
La Guetna n’est pas seulement l’occasion d’un véritable essor du tourisme intérieur. C’est également une attraction pour les touristes étrangers, et de nombreux Européens et Africains visitent cette région chaque année.
John Hans, un Français dans la cinquantaine, explique être tombé amoureux de la ville d’Adrar lorsqu’il était venu pour la première fois il y a vingt ans assister à la récolte des dattes. Il s’efforce de toujours revenir dès qu’il le peut.
« J’adore la saison de la récolte des dattes et son atmosphère unique. J’aime aussi les montagnes, les palmiers, les dattes et le temps chaud. Ajoutez à cela mon profond amour pour les Mauritaniens, connus pour leur hospitalité », souligne Hans.
Les chiffres indiquent que plus de 6 000 touristes étrangers ont visité la ville d’Atar l’an dernier, la plupart venus d’Europe. Ce chiffre devrait croître cette année par suite des meilleures conditions sécuritaires, ont indiqué les observateurs.
« La présence des plus importantes écoles militaires et du quartier général à Atar renforce la stabilité et incite les touristes à venir apprécier la nature », estime Dehah Mohamed, un voyagiste.
Il explique qu’il existe deux saisons dans l’Adrar, la saison de la culture en hiver, et la saison de la récolte des dattes en été. Chacune a ses partisans parmi les touristes nationaux et étrangers. Il ajoute que les habitants locaux bénéficient des revenus importants générés par le secteur du tourisme.
Mariam Khatry, une femme âgée d’une quarantaine d’années, vit à Atar. Elle travaille dans le secteur des industries traditionnelles, tandis que ses enfants vendent des dattes. Elle est propriétaire d’un magasin sur le marché central et travaille sans relâche à fabriquer des objets artisanaux comme des ustensiles et des bijoux, et à broder des coussins et des parures de table.
« Les arts traditionnels sont très recherchés dans la province par les touristes, notamment les Européens », explique-t-elle en ouvrant sa boutique. « De plus, les Mauritaniens venus d’autres régions achètent également les articles qu’ils aiment. »
Les habitants de l’Adrar sont connus pour leur hospitalité, leur respect et leur goût des visiteurs. Aucun incident ni aucune attaque contre des étrangers n’a été signalé dans la région, qui accueille chaque année des groupes composés de touristes de diverses nationalités et cultures. Les habitants traitent habituellement ces touristes avec la courtoisie et la politesse dues aux invités.
Comme l’explique Dah Ma’at, propriétaire d’un magasin : « Les habitants de l’Adrar savent bien que les touristes doivent être reçus avec décence et respect. Ici, les gens savent parfaitement comment se traiter les uns les autres, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. »
Mohamed Dahan, 15 ans, part chaque matin avec un panier de taille moyenne de près de 8 kilos et se dirige vers le champ de palmiers-dattiers de sa famille dans le village de Zeira, à environ 7 kilomètres. Il escalade un arbre ou deux pour remplir rapidement son panier, redescend et rentre à la maison.
Les familles servent des dattes trois fois par jour, au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. Mohamed doit donc revenir à la ferme en soirée pour apporter plus de dattes. Lorsque des invités arrivent, il faut les servir rapidement.
Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud
Source : magharebia.com le 20/08/2010