Sénégal : récurrence du délestage . Une réalité indigne d’un pays dirigé par un octogénaire !

Comme dans beaucoup de pays ouest-africains, au Sénégal, les habitants cohabitent depuis plusieurs années avec les délestages du courant électrique. Au-delà de la recherche d’une solution sous-régionale à ce mal régional, l’on peut pour le moment crier haro sur la survivance de ce phénomène dans un pays jouissant d’une stabilité politico-économique comme le Sénégal.

En inaugurant en grande pompe son géant « Monument de la renaissance » à la veille de ses 50 ans d’indépendance, le Sénégal présente désormais à la face du monde une nouvelle image. Celle d’une nation qui voit dorénavant les choses en grand. Un décalque en réalité de la marque de fabrique que s’échine à coller depuis plus de dix ans le père du « Sopi » (Abdoulaye Wade) à sa terre natale. Doit-on alors qualifier les récurrentes coupures de courant au Sénégal d’acnés épars sur un visage hyper lisse ?

Hélas non, car « ça fait trop longtemps », comme le chante Tiken Jah Fakoly, que le pouvoir de Dakar s’efforce de trouver des solutions au délestage qu’on peut à présent qualifier d’hydre au « pays de la Teranga ». Au début de ce mois d’août, les responsables du secteur de l’énergie dans la patrie de Youssou Ndour ont justifié la survivance du noir une bonne partie de la journée dans les ménages par des pannes techniques. Le ministre sénégalais de l’Energie avait même donné l’échéance du 15 août pour le retour à la normale dans son secteur. Un retour qui n’est pas encore effectif puisque ce 14 août, des centaines de Sénégalais ont crié dans les rues de Dakar leur ras-le-bol de vivre dans le noir ! Religieux, hommes politiques et divers acteurs de la vie socio-politique sénégalaise ont animé cette manifestation.

Délestage : synonyme de mal gouvernance au Sénégal ?

Le patron de l’Afp (Alliance des forces du progrès, principale force de l’opposition sénégalaise), Moustapha Niasse, inclut la persistance du délestage du courant électrique dans son pays dans la série des incuries dont font étalage, à ses yeux, Abdoulaye Wade et ses proches collaborateurs depuis une décennie. Difficile de balayer du revers de la main le point de vue de M. Niasse car en matière de gestion des affaires d’un Etat, la gabegie entretenue dans un secteur a des répercussions fâcheuses sur d’autres.

Comment penser en effet à la persistance des coupures fréquentes du courant électrique au Sénégal sans penser à «  l’affaire Segura », aux vacances l’an dernier de Me Wade en Occident quand une partie de ses compatriotes avaient les pieds dans l’eau ? Comment défendre sur toute la ligne la gestion étatique de Me Wade quand le président octogénaire s’emporte devant de “simples” remarques de l’ambassadrice des Etats-Unis à Dakar autour de la mauvaise gouvernance au Sénégal ? Pourquoi un Etat qui a réussi à s’offrir à coup de milliards de fcfa un géant monument n’est pas capable de solutionner les régulières inondations dans la banlieue de Dakar ? Pourquoi le super ministre Karim Wade est systématiquement peu enclin à recevoir des critiques au sujet des affaires publiques qu’il gère ? Cette somme d’interrogations résume tout simplement les imperfections du régime Wade désormais autiste vis-à-vis de toute collaboration avec ses adversaires politiques au nom de l’intérêt supérieur du Sénégal.

La splendeur de Dakar et des grandes villes sénégalaises sont certes des points marqués pour l’image du « pays de la Teranga » à l’international. Toutefois, les défis urgents de développement de ce producteur d’arachide résident surtout dans sa capacité à s’élever à des niveaux de progrès socio-économiques de Républiques ouest-africaines comme le Ghana ou encore la Côte d’Ivoire. Avant d’envisager le saut qualitatif vers les modèles nigérian et capverdien de la même sous-région. La concrétisation de ces urgences est d’autant plus importante dans la mesure où, contrairement à des pays comme le Ghana, le Nigeria ou encore le Cap-Vert, le Sénégal n’a jamais vécu de douloureux et violents différends politiques. A Me Wade de saisir l’opportunité de ces urgences. En Afrique, l’on n’est pas octogénaire pour rien.

Bellino Christian

Source  :  afriscoop.net le 16/08/2010

 

 

 

 

 

 

 

 

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