Programme d’éveil et de sensibilisation de la GTZ sur les MGF : Ma fille a commencé à perdre du sang, Sa peau a changé de couleur…

« Quand ma fille Mariam est morte à la suite d’une excision, j’ai ressenti beaucoup de peine et de culpabilité mais je ne pouvais pas les extérioriser car en ce moment je croyais que l’excision était une pratique sacrée que toute fille Musulmane devait subir. » ce témoignage émane de Mme A.M, une femme d’une soixantaine d’années qui vit dans un village enclavé de la Willaya du Guidimagha.

 Profitant d’une formation sur les MGF organisée par la GTZ, A.M a accepté de s’exprimer sur un sujet tabou qui continue de faire des victimes dans au sud de la Mauritanie. Voulant extérioriser sa peur et son chagrin, elle s’est livrée aux formateurs de la GTZ« La dernière image que je garde de ma fille et qui me reviens souvent à l’esprit, c’est quand elle a commencé à perdre du sang à la suite de l’opération. Sa peau a changé de couleur au fil des jours et finalement elle a rendue l’âme. »
Essuyant ses larmes, elle poursuit « Malgré cette perte, je n’ai jamais pu m’opposer à cette pratique. A cause des contraintes sociales, j’ai accepté l’excision de mes autres filles mais, tout en restant convaincu qu’elles subiront le même sort que leur regrettée sœur. »
Et A.M d’ajouter «Aujourd’hui je me suis rendu compte grâce à un Imam que l’excision n’est pas une obligation religieuse et qu’ elle n’a rien à avoir avec l’Islam. Je n’aurai jamais imaginé cela. Aujourd’hui j’ai décidé pour la mémoire de ma fille de combattre cette pratique barbare sur la base des arguments des Oulemas et des médecins ».
Depuis la perte de sa fille, Aichetou fait partie des personnes qui appuient l’équipe des formateurs dans les différentes campagnes de sensibilisation contre les MGF en brandissant ses 2 armes : la déclaration des médecins et la Fatwa contre l’excision.
Les MGF sont depuis janvier 2006 prévues par l’article 12 de l’ordonnance n° 2005-015, portant protection pénale de l’enfant : « Le fait de porter atteinte ou de tenter de porter atteinte à l’organe génital d’un enfant de sexe féminin par infibulation, insensibilisation ou par tout autre moyen est puni de un à trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 120 000 à. 300 000 ouguiyas lorsqu’il en a résulté un préjudice pour celui-ci. La peine est portée à quatre ans d’emprisonnement et à une amende de 160 000 à 300 000 ouguiyas lorsque l’auteur de l’infraction relève du corps médical ou paramédical »
Le programme d’éveil et de sensibilisation de la GTZ
Un mal que la GTZ tente aujourd’hui d’éradiquer en développant un programme d’éveil et de sensibilisation sur les effets ravageurs de cette agression. Pour y arriver, des Campagnes de sensibilisation ont été effectuées par voie de meetings et de sketchs au profit des populations cibles dans deux régions ( Hodh El Gharby et Guidimakha). Mais aussi par l’organisation de Colloques avec les leaders religieux et personnalités influentes, afin de disposer d’alliées crédibles et engagés.
En 2005, les Mutilations Génitales féminines étaient une pratique très répandue dans certaines régions de la Mauritanie particulièrement au sein des communautés du Sud et de l’Est.
Dans ces milieux traditionnels, une fille non excisée était considérée comme « impure» et impropre au mariage. Marginalisées dans sa famille.
Cette pratique a des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale de milliers de filles et de femmes.
Pour atteindre ses objectifs, la GTZ a élaboré une stratégie novatrice qui prend en compte les spécificités sociologiques des communautés concernées. Car les questions liées à l’excision ont toujours été un sujet tabou dans certaines localités du pays.
Pour contourner cette contrainte, la composante promotion féminine genre, du programme Bonne gouvernance de la GTZ a intégré les activités de sensibilisation et de lutte contre cette pratique dans un programme de promotion des droits de la femme de manière générale. La démarche consiste d’abord à présenter les différents droits auxquels peuvent prétendre les femmes y compris les droits liés à la protection de leur intégrité physique. « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants ». Les formateurs ont pris cet article de la DUDH comme cheval de bataille, afin d’introduire la question de l’excision qui est, en plus d’une agression, une torture physique et morale.
La recherche a été faite en vue d’acquérir un argumentaire sanitaire et religieux solide et bien documenté auprès des professionnels de santé, et des sommités religieuses, dans le but de mieux convaincre les populations sur les méfaits de cette pratique néfaste.
La formation dispensée par la composante promotion genre du Programme de bonne Gouvernance de la GTZ s’articule selon les formateurs, sur les droits socio économique, culturelle et politique des femmes, sur les droits protégés par les législations internationales et sur les lois nationales: la DUDH, la CEDEF. Mais aussi sur la constitution mauritanienne, particulièrement sur la loi qui fixe le quota de 20% de femmes sur tous les postes électifs.
Pour Les MGF hors des contrées du pays, les formateurs déclarent qu’ils comptent sur la déclaration des médecins et la Fatwa pour pérenniser leurs actions. Vu le manque de sensibilisation dans certaines régions du pays, le programme entamé par la GTZ serait salutaire pour les filles afin qu’elles puissent profiter pleinement de leur jeunesse.

Dialtabé

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com le 01/08/2010

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