Cinquantenaire des indépendances africaines: Barack Obama snobe les dictateurs africains :

Barack Obama a changé d’avis ! Il ne recevra pas les dictateurs pour le cinquantenaire des indépendances africaines. A leur place, il choisit de rencontrer 120 jeunes actifs de la société civile et du secteur privé des pays d’Afrique, leaders d’associations, intellectuels, journalistes (la liste officielle n’est pas encore rendue publique) qui se retrouveront à Washington, sans leurs dirigeants, lors d’un forum, du 3 au 5 août prochain.

L’information est donnée par le correspondant à New-York du quotidien camerounais « Le Messager », Célestin Ngoa Balla (1) qui cite un communiqué reçu du bureau de presse de la Maison Blanche.
Selon ce communiqué, « Le président Barack Obama tiendra une réunion à la Maison Blanche avec ces jeunes élites pour une discussion sur leur vision pour changer leurs différents milieux dans les cinquante prochaines années. » Les discussions porteront concrètement sur la bonne gouvernance, la création d’emplois et gestion d’entreprises, les droits de l’Homme. Ce sera l’occasion de débattre sur la façon dont « la nouvelle génération peut  bâtir  l’avenir de sa communauté, voire de son pays à l’image de ce que fit l’ancienne génération pendant la période coloniale jusqu’aux indépendances », poursuit le communiqué de la Maison Blanche.
Célestin Ngoa Balla écrit que « cette décision aurait quelque peu déconcerté les chefs d’Etat africains qui espéraient une rencontre au sommet avec l’homme le plus puissant de la planète à la Maison Blanche (…) Beaucoup avaient parié sur les festivités du cinquantenaire des indépendances africaines à Washington pour visiter le président américain dans son domicile.»
En marge du sommet du G8 tenu au Canada les 25 et 26 juin 2010,  Barack Hussein Obama avait, en effet, annoncé aux leaders africains présents – l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Sénégalais Abdoulaye Wade, le Nigérian ­Goodluck Jonathan, le Sud-Africain Jacob Zuma, le Malawite Bingu wa Mutharika et l’Éthiopien Mélès Zenawi –, qu’il comptait convier  18 de ses homologues africains en août prochain à Washington afin de célébrer le 50e anniversaire des indépendances de leurs pays respectifs. « Nous allons organiser un événement avec de nouveaux leaders africains, pour célébrer le 50e anniversaire. J’aurai 49 ans en août », avait dit le président américain.
 « Mais moins d’un mois après, écrit Le Messager, le président des Etats-Unis d’Amérique (USA) a décidé de procéder autrement. Il a choisi, le week-end dernier de convier plutôt les leaders des sociétés civiles africaines à un forum pour faire le point sur la souveraineté des pays du continent Noir et envisager l’avenir.».
Que signifie ce brusque revirement ? Le président américain a sans doute tenu compte des réactions outragées de certaines voix africaines et a penché pour ceux, parmi ses conseillers, qui étaient partisans d’un contre-sommet de la société civile et qui rappelaient qu’on on ne peut pas inviter une vingtaine de vieux chefs d’État corrompus après le discours d’Accra qui était un discours contre la mauvaise gouvernance .
A ce propos, le journaliste du Messager a interrogé le directeur pour l’Afrique à Washington Dc du National Democratic Institute (for International Affairs (Ndi), Christopher Fomunyoh, un proche de la Maison Blanche, qui pense  qu’Obama est revenue à une « approche typiquement américaine »  consistant, selon lui, à porter le choix, plutôt que sur des dictateurs, sur « des acteurs qui bien que n’exerçant pas dans le gouvernement, apportent leur contribution à la démocratisation et à la bonne-gouvernance de leurs pays ». Pour Christopher Fomunyoh,  il s’agit de la prime « réservée à la promotion de la démocratie, et peut être une volonté d’avoir des interlocuteurs représentatifs ».
Mouhamadou Mbodj, patron du Forum civil, un des leaders de la société civile au Sénégal, pense, lui, que « ce choix du président américain conforte dans la conviction que l’un des rares lieux d’expression de la défense de l’intérêt général en Afrique reste la société civile. Aujourd’hui, il est largement prouvé que la société civile en Afrique est à la pointe de tous les combats : que ce soit la lutte contre la corruption, la mal gouvernance, la détérioration des termes de l’échange, la fraude électorale, etc. »

Célestin Ngoa Balla écrit : « Cette option de Barack Obama sonne donc comme la mise en pratique de son fameux discours d’Accra. « En ce XXIe siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès – des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et des journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu’une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c’est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens « , avait déclaré Obama lors de son premier voyage en Afrique en tant que président des Etats-Unis.
Le Messager estime qu’ « en ouvrant les portes de la Maison Blanche à des jeunes plutôt qu’aux dirigeants africains, Barack Obama intrigue plus d’un. Au point que certains parlent d’une « défiance envers les chefs d’Etat africains » et d’  « un pied de nez à Nicolas Sarkozy ». On se souvient que pour célébrer ce même cinquantenaire des indépendances de certains Etats africains, le président français Nicolas Sarkozy s’était entouré d’un certain nombre de dirigeants africains pendant les  célébrations de la fête nationale de la France le 14 juillet.  Sarkozy et ses invités avaient d’ailleurs assisté à un défilé militaire des soldats tant français qu’africains. 

Cette réunion avec les jeunes Africains se déroulerait dans le style des «  town hall meeting », à la façon d’une veillée à l’africaine où le président Obama, faisant fi de tout protocole, répondra aux questions venues de son auditoire. Christopher Fomunyoh avertit qu’un nouveau message sera adressé aux peuples africains par le président américain, à l’issue de ce forum de Washington. Cette fois-ci pour la mise en pratique du message d’Accra. Avec toutefois cette précision : « Comme le président Obama l’avait dit à Accra, le futur de l’Afrique est l’affaire des Africains ». 

Célestin Ngoa Balla à New York

Source  :  www.lemessager.net (Cameroun)  le 27/07/2010 

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