Raid sur la base d’AQMI au Mali : réactions et questions :

Au lendemain du raid des forces mauritaniennes sur une base d’AQMI en territoire malien, questions et réactions se multiplient. Questions sur la nationalité et le rôle précis des troupes engagées et sur la finalité de cette opération. Etait-elle effectivement destinée à libérer Michel Germaneau ? Les réactions quant à elles sont partagées…

Le message de fermeté envoyé au groupe AQMI a visiblement plu, notamment à l’Union africaine. Selon Ramtane Lamamra, commissaire chargé de la Paix et de la Sécurité, ce type d’opération est préférable aux rançons, synonymes de financement du terrorisme selon lui.

A Bamako, après l’opération, les Maliens étaient froissés car le raid se serait déroulé à près de 200 km à l’intérieur de leur territoire. Vendredi 23 juillet, le président Toumani Touré a d’ailleurs quitté le sommet de la Cen-Sad au Tchad, pour rentrer dans sa capitale. Une délégation mauritanienne s’est rendue dans la capitale malienne pour s’entretenir avec lui et calmer le jeu. Le ministre mauritanien de la Défense quitte Bamako ce samedi matin avec le sentiment d’avoir réussi à arrondir les angles.

Les zones d’ombre

Quant à l’opération elle-même, il reste encore beaucoup de zones d’ombre. Si la France, par la voix du ministère de la Défense, a convenu lui avoir apporté un soutien logistique et technique, de leur côté les Etats-Unis ont affirmé ne pas être impliqués dans l’opération. Ils ont cependant reconnu le partage de renseignements avec la France et la Mauritanie. Pour Washington, AQMI, comme d’autres groupes terroristes est dans la ligne de mire des services de sécurité américains.

Quelle était la finalité de l ‘opération ?

 

Nouakchott et Paris affirment qu’elle devait neutraliser un projet d’attentat contre une base militaire mauritanienne. Les explications du ministre de l’Intérieur de la Mauritanie -qui est aussi ministre de la Défense par intérim-, Mohamed Ould Boilil : 

« Suite à des renseignements selon lesquels une attaque d’AQMI était prévue le 28 courant… une unité de notre armée nationale a effectué un assaut sur une base de soutien et de regroupement d’al-Qaïda au Maghreb islamique à proximité de nos frontières… ».

Le ministre de l’Intérieur mauritanien ne fait aucune allusion à l’otage français, Michel Germaneau. La ville de Marcoussis, en banlieue parisienne, où il réside normalement, se mobilise pour sa libération. Sur le fronton de la mairie, une banderole est déroulée depuis jeudi : «Marcoussis solidaire de Michel Germaneau. Otage au Sahel». Une lettre a été distribuée à ses concitoyens pour expliquer la situation de cet ingénieur à la retraite.

Michel Germaneau, portrait

Membre très actif d’une petite association spécialisée dans la santé et l’éducation, Michel Germaneau s’était rendu en avril dernier dans un village du Nord-Niger pour soutenir des projets concernant une école et un dispensaire.

Originaire du Sud-Ouest de la France cet ancien ingénieur électronicien a beaucoup voyagé durant sa carrière, notamment au Brésil et au Gabon où il a participé à la construction du train trans-gabonais. Agé aujourd’hui de 78 ans, Michel Germaneau est détenu dans le Nord du Mali par un groupe d’AQMI qui a revendiqué son enlèvement le 6 mai dernier et demandé à la France et à ses alliés dans la région la libération de ses membres détenus en échange de sa remise en liberté.

Quelques jours plus tard AQMI a diffusé un enregistrement sonore et une photo sur laquelle Michel Germaneau apparaît fatigué, vêtu d’une tunique jaune et d’un turban sur la tête. Dans l’enregistrement audio, il explique souffrir de la chaleur et parle de ses problèmes cardiaques en précisant qu’il n’a plus de médicaments. Le 11 juillet dernier AQMI menaçait d’exécuter l’otage si Paris ne répondait pas à sa demande et fixait un ultimatum au 26 juillet.

Et donc quatre jours avant l’expiration de cet ultimatum était lancée l’attaque sur une base d’al-Qaïda au Mali…
 

Source  :  www.rfi.fr  le 24/07/2010

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