France – Mauritanie : Commémoration du 14 juillet et quoi encore ?

Le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, se trouve depuis deux jours en France où il participe aujourd’hui, avec douze de ses pairs africains, à la cérémonie de commémoration du 14 juillet.

 La raison officielle de ce déplacement qui arrive à quelques jours seulement d’une autre commémoration qui se déroulera cette fois-ci à Nouakchott (l’élection de Aziz à la présidence de la République, le 18 juillet 2009) ne doit pas faire oublier les autres raisons qui font qu’une telle visite fera l’objet d’une attention particulière, au moment où la France multiplie les bons signes en faveur du gouvernement mauritanien et où l’opposition ne cache plus son agacement face à ce qu’elle considère comme un flagrant parti-pris de la part du président Sarkozy et de la cellule africaine de l’Elysée.
Si la Mauritanie participe donc au 14 juillet avec la présence du président Mohamed Ould Abdel Aziz et un détachement de l’armée nationale pour le traditionnel défilé militaire, il est fort probable aussi que des questions « essentielles » de politique intérieure et extérieure liées à l’avenir de notre pays seront abordées avec les dirigeants français qui, comme le laissent supposer les insinuations de l’opposition basée sur les récentes déclarations du ministre Bernard Kouchner, jouent de plus en plus les intérêts de leur pays contre ceux de la Mauritanie à travers le soutien qu’ils auraient apporté aux putschistes d’août 2008.
Une telle vérité maintenant sue ne peut cependant s’expliquer uniquement par des considérations d’ordre économique. L’on pense plutôt que Paris avait à cœur de placer dans le Palais Brun de Nouakchott un homme fort (un militaire) de la trempe du général Mohamed Ould Abdel Aziz, pour être sûr que sa stratégie de lutte contre le terrorisme de plus en plus actif en Mauritanie, au Mali et au Niger, ne souffre d’aucuns handicaps. C’est d’autant plus vrai qu’un haut responsable de la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) n’a pas hésité récemment à dénoncer la présence de militaires français dans la région d’Atar. Toujours est-il que l’agenda français en Mauritanie ne peut être perturbé par des qu’en dira-t-on ni même par les réprimandes d’une opposition mauritanienne qui n’a jamais réussi à trouver le bon angle d’attaque pour mettre en difficulté le pouvoir issu du coup d’Etat du 6 août 2008 et qui a été « pacifié » par la suite lors de l’élection présidentielle de juillet 2009. Sauf peut-être quand le FNDD (Front national pour la défense de la démocratie) mué aujourd’hui en COD (Coordination de l’opposition démocratique) avec l’entrée dans le front anti-AZIZ, de manière formelle, du RFD, avait réussi à faire échec au fameux plan du 6/6 ourdi par le pouvoir pour faire passer l’élection du général putschiste comme une lettre passée à la poste.
Ce n’est donc pas sur la France dont tous les intérêts sont aujourd’hui sauvegardés par un pouvoir pro-occidental, malgré les excursions en Iran, au Venezuela et les amitiés chinoises et libyennes, que la COD doit compter pour ébranler les assises du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Celui-ci a déjà assuré un quinquennat qui s’annonce tranquille si – et seulement si – les financements promis lors de la table ronde de Bruxelles arrivent. Car, la Mauritanie pays pauvre parmi les pauvres, malgré ses richesses (non) potentielles de fer, de poisson, d’or, de cuivre et de pétrole, ne déroge pas à la règle. L’argent est le nerf de la guerre et, pour le moment, c’est sans doute ce qui constitue encore le tendon d’Achille du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz.

 

Source  :  www.le-renovateur.com  le 14/07/2010

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