Ultimatum d’Al-Qaida à la France:Nouakchott tremble

L’organisation terroriste Al-Qa’ida au Maghreb Islamique (AQMI) a donné un ultimatum de 15 jours aux autorités françaises pour satisfaire ses revendications concernant le cas de l’otage Michel Germaneau, enlevé au Niger fin avril 2010. Faute de quoi, la nébuleuse menace de procéder à l’exécution pure et simple de cet homme. Ce dossier dépasse la France pour toucher notre pays.

 AQMI revendique la libération de certains de ces membres détenus en Mauritanie. Or celle-ci avait fortement critiqué le Mali pour avoir accepté de libérer des militants d’Al-Qa’ida contre celle d’un otage français. Le gouvernement mauritanien peut-il résister à une forte pression de la part de son allié français ?
Affichant une grande détermination, du groupuscule qui en est à l’origine, la déclaration des Salafistes rappelle le triste exemple d’un autre otage anglais, froidement mis à mort dans les sables du désert à cause de l’attitude du premier ministre britannique de l’époque, Gordon Brown, rejetant toute idée de marchandage avec un mouvement terroriste.
Michel Germaneau se trouve entre les mains d’un groupuscule dont l’émir, manquant sévèrement d’expérience et de patience, est réputé pour sa cruauté.
Un point par rapport auquel le libellé de la déclaration du jeudi 8 juillet ne laisse aucun doute « si les demandes ne sont pas satisfaites dans un délai de 15 jours, la France aura alors condamné à mort son ressortissant, faisant de la sorte un choix insensé ».
Du coup, le président Nicolas Sarkozy qui est très « occupé » actuellement à l’intérieur des frontières de l’hexagone à cause de l’affaire Betancourt, se retrouve d’avantage sous pression.
Réagissant à la menace de la nébuleuse terroriste islamiste, un porte-parole du ministère des affaires étrangères a affirmé que la France « était mobilisée à Paris et sur le terrain pour sauver la vie de son ressortissant ».
Reste alors à savoir exactement les exigences du mouvement terroriste pour épargner la vie de l’otage français capturé au Niger. En plus de la remise d’une rançon, acte courant mais qui n’est jamais assumé par les gouvernements dans les affaires de ce genre, le groupuscule terroriste exigerait la libération de certains détenus islamistes incarcérés en Mauritanie. Des éléments considérés comme étant des ténors au sein de la mouvance islamiste violente sous régionale.

L’arroseur arrosé
Par rapport à ces exigences, il faut rappeler une déclaration, début juin 2010, du ministre mauritanien de la défense, Hamadi Ould Hamadi, affirmant que le gouvernement mauritanien n’acceptera jamais un marchandage du genre échange entre détenus islamistes et otages occidentaux.
Un rejet sans concession qui ferme hermétiquement – du moins sur le plan théorique- toutes les possibilités de négociation sur la base d’une telle piste.
Plus loin dans le temps, on peut également se rappeler de la condamnation ferme et du concert de protestations qui a accueilli une décision de la justice malienne prononçant de légères peines de prison à l’encontre d’individus accusés d’activités terroristes, parmi lesquels se trouvait un homme dont l’extradition était réclamée par Nouakchott.
Toutefois, confronté à la « realpolitik » et à la détermination de Paris de sauver la tête de l’otage, le gouvernement mauritanien se retrouverait aujourd’hui dans une posture fort inconfortable.
Mohamed Ould Abdel Aziz est un allié de la France. Une puissance étrangère à laquelle l’ancien général désormais revêtu de la « légitimité » constitutionnelle doit presque tout.
Le président de la République est parti ce lundi 12 juillet pour Paris où il doit assister aux festivités marquant la fête du 14 juillet aux côtés de nombreux autres chefs d’états africains.
Une visite à l’occasion de laquelle Paris ne ménagerait certainement aucun effort pour plus de souplesse dans la position de Nouakchott vis-à-vis de la question des négociations pour libérer Michel Germaneau.
Un véritable dilemme dont l’épilogue risque de mettre Nouakchott dans la très inconfortable posture de l’arroseur arrosé en souvenir de toutes les piques contre Bamako dans le dénouement du cas de l’ingénieur Pierre Camatte.
Certains observateurs perçoivent à travers les dernières déclarations du premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf sur les bonnes dispositions du président Mohamed Ould Abdel Aziz au sujet d’un dialogue national inclusif, prévu par l’accord de Dakar, les premiers signes d’un assouplissement général pouvant conduire les autorités de Nouakchott à mettre plus d’eau dans leur zrig au sujet de plusieurs dossiers.
Réflexe de survie, ou sagesse nouvelle ?

Cheikh Sidya

Source  :  www.rmibiladi.com  le 13/07/2010

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