Prévue pour entrer en application, à compter du 1er juillet dernier, la normalisation du transport urbain de Nouakchott a du plomb dans l’aile. Cette décision de la Communauté urbaine qui date de 2008 était censée mettre de l’ordre dans le secteur des taxis.
Et, dans cette perspective, plusieurs décisions avaient été prises conjointement par la Communauté urbaine de Nouakchott et le ministère de l’équipement et des transports et des fédérations de transports. Il s’agit des arrêtés N° 0029/2008 en date du 3 août 08, portant enregistrement, identification et délivrance de licence sur présentation obligatoire de la carte grise et d’une copie de la carte d’identité dont le nom du propriétaire est conforme à la carte grise, une visite technique délivrée par le ministère de l’équipement et des transports (MET) ; un arrêté N°) 030/2008, portant interdiction pour le chauffeur de ne pas être visage découvert. Ces deux arrêtés ont été tous portés à la connaissance des autorités habilitées à les parapher (PM/SG, MSG/PR, MDAT, MT, MINT, la DGL, l’IGE, le Wali de NKTT, les maires); un communiqué de la CUN a été publié par les médias publics. Mieux, à la veille de la date fatidique, la CUN a saisi par correspondance N° 000397 en date du 29 juin, le ministre de l’Equipement et des transports. En outre, la CUN avait conçu, avec les fédérations et le MET des enseignes et des plaques de numérotation des taxis du centre ville et de l’aéroport. 2000 licences trainent dans le bureau du Directeur technique de la CUN. La question qui se pose après toutes ses dispositions statutaires est de savoir pourquoi l’Etat n’ pas permis l’exécution de cette décision. En effet, l’article 6 de l’arrêté 00029/08 dispose : « le directeur régional de la sureté de Nouakchott, le commissaire de la voie publique et le directeur technique de la CUN, sont respectivement chargés, chacun en ce qui le concerne de l’application des dispositions du présent arrêté. » Selon Abdou M’Bodj, DT de la CUN, « la CUN n’a pas de moyens pour faire exécuter cette décision, il appartient donc à l’Etat de le faire mais jusqu’au moment où je vous parle nous n’avons noté aucune prédisposition à cela » et le DT, qui est devenu la cible de toutes les critiques de certains démembrements de l’Etat, de déplorer une absence de volonté de la part de certains services de l’Etat. Et Abdou de rappeler : « la CUN n’est pas un corps étranger comme certains voudraient le faire croire, c’est un démembrement de l’Etat donc ces décisions relèvent de l’Etat. » « Le jeudi passé, j’ai pris contact avec le directeur régional de Nouakchott pour la mise en branle de la décision, il m’a demandé de référer au commissaire de la voie publique. Les choses en restent là» et le DT de préciser : « je ne demande pas une brigade de la police, je réclame tout simplement 5 agents pour mettre en application cette décision.» Avouons que c’est pourtant simple et que tout manque à Nouakchott sauf les policiers.
Au vu de ce qui précède, il est légitime de se demander pourquoi l’Etat par certains de ses démembrements ne permettent-ils pas à la CUN d’exécuter cette importante décision qui doit en principe normaliser et assainir le secteur des taxis parce qu’il y règne un véritable laxisme. Chez nous chaque propriétaire de véhicule peut se transformer en taximan, ce qui n’existe dans aucun autre pays du monde. Ce laxisme porte préjudice à ceux font qui de la profession leur gagne pain.
Il semble, selon certains qu’au-delà de l’aspect politique de la question- on ne veut rien céder à Hamza, même s’il doit faire pleuvoir des milliards à Nouakchott – la décision de la CUN touche à certains intérêts égoïstes. Nombre de grandes pontes de l’Etat disposent de véritables parcs. Même les petits fonctionnaires et agents des forces armées ou de sécurité sont entrés dans la danse pour arrondir les angles du mois de plus en plus obtus.
A la CUN, certains fonctionnaires sont désormais convaincus qu’en refusant de mettre les moyens pour l’exécution de la décision, l’Etat cherche à ridiculiser la CUN, à la décrédibiliser aux yeux de l’opinion. « Tout est fait pour bloquer la bonne marche des activités de la Communauté urbaine », lâche offusqué un fonctionnaire de la CUN.
Certains taximen ayant senti le coup avaient tout bonnement refusé de peindre leur taxi à la couleur indiquée arguant que la décision ne sera pas appliquée. En revanche, ceux qui y avaient cru et repeint leur véhicules sont venus se plaindre auprès du DT de la CUN où tout était donc prêt pour l’application des arrêtés précités.
DL
Source : Le Calame via www.lecalame.mr le 07/07/2010