Ville de Nouakchott :Problèmes d’eau et d’électricité

Nouakchott, capitale du pays, pour laquelle est déversée la plus grosse part des investissements publics pour les infrastructures, n’en finit pas avec ses problèmes d’eau et d’électricité. Tous les régimes, qui se sont succédé, ont été incapables de résoudre le problème  le plus préoccupant de la ville : l’approvisionnement suffisant en eau et en électricité. Cela touche particulièrement les quartiers périphériques. Les quartiers cossus n’éprouvent que très peu ces difficultés, car privilégiés par la valeur des bourses de leurs habitants.

Si l’électricité peut être considérée parfois comme un luxe ; l’eau est, quant à elle, vitale pour toute vie. Pauvres et riches ont tous besoin de ce liquide pour vivre. Lorsqu’elle manque, de nombreuses populations sont menacées de soif qui peut conduire à la mort. L’électricité, indispensable, pour les progrès qu’elle génère dans les domaines industrielle, économique et social, est, aussi, en ces temps de coupe du Monde, très prisée pour la suivie des matchs de football. On assiste, à présent, à la prolifération de groupes électrogènes pour parer à toutes éventualités.

Les populations renâclent devant l’apparition des délestages, ces temps-ci. Car, avec l’inauguration, en grande pompe, de l’extension de la centrale électrique d’Arafat, de nombreux habitants de la capitale croyaient que la capitale qu’ils seraient à l’abri des délestages. En pensant que la réunion de l’énergie hydraulique venant du barrage de Manantali, avec l’ancienne centrale et la nouvelle extension résoudrait le problème de l’approvisionnement en électricité. Hélas ! Les actes posés se sont révélés  des replâtrages très éloignés de solutions durables. Les Moughataa pauvres, particulièrement les quartiers périphériques, sont ceux qui souffrent le plus de la raréfaction de l’électricité. Le phénomène des branchements sauvages, sans préoccupation des normes de sécurité, est récurrent. Les câbles, de qualité très douteux, sont posés à même le sol, menaçant ainsi la vie des populations. En temps d’hivernage, les minces et dangereux fils sont envahis par l’eau, prêts à exploser à tout moment. Au vu et au su des services techniques de la SOMELEC qui ne font rien pour régler la situation. Se contentant, généralement, de tirer des profits par le biais de  sous-traitants sans scrupules. Lorsque les populations sollicitent l’érection de poteaux pour leur permettre de se brancher légalement, il leur est répondu invariablement qu’elles doivent payer des montants très élevés variant entre 200.000 et 400.000 UM. Et cette exigence s’adresse à des personnes qui luttent pour leur survie quotidienne ! Alors que des dizaines de milliers de poteaux sont entrain de moisir dans les entrepôts. Quel mépris !

Le GRET, par son programme d’abonnement prépayé, avait permis à certaines familles indigentes des quartiers pauvres de disposer de l’électricité. Ceci, il faut avoir la chance d’habiter dans un endroit où est posé un poteau de la SOMELEC. Pour autant, les problèmes ne seront pas finis. Les agents de la SOMELEC en rajoutent : relevés surévalués, voire fictifs (estimation faite sur le dos du consommateur), coupure intempestive, au moindre petit retard d’acquittement de facture, sans égard pour la situation sociale de l’abonné. Tout ça, c’est le décor planté par ce service public, en ce temps de la « Mauritanie Nouvelle » et de l’avènement d’un « Président des pauvres ». On incriminera toujours la forte chaleur, mais elle n’explique pas tout. Il y a, en fait,  une incapacité rédhibitoire de la SOMELEC à s’acquitter de ses obligations.

L’eau, source de vie, est un luxe pour beaucoup de mauritaniens. Nouakchott, avec son extension effrénée, n’arrive plus à se suffire de la nappe d’Idini, située à 60 km. Depuis quelques années, elle se raréfie. Les multiples travaux de réhabilitation n’ont rien changé. La population de Nouakchott lorgne, désormais, vers le projet de l’Aftout es Sahéli qui approvisionnera, dans une année, la capitale en eau, à partir du fleuve Sénégal. Ce projet, très avancé, suscite beaucoup d’espoir. Les populations croient qu’il mettra fin à leur calvaire. Mais, en l’absence de travaux de pré-canalisation urbaine, on se demande si le rêve se transformera en réalité. Jusqu’à présent, la SNDE n’a pas entrepris le moindre chantier permettant aux populations de connaître la configuration future des canaux d’approvisionnement de la ville. Gageons qu’elle attendra que l’échéance soit devant sa porte pour improviser des chantiers qui seront mal exécutés.

Ou vous achetez le baril, ou vous crevez de soif !

Le pire, maintenant, est que la conduite d’Idini ne profite qu’à la minorité de nantis qui vit dans les quartiers huppés de la ville de Nouakchott. Alors que la majorité de la population subit les effets pervers du problème lancinant de la rareté de l’eau. Raison : il faut avoir des moyens financiers assez colossaux pour installer un surpresseur et payer, en plus de la facture de l’eau,  la facture de la consommation de l’électricité. Les bassins construits dans les quartiers pauvres souffrent de plusieurs maux : étroitesse, vétusté, insalubrité. L’eau, qu’on en retire, est de très mauvaise qualité, faute de l’entretien des bassins, en conformité avec les normes d’hygiène requises. Les barils en fer, rouillés et remplis d’immondices, à force de servir sans être entretenus par les vendeurs, ajoutent à la sinistrose. Les fûts en plastiques  sont remplis de liquides visqueux et des croûtes verdâtres pendent sur leurs parois intérieures. Les populations n’ont aucun choix. Elles sont obligées de consommer l’eau qui en sort, quitte à contracter des maladies. Et au prix fort. Le baril se négocie entre 200 et 400 UM, en période de basse température, et entre 1000 et 1200 UM, en temps de haute température. Tandis que le prix de deux barils montés sur une charrette se négocie entre 80 et 100 chez les gérants de bassins publics. Lors de la période de forte chaleur, il arrive qu’on ne trouve même pas le liquide précieux. Dans le quartier populaire dit N’teg, il est impossible de trouver un vendeur d’eau qui accepte un bidon de 20 litres. Ou vous achetez le baril, ou vous crevez de soif ! Telle est la devise des vendeurs de l’eau.  D’où des masses innombrables devant les bassins d’eau, toute une journée, dans des coins très reculés, et d’autres, parcourant, jusqu’à s’épuiser, les artères de la ville, à la recherche de l’eau. Le système d’approvisionnement, mis en place par la Société Nationale de l’Eau (SNDE), est inefficace, car entaché de pratiques douteuses. Les conducteurs des citernes jouent sur leurs relations. Au détriment de ce quoi ils sont chargés par leur hiérarchie.

De telles situations dans une ville-phare, capitale d’un pays, sont difficilement digérables. Il est temps d’arrêter de promettre, en passant aux actes. Les populations pauvres n’en peuvent plus. Les promesses démagogiques et populistes doivent céder le pas à l’engagement, à la sincérité dans les intentions, et au volontarisme pour sortir les populations pauvres de ces situations qui, si elles ne peuvent pas être encore comparées à Calcutta, en Inde, n’en demeurent pas moins très proches.

TMA

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