L’Afrique de l’Ouest, plaque tournante du trafic international: 20 tonnes de cocaïne saisies en 2009 dans la sous-région

Les narco trafiquants d’Amérique du Sud ont fait de l’Afrique de l’Ouest leur zone de transit pour l’acheminement de la drogue en Europe. L’année dernière, 20 tonnes de cocaïne d’un montant de deux milliards ont été saisies.

 Les Nations unies s’inquiètent de l’utilisation de l’Afrique de l’Ouest comme plaque tournante du trafic de drogue en provenance de l’Amérique latine.Rien qu’en 2009, la cocaïne, qui transite par l’Afrique de l’Ouest, a été estimée à 20 tonnes pour une valeur de presque deux milliards de dollars sur le marché en gros dans les villes européennes, a révélé, ce samedi, le représentant régional adjoint de l’Organisation des Nations unies contre le trafic de drogue (Unodc) Ciryaque Sobtafo. Ce dernier, qui s’exprimait aux Parcelles assainies, à l’occasion du lancement de la Semaine nationale de lutte contre la drogue au Sénégal, a ajouté que la région, qui n’avait jamais été confrontée à des problèmes de drogue par le passé, est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne. Et, les récentes saisies montrent que la majeure partie de la cocaïne est destinée à l’Europe, qui conserve des liens culturels et des liaisons aériennes. ‘Les navires et les avions chargés de cocaïne arrivent d’Amérique latine à destination des ports et des aéroports mal contrôlés de l’Afrique de l’Ouest’, dit-il, ajoutant que les cartels de la drogue d’Amérique latine sont des prédateurs pour l’Afrique de l’Ouest, car les Etats sont vulnérables.

‘Permettez-moi de rappeler qu’il y a deux semaines, les services de police gambiens ont procédé à la saisie de deux tonnes de cocaïne et à l’interpellation de nombreuses personnes impliquées dans cette affaire, dont des étrangers. Une telle saisie, opérée aux portes du Sénégal, est la preuve irréfutable que les narco trafiquants ont fini de jeter leur dévolu sur l’Afrique de l’Ouest pour se livrer à leur sable besogne’, a pour sa part déclaré le ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop. L’utilisation de l’Afrique de l’Ouest comme plaque tournante s’explique, d’après le représentant adjoint de l’Onodc, par le fait que les policiers chargés de la répression du trafic de la drogue sont presque impuissants face à des trafiquants biens équipés et mais surtout bénéficiant d’un réseau efficace, d’une part. Et d’autre part, les juges et les procureurs n’ont pas les éléments de preuve ou la volonté suffisante pour traduire en justice de puissants criminels qui ont de puissants amis dans les sphères des Etats, a indiqué Ciryaque Sobtafo.

Le représentant régional adjoint de l’Unodc craint que l’introduction massive de l’argent dans les économies africaines disloque les économies des Etats et désintègre leur organisation sociale. ‘L’argent de la drogue est en train de pervertir les économies fragiles de la région. Dans certains cas, la valeur issue du trafic de drogue est plus importante que le revenu national du pays. Aussi, la croissance incontrôlée du trafic risque-t-elle de transformer la région en un épicentre d’instabilité et d’anarchie’, souligne-t-il, invitant les Etats à renforcer leurs défenses en adoptant une réponse régionale pour permettre aux Etats les plus vulnérables de résister à l’assaut de la drogue et du crime.

Par ailleurs, Ciryaque Sobtafo s’inquiète de l’augmentation de la consommation de drogue qui touche désormais toutes les classes sociales, à cause de la crise économique. ‘La consommation de drogue est à la hausse dans tous les pays de la zone. L’usage du chanvre indien, des solvants, etc., montre qu’il existe bien une demande de drogue qui est le produit de la situation sociale et économique difficile que traversent les pays’, note-t-il. Notre interlocuteur explique que l’avancée de la consommation de la cocaïne et de l’héroïne qui, jusque-là était réservée à des milieux favorisés, expatriés, fils de la grande bourgeoisie africaine, est en train de toucher les milieux populaires.

BACAYE DIOP LANÇANT LA SEMAINE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA DROGUE : ‘La lutte contre la drogue est l’affaire de tous’

Le ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop, veut faire de la lutte contre le trafic et la consommation de drogue l’affaire de tous les Sénégalais sans exception. Compte tenu de l’impact négatif de la consommation de drogue sur les populations, en particulier les jeunes, le ministre a exprimé ce souhait, ce samedi, lors du lancement de la 23e édition de la semaine nationale de mobilisation contre la drogue qui a pour slogan : ‘La drogue tue, agissons ensemble’. Bécaye Diop veut l’implication de tous pour une action plus efficace. ‘Je voudrais lancer un appel à la population pour l’exhorter à se départir de l’idée, selon laquelle la lutte contre le fléau et d’une manière générale contre la délinquance et la criminalité, est l’affaire des forces de défense et de sécurité. Cette conception du combat contre la drogue est erronée et doit être repensée sous l’angle d’une collaboration soutenue entre, d’une part, les forces de défense et de sécurité et d’autre part les populations que les premières nommées ont la charge de protéger’, déclare le ministre de l’Intérieur, soulignant qu’il est nécessaire de mutualiser les forces et les synergies tant au plan national qu’international pour rendre efficiente cette lutte.

Pour Bécaye Diop, qui est également du comité interministériel de lutte contre la drogue, fini le temps de dire que la drogue est l’affaire des trafiquants, des consommateurs et des services de répression. ‘Puisqu’elle désorganise la société, tue nos enfants, favorise la déperdition scolaire, grève les faibles budgets de nos Etats et des familles. La drogue, au sens de substance nuisible à l’être humain, doit être boutée hors du Sénégal’, ajoute-t-il. Le ministre indique que pour ce faire, il peut compter sur l’appui multiforme de tout un chacun, qu’il soit acteur de la lutte contre ce phénomène, membre de la société civile, décideur, leader d’opinion ou homme politique.

A DEFAUT DE BRILLER DANS LES ARENES : Les lutteurs de Fass s’investissent dans la lutte contre la drogue

A défaut de briller dans les arènes de lutte, les lutteurs de l’écurie Fass entendent briller dans la lutte contre la drogue. Ils ont été les vedettes du lancement de la Semaine nationale de lutte contre la drogue, organisée dans la commune d’arrondissement des Parcelles assainies, où l’essentiel des lutteurs de l’écurie réside.

Boy Nar, Papa Sow, Moustapha Guèye ‘Junior’ et Moustapha Guèye numéro 2 ont participé activement, à leur manière, au lancement de cette semaine, en gratifiant au public des Baakk, de la danse… D’ailleurs, prenant la parole, Boy Nar a invité les jeunes à fuir la drogue comme ils fuient le feu. ‘De la même manière que vous fuyez quand vous êtes en face d’un incendie, faites en de même devant la drogue’, a-t-il conseillé.

Le lapsus de Moussa Sy

Le maire des Parcelles assainies, Moussa Sy, a commis un lapsus gravissime, samedi. Voulant féliciter le commissaire de police de sa localité pour la lutte qu’il mène avec son équipe contre le trafic de stupéfiants, il a déclaré : ’Je remercie le commissaire Abdou Aziz Sarr et son équipe pour leur trafic inlassable de drogue.’ Mais l’édile des Parcelles assainies rectifiera aussitôt en lançant : ‘Je remercie le commissaire Abdou Aziz Sarr et son équipe pour leur traque inlassable contre la drogue’.

Charles Gaïky DIENE

 

Source: Walfadji

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