Visite présidentielle à Rosso : Quel sens donner au déplacement des journalistes ?

Il n’a pas été facile à certains journalistes, notamment du Quotidien de Nouakchott, RFI et Reuters invités pour couvrir le lancement de la campagne agricole, officiellement objet du déplacement du président de la République à Rosso, de faire leur travail convenablement.

Ce n’est certainement pas Laura Martel de RFI et Laurent Prieur de l’agence de presse Reuters qui démentiront pour avoir essuyé les coups de gueule d’un jeune gradé de la garde présidentielle, qui a refusé aux journalistes l’accès du site où se déroulait le lancement de la campagne agricole. Motif, quand le président s’installe, plus personne n’entre. Malgré nos badges facilement reconnaissables, rien n’y fera. Mieux, nous sommes pressés de quitter les lieux, sinon cela se ferait autrement. Excédés par l’arrogance de ce jeune militaire, une dispute s’engage entre le militaire et l’équipe de journalistes. Le coordinateur officiel désigné par le ministère de la communication pour accompagner les journalistes et faciliter leur travail, n’aura rien pu faire malgré son insistance. Sollicité par le coordonnateur, le protocole intervient auprès du responsable de la garde présidentielle pour qu’il laisse passer quatre journalistes. On nous pria d’avancer mais dès que la correspondante de RFI et celui de Reuters passent le cordon de « sécurité », ils bloquent l’entrée et nous prient de quitter les lieux. Ainsi nous n’avons pas assisté au lancement officiel de la campagne agricole. Nous sommes restés cloîtrés dans notre véhicule jusqu’à la fin de la manifestation. Donc pour ce volet du programme de la visite du président de la république à Rosso, le Quotidien de Nouakchott, ne peut rien en dire.
Arrivé au virage de la route improvisée pour faciliter le passage des véhicules, la gendarmerie nous arrête. Le coordonnateur de notre convoi lui explique, mais il ne veut rien comprendre. Pas question de laisser qui que ce soit entrer s’il ne figure pas dans la liste qui lui a été transmis. En attendant les vérifications, il nous intime l’ordre de nous éloigner. Ainsi nous avançons de quelques mètres pour dégager la route et nous garer devant la centrale électrique de l’OMVS sous un soleil ardent et une chaleur étouffante. Après trente ou quarante minutes d’une longue attente, le correspondant de Reuters nous informent qu’aucun nom de l’équipe des journalistes que nous sommes, ne figure dans la liste du gendarme. Pendant que le coordonnateur du convoi sollicite à nouveau le protocole, une discussion s’engage entre confrères sur l’utilité de poursuivre ou non la mission compte tenu des obstacles qui jalonnent nos déplacements. La conclusion retient de patienter encore pour voir l’issue de l’intervention du coordonnateur du ministère de la communication. Plus de cinquante minutes encore d’attente vont finir par ordonner au gendarme de nous laisser passer. Nous voilà cédés le passage au site que devait visiter le président de la République. Environ 30minutes après, voilà le président qui arrive avec sa délégation. Ici, ce sont les gardes du corps qui embêtent photographes et caméraman de pouvoir bien se placer pour des prises d’images. La visite n’a duré que le temps pour les responsables du projet, de lui donner quelques explications.

Nombreux ont été les obstacles
De ce site, le président de la République a mis le cap sur l’institut d’enseignement technique de Rosso. Ici également, l’entrée na pas été facile. N’eût été l’insistance du correspondant de Reuters et de Laura Martel pour laisser l’équipe de journalistes entrer, la garde présidentielle postée à l’entrée s’était faite catégorique, refusant l’entrée même à d’autres fonctionnaires de la délégation officielle. Encore dix minutes de marche entre l’entrée de l’institut et le bâtiment devant abriter la réunion du président de la République et les paysans, nous sommes de nouveau stoppés par des individus zélés. C’est seulement ici que nous constaterons qu’il y a une liste des journalistes autorisés à entrer dans la salle de réunion. Tous les noms sont appelés sauf celui du Quotidien de Nouakchott. Le coordonnateur debout, lui signifie qu’il reste le journaliste du Quotidien de Nouakchott. Il regarde rapidement et dit que le nom ne figure pas sur la liste. Le coordonnateur insiste, il lui répond que le nom n’y est pas. Il lui demande de lui remettre la liste pour vérifier. Enfin de compte le nom est retrouvé. Une fois dans la salle, une autre difficulté attendait les journalistes. Ils sont avertis que la prise d’images est autorisée mais le son non. L’ordre aurait été donné par Moudir Ould Bouna conseiller à la communication. Tout le monde sourit. Mais cette dernière difficulté était suffisante pour que bon nombre de journalistes quittent les lieux.
Pour les journalistes invités officiellement, ils n’ont pas pu faire leur travail. Le déplacement était inutile si c’est ainsi qu’ils sont traités. Cala est très surprenant puisque les déplacements du président de la république n’ont jamais été aussi pénible pour les journalistes. Certes de temps à autre, il est arrivé quelques problèmes entre journalistes et gardes présidentielles mais dans proportions limitées. Autant ils ont la mission d’assurer une sécurité autant les journalistes veulent aussi s’acquitter de leur mission dans le respect, l’ordre et la discipline. Il appartient aux responsables des parutions d’évoquer ces difficultés récurrentes et de leur trouver une solution. A défaut, mieux vaut s’abstenir de répondre à ce type d’invitation qui ne semble correspondre à rien.

Moussa Diop envoyé spécial à Ross, Le Quotidien de Nouakchott



Articles similaires

Bouton retour en haut de la page