Suite au débat organisé par le REMEDE à l’hôtel Tfeila, le mercredi 12 mai 2010, regroupant tous les partis politiques représentés au plus haut niveau, des personnalités de la société civile et des Universitaires sur le thème « l’unité nationale à l’épreuve de la problématique des langues »,
les membres du REMEDE ont fait la synthèse des travaux et tiré les conclusions suivantes :
• la problématique des langues est épineuse et constitue un pan important dans la construction et la consolidation de l’unité nationale.
• Un consensus se dégage pour « l’enseignement et l’officialisation de toutes les langues nationales. »
• L’arabe et le français ne doivent pas être mis en concurrence.
• La diversité culturelle est un atout.
En outre, le REMEDE recommande :
1) L’officialisation de toutes les langues nationales : Pour un pays composé de différentes communautés avec différentes langues, il est discriminatoire de proposer la langue d’une seule communauté comme étant la langue officielle. Il faut officialiser toutes les langues du pays même s’il est évident que l’arabe devra forcément s’imposer comme langue de la majorité. Le degré de démocratie d’un pays est mesuré par rapport à la place réservée à ses minorités.
2) L’enseignement des langues nationales à tous les mauritaniens dans le fondamental : Non seulement cet enseignement permettra aux différentes composantes de communiquer entre elles mais il a été prouvé qu’il est plus facile pour les enfants d’assimiler des cours quand ceux-ci sont dispensés dans leurs langues maternelles. A ce titre, la réouverture de l’Institut des Langues Nationales est indispensable pour reprendre des travaux qui avaient été initiés dans ce sens. Cet Institut doit être doté des moyens nécessaires pour conduire ces grandes réformes.
Il est, cependant, clair que cet enseignement devra s’arrêter au fondamental et qu’au secondaire, l’arabe et le français doivent être les seules langues d’enseignement, avec l’anglais comme troisième langue.
3) L’obligation du bilinguisme (arabe et français) : Pour un pays qui toujours été considéré comme pays charnière entre le monde arabe et l’Afrique noire, la Mauritanie doit assimiler et même revendiquer son bilinguisme. La pratique courante de ces deux langue fera des mauritaniens des partenaires incontournables dans la région. Si les différents dirigeants avaient été des visionnaires, aujourd’hui tous les mauritaniens devaient manier ces deux langues avec la même aisance et le challenge de ce troisième millénaire aurait été de faire de cette nouvelle génération des trilingues (anglais) afin d’entrer de plein pied dans la mondialisation.
4) La mise en place d’une politique de promotion culturelle : Les mauritaniens doivent réapprendre l’histoire de leur pays pour comprendre réellement comment les différentes communautés ont vécu ensemble des siècles durant. Ils doivent s’inspirer de ce brassage culturel pour véhiculer, au-delà des frontières, des messages de paix et de tolérance.
5) L’équité au niveau de la Communication : Les médias officiels (télévision, radio et journaux) doivent consacrer beaucoup plus de place aux langues nationales. Cette communication doit ressortir le côté arabe et africain de la Mauritanie. A cet effet, les femmes et les jeunes peuvent jouer un rôle important dans la transmission des messages.
6) L’organisation de plusieurs rencontres regroupant partis politique, société civile et groupe de réflexion : Finalement le plus grand problème des mauritaniens, c’est qu’ils n’ont pas l’habitude de communiquer ensemble. Il est important de multiplier ce genre de rencontre sur d’autres thèmes pour que chacun puisse donner son avis et faire des propositions.
7) La création d’une Commission chargée d’approfondir et de mettre en œuvre ces recommandations. Cette Commission doit être composée des Représentants des partis politiques, des Parlementaires, des Universitaires et Chercheurs et de personnes ressources ayant des compétences dans ces différents domaines.
LE BUREAU EXECUTIF
Source : REMEDE via www.cridem.org le 05/06/2010