Le projet Beit el Mal, une excroissance du programme Twize, vit depuis une semaine une situation des plus inconfortable et inquiétante. C’est en effet, tout le système d’information qui est bloqué paralysant du coup l’ensemble des activités de cette importante institution de micro finance.
Notons que Beit el Mal a été mis en place en 1998 avec le programme Twize. Ce programme financé et géré par l’Etat mauritanien a été confié au GRET. Ce dernier a mis en place plusieurs composantes dont Beit el Mal principalement pour l’octroi de crédit (habitat et AGR) dans les quartiers périphériques de Nouakchott et Nouadhibou.
Depuis la fin du programme Tiwze en 2008, Beil el Mal est en voie d’institutionnalisation. Aujourd’hui, Beit el Mal c’est une institution qui marche avec cinq agences dont quatre à Nouakchott et une à Nouadhibou. Objectif affiché pour l’année 2010: atteindre un milliard d’ouguiya d’octroi. Et pour plus de crédibilité envers les partenaires qui se bousculent, l’institution a décidé, il y a peu, de mettre en place un système d’information fiable.
C’est le fameux Lown Performer (LPF) qui est aujourd’hui bloqué et qui met en péril l’institution. Ce système venu de l’Ouganda a été introduit en 2008 avec l’agence pilote de Basra où des experts sénégalais l’ont installé au prix fort (10 millions d’ouguiyas, 150.000 UM par jour et par expert semble-t-il). Après la rupture de contrat avec les sénégalais, un cadre mauritanien formé pour la circonstance, est arrivé à finir le boulot en installant le système dans l’ensemble des agences.
Ce dernier avait travaillé gratuitement sans aucune contrepartie .Pourtant 25 millions d’ouguiyas étaient prévus pour cette prestation de service. C’est donc après la démission du responsable du service d’information (SIG) qui se plaint de ses conditions de travail et de son traitement que la machine s’est subitement arrêtée.
Des informations émanant de certains employés de l’institution font état d’une gestion opaque et personnalisée qui expliquerait les déboires que traverse Beit el Mal actuellement. Le trio DG, DAF, DO (Directeurs des opérations) est pointé du doigt. Se retrouvant avec des salaires dépassant les 300.000 UM sans compter les autres avantages, ils tiennent en laisse les autres employés qui sont contraints par ailleurs d’atteindre des objectifs ambitieux avec des moyens limités et des conditions de travail très difficiles.
Le gros de ces troupes se retrouve avec des salaires dépassant difficilement les 50.000 UM. Pourtant avec un taux d’intérêt exorbitant (24%), Bayt El Maal fait de bonnes affaires et c’est à se demander est-ce qu’il s’agit bien d’une institution au service des pauvres comme elle se proclame.
Cette paralysie ne serait donc que la face visible de l’iceberg. Derrière, c’est la boite à pandore. Quoiqu’il en soit, avec ce grave problème, les partenaires de Beit el Mal (AFD, Société Générale, GRET Paris, Investissements et Partenaires) risquent de se fâcher. C’est pourquoi, le ministère de l’Habitat qui représente la tutelle, ne doit pas rester les bras croisés face à un problème qui est en passe de mettre en péril l’existence d’une institution qui était vouée à bel avenir.
B.G
Source : www.cridem.org le 31/05/2010