AFRIQUE : Les autres victimes de Parant

L’information relayée par le journal français «Le Républicain Lorrain» continue de faire des vagues entre la France et certains pays africains. En plus de ce que le journaliste français Philippe Waucampt (qui a confirmé et maintenu ses propos) a écrit d’autres révélations nous sont parvenues.

 

 

Ces propos prêtés à «Monsieur Afrique » de l’Elysée, André Parant bien que démentis par l’Ambassade de France et non par le principal concerné, ont crée un profond malaise. On se demande déjà si le Chef de l’Etat français continuera à cheminer avec André Parant qui semble avoir l’ambition de dresser les présidents sénégalais, gabonais, mauritanien, congolais et togolais contre Sarko.

L’adjoint de Jean David Levitte, a été surpris par la publication de ses informations par le journal français : «Le Républicain Lorrain». Car en réalité, la rencontre entre André Parant et certains journalistes diplomatiques n’urait pas été officielle. En plus, les propos rapportés étaient dits «of the record». Mais l’auteur de l’article démenti par l’Ambassade de France à Dakar semble bien comprendre la démarche des autorités ou des diplomates de manière générale. «Ils font véhiculer des informations pour venir ensuite les démentir». Dans ce cas précis, l’objectif a été atteint. Car de Dakar à Libreville en passant par Nouakchott, Abidjan, Lomé et Brazaville, les nerfs sont tendus. Les Chefs d’Etat de ces pays prennent mal les propos de ce Conseiller diplomatique de l’Elysée. Seule la version qui concerne le Sénégal a été publiée par la presse dakaroise.Mais selon des sources digne de foi, des propos acerbes auraient été tenus contre le Général Aziz de la Mauritanie, le Président Denis Sassou Ngesso du Congo, Faure Eyadéma du Togo et Ali Bongo du Gabon.

UN PLAT DE RÉSISTANCE POUR WADE ET SON FILS

Selon le journal «Le République Lorrain», le Monsieur Afrique de l’Elysée, André Parant aurait déclaré qu’il existe au Sénégal, «un risque certain d’instabilité». «Il paraît évident que le président Wade ne pourra pas se représenter : il a 84 ans, voire même 85 ou 86. On le voit mal solliciter un nouveau mandat de sept ans ! » aurait confié André Parant à des journalistes français. Selon la même source, «l’ancien ambassadeur de France au Sénégal croit déceler derrière la volonté de Me Wade de se représenter un projet de succession monarchique non avoué ». En termes plus clairs, c’est un projet qui vise à faire succéder au président Wade, son fils Karim Wade. A son avis, le fils du président «a une mauvaise image auprès de l’opinion» au Sénégal où «il y a une véritable vie démocratique». «La lutte pour la succession va être extrêmement vive et susciter des tensions. Tout ça risque de ne pas être très simple dans un contexte social extrêmement difficile. Il y a un risque d’explosion sociale, et donc politique, extrêmement élevé. Les deux années à venir vont être cruciales pour le Sénégal» augure-t-il.

UNE BANANE PLANTIN POUR GBAGBO

Selon d’autres sources, le président ivoirien Laurent Gbagbo (qui vient de recevoir le président Wade) aurait été également été fortement décrié par André Parant. «Gbagbo est la pire des espèce. Avant il était un boulanger mais maintenant c’est un pâtissier» aurait-t-il dit sur le président ivoirien. Selon le Conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy «si l’Union Européenne et la France ne s’impliquent pas dans le processus électoral, Gbagbo ne tiendra pas d’élection».

LE «BAMBIN» ALI BONGO

De l’avis de «Monsieur Afrique de l’Elysée», «Ali Bongo est un bambin à qui on a donné une sucette déjà consommée». Rappelons que le défunt d’Ali Bongo, El Hadji Omar Bongo a été un grand ami de la France et un doyen de la «Françafrique». Récemment, Nicolas Sarkozy s’était rendu à Libreville en visite officielle après avoir reçu à l’Elysée le fils de Bongo.

LE GENERAL «DICTATEUR PEINT EN DEMOCRATE»

«Le Général Aziz est un dictateur peint en démocrate. Il a organisé des élections frauduleuses. On a simplement fermé les yeux» aurait confié André Parant. Notre source a soutenu que ce qui a été dit sur Faure Eyadéma président du Togo et Denis Sassou Ngesso du Congo «est tellement grave qu’il serait même maladroit de l’évoquer en public».

L’AMBASSADE DE FRANCE DEMENT A LA PLACE DE PARANT

«Après consultation avec l’intéressé, l’Ambassade de France au Sénégal dément que M. André Parant, conseiller diplomatique adjoint à la Présidence de la République, ait tenu les propos rapportés dernièrement dans divers organes de presse sénégalais, citant le Républicain Lorrain. M. Parant n’a pas accordé d’interview à ce journal». Voilà le communiqué que l’ambassade de France a envoyé aux rédactions pour démentir le journal français.Au même moment, le journaliste qui a publié les propos d’André Parant maintient ses écrits. Le communiqué de l’ambassade de France parle d’interview. Il est évident qu’il ne s’agissait pas d’interview. Mais plutôt d’une discussion au cours de laquelle, ces indiscrétions ont été dites. Et le Conseiller politique de Karim Wade, Cheikh Diallo n’a pas perdu du temps pour répliquer. Il a demandé à André Parant de démentir lui-même. Car estime-t-il, l’ambassade de France n’a rien à voir dans cette affaire.

LA CELLULE AFRIQUE DE L’ELYSEE DIVISÉE

Au niveau de l’Elysée, des personnes spécifiques ont été nommées pour s’occuper des questions africaines. Contrairement à ce que certains croient, c’est Claude Guéant (que d’aucuns surnomment «Vice président de France») qui est le patron. Après bien sûr, le Chef de l’Etat. Claude Guéant est le Secrétaire Général de l’Elysée. Xavier Musca lui sert d’adjoint. Jean- David Levitte est le Conseiller diplomatique et Sherpa. André Parant dépend directement de Levitte. Donc sur le plan hiérarchique, André Parant ne vient même pas après Guéant. Le «Monsieur Afrique» est l’avant dernier dans l’ordre protocolaire des Conseillers du président Sarkosy. Il est suivi de Jean-Pierre PICCA, conseiller justice. Karim Wade, son ami Claude Guéant et Robert Bourgui semblent être dans le collimateur de Parant. Bien qu’étant «Monsieur Afrique», André Parant voit toujours le fils du président sénégalais et d’autres Chefs d’Etat africains, collaborer directement avec le «Vice président» Claude Guéant. Ce qui peut frustrer ou déranger Parant. Aujourd’hui, le «Monsieur Afrique» de l’Elysée s’est mis à dos des Chefs d’Etat comme Wade, le Général Aziz, Faure, Sassou Ngesso et Gbagbo.

COOPERATION INTERNATIONALE

Apparemment, le «Monsieur Afrique» est bouleversé par les nouvelles orientations diplomatiques et la diversité de la coopération internationale du Sénégal. Maintenant, en plus de la France qui est un partenaire historique du Sénégal, les autorités sénégalaises ont ouvert d’autres perspectives dans le domaine de la coopération avec l’Inde, les Usa et la Chine (tout comme la France dont le président était récemment à Pékin

RAPPORTS TENDUS WADE ET PARANT

C’est le 22 septembre 2009 qu’André Parant était nommé conseiller aux Affaires africaines au sein de la cellule diplomatique de l’Elysée, dirigée par Jean-David Lévitte en remplacement de Bruno Joubert, ambassadeur à Rabat. Dans sa carrière diplomatique, il a servi au Maroc. André Parant y a été secrétaire d’ambassade au milieu des années 1980, avant d’être affecté à Bruxelles, où il a suivi la renégociation des accords de Lomé. En 1990, il devient chef de la mission de coopération à Bangui. L’ambassade étant paralysée par une guéguerre franco-française entre le titulaire du poste et le colonel Mansion, chef de la garde présidentielle, c’est lui qui supervise la première consultation centrafricaine pluraliste, en août 1993 qui se solde par la défaite d’André Kolingba et l’élection d’Ange-Félix Patassé. Rappelé à Paris, André Parant travaille aux côtés de Jean-Michel Severino à la direction du développement du Quai d’Orsay, puis intègre le cabinet du ministre Hervé de Charette en tant que chargé de mission Maghreb et Moyen-Orient. Il revient en Afrique. L’ambassadeur de France à Dakar, Jean-Didier Roisin, entretenait alors avec le président Abdoulaye Wade des rapports à ce point tendus que ce dernier a réclamé son rappel à Jacques Chirac. André Parant fut donc nommé avec la mission explicite de renouer le dialogue. «Il deviendra ambassadeur au Liban. Il restera un peu plus de deux ans à Beyrouth, le temps d’essuyer certaines critiques (antisyrien, proche de Samir Geagea…), dont il se défend. Le temps aussi de recevoir à deux reprises un homme qu’il avait déjà accueilli à Dakar » dit une source.

TENTATIVES DE JOINDRE PARANT

Dans la journée d’hier, vers 11h30, nous avons joint André Parant sur son numéro personnel. «Allo ! Monsieur Parant bonjour ! Je suis journaliste sénégalais je vous appelle depuis Dakar ».

«Qui vous a donné ce numéro ? » demande-t-il.

«Vous avez servi à Dakar, nous ne pouvons pas avoir de difficultés pour avoir votre numéro» rétorquons-nous.

«Non ! Ce n’est pas Monsieur Parant» dit-il.

«Ah bon ! C’est qui donc ? »

«Ce n’est pas lui!» répond-t-il.

Non satisfaits, nous avons tenté de le joindre sur son fixe à l’Elysée. Là c’est son assistante qui nous a parlé :

«Bonjour Mme je suis journaliste sénégalais, et je voudrais parler à Monsieur Parant».

«Donnez moi vos coordonnées, il va vous rappeler il est hors du pays» nous répond –on. Nous lui donnons toutes nos coordonnées avec les détails avant de lui demander son nom.

«Votre nom s’il vous plait Mme».

«On est deux ici. Donc je pense que ce n’est pas important » dit-elle.

«Dans ce cas, je suis plus gentil que vous parce que je vous ai donné le mien.».

«Si c’est ça, prenez donc : c’est Nathaly» a terminé l’assistante.

 

(note de kassataya : André PARANT est l’actuel ambassadeur de France à Beyrouth et ancien ambassadeur à Dakar)

Source  :  www.rewmi.com  le 30/04/2010


Articles similaires

Bouton retour en haut de la page