Les viols, un phénomène qui persiste à Nouakchott :

205 cas de viols ont été enregistrés à Nouakchott,  au cours de l’année 2009 contre 305 en 2008, selon madame Zeïnabou Mint Taleb Moussa, présidente de l’ONG « Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant » (AMSME),

 

qui a avancé ces chiffres , ce jeudi 29 avril, lors  de l’inauguration d’un nouveau centre dit EL Wefa d’écoute, de conseils et de prise en charge des victimes des violences sexuelles, dans le département d’El Mina. Selon Mme Mint Moussa, « le problème d’agression sexuelle est la plus grave violation des  droits de l’homme ». Le phénomène est d’autant plus inquiétant que les cas déclarés vont crescendo : 55 en 2005, 66 en 2006 et 77 en 2007, 32 en 2000. Neuf viols ont été suivis de grossesse. Concernant les  domiciles  des victimes, la triste palme revient au quartier El Mina avec 41 cas, suivi de Dar Naim 34, de Sebkha 22. Tevragh Zeina ferme la marche avec 09 cas. Ce phénomène prend une progression inquiétante, fait-on remarquer à l’AMSME. Ainsi, de nouvelles formes de violences sont notées sur de nouvelles couches. La principale cible semble être les enfants. Le pourcentage de violences sur cette frange vulnérable de la population  dépasse, estime la présidente de l’AMSME, 82 % des cas enregistrés. L’âge des victimes varie de dix-huit mois (!) à 25 ans. Cinq cas concernent des nourrissons de moins de deux ans. De 6 à 9 ans, 29 cas ; de 10 à 15 ans, 84 cas ; de 16-19 ans, 26 ; de 20 à 25 ans, un cas. 50 cas concernent des enfants scolarisés et 110 sont non scolarisés. Il y a, semble-t-il, moins de viols sur le chemin de l’école. Les causes principales sont, expliquent Mme Zeynabou Mint Taleb Moussa  sont entre autres « la faiblesse des liens familiaux », « la non existence de sanctions dissuasives au sein de l’arsenal juridique » et les causes économiques ». Quant à Mme Emilia Numere, coordinatrice de l’ONG espagnole, Save Childreen, elle a renouvelé l’engagement de son association à travailler avec la société mauritanienne, en faveur de l’enfance. Fondée en 2000, l’AMSME, qui s’occupait, auparavant, de la santé reproductive et du bien être des enfants, a vite changé de cap avec l’apparition et la brusque multiplication des viols, au cours des années 2000 et 2001, où 325 cas ont été répertoriés par les services de police à Nouakchott. Avec les moyens du bord, l’ONG AMSME s’occupe, au sein de son centre « El Wafa », une référence en Mauritanie, dans le département d’El Mina, de la prise en charge médicale des victimes : soins de première nécessité, suivi psychiatrique et accompagnement, prise en charge sociale, juridique et économique (réinsertion grâce à des activités génératrices de revenus). Celui-ci consiste surtout en des formations qualifiantes afin d’assurer une réinsertion dans des activités génératrices de revenus. Le centre d’écoute « El Wefa » travaille avec les 18 commissariats de police de la capitale, ainsi que la brigade des mineurs où il dispose d’un relais permanent. Sur les derniers 160 cas de viols avérés, seuls 60 ont été traduits devant les juridictions compétentes. Les autres ont été l’objet d’arrangements à l’amiable( Massalaha )au sein des commissariats de police.  Ces règlements à l’amiable, souvent au détriment des victimes, représentent 89 des 205 cas. Pour un total de 205 victimes de violences sexuelles, il y a eu 300 agresseurs. Raisons de la différence : Les agresseurs s’y prennent souvent à plusieurs. Dans la plupart des cas, les victimes sont également condamnées pour « zina » (relation sexuelle extraconjugale volontaire), au même titre que les coupables. Car les condamnations reposent sur l’ultime conviction du juge, issu des Mahadra, en raison de l’absence d’une définition claire de la violence sexuelle dans le code pénal mauritanien. Quant aux auteurs, ils sont, le plus souvent des récidivistes, issus de la pègre locale.

 

 

source  :  www.saharamedias.net  le 29/04/2010 

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