Messoud Ould Boulkheir appelle au putsch : Le président de l’Assemblée est-il hors-la loi ?

Les dernières déclarations du président de l’Assemblée Nationale qui appelait ouvertement au putsch continuent de retentir. Non pour la véhémence ordinaire des propos de l’opposant qu’est le président de l’Alliance populaire progressiste (APP), mais pour les charges anti-démocratiques des propos du premier responsable de l’Assemblée Nationale.

Le président de l’Alliance populaire progressiste et de l’Assemblée Nationale n’est visiblement pas content du régime du Président Mohamed Ould Abdelaziz. Après avoir appelé, avec ses partenaires de la COD au dialogue, selon un agenda concerté, voilà que l’homme sort ses griffes pour réclamer tout simplement l’avènement d’un putsch. Une bien curieuse manière pour le premier rédacteur des lois dans le pays d’exprimer son désaccord avec le régime en place.

Des élections anticipées sont-elles possibles?
Il est bien clair que Messoud Ould Boulkheir, ne sait plus quel habit porter dans ses sorties intempestives contre le régime. Mais son ire est telle que le président de l’APP ne mesure plus la portée de son discours appelant directement, après l’avoir personnellement condamné, à la violence politique. Après avoir reconnu, même implicitement, et déguster sa victoire sur un autre leader charismatique de l’opposition Ahmed Ould Daddah, à l’issue de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, Messoud Ould Boulkheir investi en février dernier président de la Coordination de l’opposition démocratique, remet tout en cause. A-t-il senti une tentative du pouvoir de l’éjecter de son perchoir de président de l’Assemblée Nationale à la faveur d’élections législatives anticipées? Se prépare-t-il à reprendre son bâton de pèlerin dans la posture qu’on lui connaît toujours à savoir fervent militant de la lutte contre l’esclavage alors qu’il sent que ses «protégés et disciples» sont entrain de lui couper l’herbe sous les pieds en lui reprenant le discours radical? Il faut bien se faire une raison de ce retour fracassant du président de l’Assemblée nationale !
Rien, absolument rien n’a jamais troublé l’attitude révoltée du président de l’Assemblée Nationale. Pour autant, son appel sans ambages, à la destitution du président démocratiquement élu montre que le président de l’Assemblée nationale ne peut -ou ne veut- se départir de sa psychologie d’opposant invétéré. La sortie inattendue, dans les propos, de Messoud Ould Boulkheir coïncide avec le passage du témoin à Ahmed Ould Daddah qui reprend ainsi le flambeau de la COD. Une passation dans des circonstances assez particulières où le président de l’APP n’a pas manqué d’égratigner le président du RFD, l’accusant en même temps que le Président Mohamed Ould Abdelaziz, d’avoir refusé la «compromission » sur certaines questions. Faut-il y lire la lutte contre l’esclavage ou le soutien continu au président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi ?
Toujours est-il que l’exacerbation des propos du président de l’Assemblée Nationale focalise aujourd’hui les discussions au sein de la majorité politique autour de l’opportunité d’une élection législative anticipée pour détrôner Messoud Ould Boulkheir, seul député de l’APP élu à Nouakchott et dont le parti n’est représenté par guère plus de cinq députés.
Mais cette élection anticipée pourrait être ajournée par la situation qui prévaut au sein même de cette majorité politique dont le fer de lance, l’Union pour la République (UPR), qui soutient le président Mohamed Abdelaziz. Cette union est encore au stade de l’implantation.
Gageons que dès que les choses s’y prêteraient, le gouvernement Mohamed Ould Abdelaziz convoquerait de nouvelles élections pour faire payer au président de l’Assemblée Nationale et de l’APP son attitude jugée «extrémiste».
JD

 

Source: Le Quotidien de Nouakchott



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