Controverse sur l’arabisation : Le ministre de l’enseignement secondaire et superieur a-t-il « corrigé» le discours du PM ?

ministre_enseignement_secondaire_et_suprieur« Rien n’a changé, la Mauritanie d’avant le 1er mars est toujours la même, aucune option pour une arabisation complète n’a été prise par le gouvernement… » a affirmé le ministre de l’enseignement secondaire et fondamental, cité par l’AFP.

 

Le ministre s’exprimait à l’université de Nouakchott devant les syndicats d’étudiant. Un veritable bémol, pour ne pas dire plus, après les declarations controversées du premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

Le premier mars dernier, à Nouakchott, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la langue arabe, le premier ministre a declaré : « Aujourd’hui, et conformément aux orientations du président de la république, monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, nous allons faire de la promotion de la langue arabe et de sa défense un principe, de son appui et de sa généralisation comme langue de travail, d’échanges administratifs et de recherche scientifique un objectif.»
Ce discours et le « Que voulez-vous ? nous sommes en Mauritanie. C’est un pays arabe » de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, le 4 mars, ont été à l’origine d’une veritable controverse dans les milieux politiques et scolaires. S’y est ajouté « la langue arabe menacée par les dialectes et langues locales » de la ministre de la culture. Sur la base du discours du premier ministre, certain partis politiques dits « nationalistes arabes » ont plaidé « la primauté absolue et perpétuelle de la langue arabe en Mauritanie. » L’AJD/MR, un parti très majoritaiorement négroamauritanien a rapellé son exigence d’officialisation des langues nationales (Poular, Soniké et wolof) au même titre que l’arabe. Les étudiants francophones de l’université de Nouakchott ont déclenché une grève et demandé des excuses du premier ministre et la démission de la ministre de la culture. Des étudiants arabophones ont tenté de battre le pavé pour demander plus d’arabe.
Le premier ministre ne s’est pas excusé, comme le demandait les étudiants. Il a plutôt tenté de recadrer ses propos. A la fin du mois de mars, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, cité par Le rénovateur, déclare, en réponse aux inquiétudes des étudiants francophones, essentiellment négroafricains : « …bien sûr que toutes les autres langues du pays doivent jouir de la même attention de la part du gouvernement. La Mauritanie est un pays qui a plusieurs racines, arabe et africaine et le renforcement de l’arabe doit être accompagné également par celui des autres langues nationales (pulaar, soninké, wolof). Et puisqu’on célébrait la journée de la langue arabe, on se devait de parler cette langue en ce jour, c’est cela le sens qu’il fallait donner à mes propos.»
Ces precisions n’ont, visiblement pas suffi.
Le 10 avril, devant les étudiants, le ministre de l’enseignement secondaire et fondamental a declaré « Rien n’a changé, la Mauritanie d’avant le 1er mars est toujours la même, aucune option pour une arabisation complète n’a été prise par le gouvernement… »
Le ministre est allé au-delà des precisions du du premier ministre en affirmant, toujours cité par l’AFP, : « Nous avons célébré et la journée de l’arabe et la journée de la francophonie, avec la même force et dans les mêmes conditions. »
La francophonie, en Mauritanie, à l’école, dans les rues, dans l’Administration…est quotidiennement vécue. Seulement, officiellement, il y a toujours eu un certain complexe à l’assumer.
Après leur rencontre avec le ministre de l’enseignement secondaire et superieur, les étudiants étaient moyennement satisfaits.
Le ministre a rappelé l’organisation d’états généraux de l’éducation avant la fin de l’année en cours. Le discours tenu à l’université va peut être désamorcer la tension avant la tenue de ces états généraux pour qu’on y discute, en priorité, de l’école et de l’avenir des enfants.
Visiblement, non. Le parti Sawab, dans un communiqué rendu public le 12 avril demande au president de la République « de limoger le ministre de l’enseignement secondaire et superieur. Pour Sawab, cité par APA, les propos du ministre à l’université de Nouakchott «constituent une humiliation du peuple mauritanien et une capitulation face aux revendications colonialiste.» Des propos qui « ne correspondent pas forcément à la défense des langues nationales » (Pullar, Soninké et Wolof).

Khalilou Diagana

 

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com  le 13/04/2010

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