«Mon refus de compromission au sujet des questions nationales est à l’origine de mes désaccords avec Aziz et Ahmed Ould Daddah ».
Cette phrase serait signée Messoud Ould Boulkheir selon l’agence Nouakchott info. Elle est révélatrice d’un nouveau malaise au sein de la Coordination de l’Opposition. Le président de l’Alliance populaire progressiste a-t-il voulu sciemment annoncé son divorce avec Ahmed Ould Daddah ? En tout cas, le couple ne fait pas bon ménage aujourd’hui.
Ceux qui avaient parié sur la longévité de la Coordination de l’Opposition Démocratique en ont eu pour leur argent. A peine installée, la coordination dont la présidence avait échu au président de l’Alliance progressiste, Messoud Ould Boulkheir, semble tanguer
Mariés en février, divorcés en avril
Comme on pouvait s’y attendre, le compagnonnage politique entre Ahmed Ould Daddah et Messoud Ould Boulkheir aura été de courte durée. Même leur adversité au président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz n’aurait pas résisté à des conflits politiques de plus en plus personnalisés entre les deux hommes. Malgré les mots doux du début de lune de miel, beaucoup de non-dits ont grevé la Coordination de l’Opposition démocratique dont le Rassemblement des forces démocratiques (RFD). Comptant 17 députés, elle est probablement la première force politique au Parlement. En effet, l’annonce accordée au président de l’Alliance populaire progressiste, qui s’exprimait selon nos confrères de l’Ani samedi lors d’un meeting, équivaut à une véritable bombe qui achève d’imploser les timides retrouvailles. Ces retrouvailles sont d’ailleurs ponctuelles entre Messoud Ould Boulkheir, arrivé second lors de la dernière élection présidentielle, et Ahmed Ould Daddah, donné troisième lors de ce scrutin, après avoir servi durant les longues années du régime de Taya, comme le fer de lance de l’Opposition. Mais dans la réalité, au-delà de ce hitparade, de la représentativité entre les deux hommes, rien n’a troublé leurs antagonismes apparemment irréductibles.
L’espoir de voir se mettre en place les structures définitives de la COD ont péché. L’on se rappelle que lorsqu’en février 2010, la COD a annoncé, lors d’une conférence de presse au siège de l’APP, la mise en place de ses structures organisationnelles définitives, l’absence d’ Ahmed Ould Daddah, nonobstant son soutien au choix de Messoud pour la présidence tournante de la COD, avait plus de signification d’autant plus que le choix du secrétariat permanent de la COD avait été ajourné pour des clivages au sommet de la coordination..
La sortie samedi du président de l’Alliance populaire progressiste –qui ne peut s’expliquer par une saute d’humeur- trahit donc des dissensions ouvertes. «Je suis désormais en parfaite symbiose avec Ahmed Ould Daddah», disait-il en février. Que s’est-il passé pour que Messoud Ould Boulkheir s’en prenne, à nouveau, à lui et publiquement. Si l’on peut comprendre qu’Ould Boulkheir s’en prend au président de la République dont il est l’adversaire, l’accusation contre Ahmed Ould Daddah montre que quelque chose se trame ; qu’une crise couve entre les deux hommes. On est donc loin du discours annonciateur de la mise en place de la COD où tous les partis étaient prêts « à œuvrer ensemble pour sauver le pays de l’abîme vers laquelle le conduit le pouvoir ». Messoud Ould Boulkheir se disait «fort de la conviction que l’unité de l’opposition est le bon choix » et que c’était pour cette raison qu’il avait résolu «d’intégrer l’Institution de l’Opposition Démocratique dirigée par le Président Ahmed Ould Daddah».
JD
Source : Le Quotidien de Nouakchott via www.quotidien-nouakchott.com le 13/04/2010