Cinquantenaire des indépendances : La désunion plane toujours sur l’Afrique

Plus d’une dizaine de pays d’Afrique célèbrent cette année le cinquantenaire de leur indépendance. Même si cinquante ans représentent peu dans la vie d’une nation ou d’un continent, cinq décennies correspondent à la maturité pour l’être humain.

 C’est pourquoi, une convergence de vues suffirait aujourd’hui pour concrétiser le rêve des pères de l’indépendance : les Etats-Unis d’Afrique. Hélas ! Loin de nous un quelconque pessimisme, mais une analyse géopolitique africaine montre à suffisance que la réalisation de ce vœu relève d’une pure utopie.

 

La Conférence de Brazzaville en 1944, quoi que l’on en dise, est le point de départ de l’affranchissement du continent africain du joug de la colonisation. Malgré les efforts des pères fondateurs, l’union des cœurs et des esprits et l’avènement de grands ensembles semblent encore des  équations difficiles à résoudre pour nos micro-Etats toujours tenus en laisse par le capital néocolonialiste.

 

A la manière de ce personnage mythique de l’Antiquité grecque, les peuples africains sont comme condamnés à mourir de soif au milieu du fleuve. L’espoir de voir les Etats-Unis d’Afrique créés s’envole chaque jour un peu plus, tant les divisions entre pouvoirs africains et les tensions entre peuples africains sont entretenues, voire exacerbées.

 

Autant les peuples africains ont été incapables d’éviter la colonisation, autant, ils sont aujourd’hui incapables de s’unir pour se développer. Le piège de la dispersion, du malentendu tient fermement les pouvoirs africains, aveuglés pour la plupart par leurs égoïsmes. Comment parler de gouvernement unique alors que partout les monnaies sont différentes ? Comment peut-on parler des Etats-Unis d’Afrique avec les particularismes nationaux ? La libre circulation des personnes et des biens est loin d’être une réalité. Dans beaucoup de pays, on assiste à une chasse à l’étranger. 

 

Le paradoxe c’est que Mouammar Kadhafi qui se veut l’artisan de cette union africaine affiche un comportement qui est l’expression la plus achevée de la xénophobie. A preuve, la Libye s’illustre aujourd’hui par un nombre important de rapatriement d’Africains vers leurs pays d’origine. Dans ces conditions, comment peut-elle convaincre de sa sincérité d’être au service du continent ?

 

Les Etats-Unis d’Afrique sont loin de se réaliser pour diverses raisons. La volonté de mettre la charrue devant les bœufs est plus forte que celle de faire un attelage approprié et efficace. Les pouvoirs africains sont plus divisés que les peuples africains. Ils ne pensent qu’à leurs seuls intérêts. Ils ne pensent qu’à s’accrocher par tous les moyens. Il n’y a pas de parlement commun, pas de justice commune, pas de politique linguistique commune encore moins de politique économique, aux vrais sens des termes. La balkanisation a continué dans les politiques sous-régionales. Dans ces conditions, le moins que l’on puisse dire c’est que « l’Age d’or n’est pas pour demain ».

 

Pis, la lutte concertée contre l’insécurité et le trafic de drogue dans la bande sahélo-saharienne témoigne une vraie réticence des pays à accorder leurs violons. Faut-il le rappeler, c’est le Mali qui a posé le plus d’actes dans cette bande qu’il partage pourtant avec d’autres pays, aussi menacés que lui par ces fléaux. 

La création de l’Union africaine avait suscité des espoirs chez les Africains, celle-ci est, à tort ou à raison, considérée par certains comme de la poudre aux yeux des Africains qui doivent aller au-delà de certaines considérations rétrogrades, faire fi de l’intérêt individuel, ethnique et être dévoués à une cause unique, une conviction commune pour concrétiser le rêve des pères de l’indépendance et de tous ceux qui se sont engagés, jusqu’à leur dernier souffle de vie pour  l’unité africaine.

 

Abdoul Karim Maïga

 

Source  :  L’Indicateur Renouveau (Mali) via www.maliweb.net  le 08/04/2010

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