Remaniement ministériel : La montagne a accouché d’une souris.

Le remaniement ministériel, longtemps annoncé et attendu avec impatience par une frange importante de la classe politique, a enfin eu lieu. Mais contrairement à ce que l’on supposait, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a conservé son fauteuil de premier ministre.

Mieux, Ould Laghdaf s’est débarrassé de l’un de ceux qui lui faisait le plus de l’ombre, en l’occurrence Kane Ousmane. Bien entendu le départ de ce dernier du gouvernement est la grande surprise du remaniement tant l’intéressé semblait faire l’unanimité autour de lui. Et, il venait de démarrer un gros chantier de restructuration du ministère et surtout il avait réussi la prouesse de rétablir les relations de confiance avec les institutions de Bretton Woods. En effet quelques mois seulement après le retour à l’ordre constitutionnel, la Mauritanie retrouvait la présidence du groupe africain aux sessions annuelles du FMI et de la banque Mondiale. En tout état de cause pour son premier remaniement Mohamed Ould Abdel Aziz a touché sept départements ministériels.
Le portefeuille de la Justice est tombé dans l’escarcelle de Maître Abdine Ould EL Kheir, avocat, membre de la CENI de la première période de transition (2005-2007). Ce qui bien sur et compte tenu du mode de désignation de celle-ci montre qu’il ne fait pas trop de vagues. Ould Kheyr remplace M. Baha Ould Ameida qui pourrait avoir fait les frais du bras de fer qui l’opposait au tout puissant Procureur général près la Cour Suprême, Séyid Ould Ghaylani.
Ahmed Ould Moulaye Ahmed continue ses pérégrinations dans les hautes fonctions de la République et cette fois il pose son baluchon au Ministère des Finance, un lourd fardeau. A son avantage, sa réputation de probité et de sérieux qualité dont il aura besoin dans la tanière des finances surtout qu’il arrive flanqué d’un directeur général du budget sur lequel il y a beaucoup à dire. Ahmed Ould Moulay Ahmed occupait jusque-là le Ministère de l’Energie et du Pétrole, et il aura la redoutable tâche de remplacer Kane Ousmane, réputée compétent et intègre
Le Ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement tombe dans l’escarcelle de Maître Hamdi Ould Mahjoub, ancien bâtonnier, ancien maire de Nouadhibou, et vice-président de la dernière CENI (2009 première version). Ould Mahjoub remplace Mohamed Abdellahi Ould Boukhary. Il faut voir dans ce changement la volonté du président de confier ce secteur à un juriste au moment où il a promit la libéralisation du secteur avant la fin de l’année. Le nombre de texte à élaborer et surtout les arbitrages qui ne manqueront pas d’être nécessaire font que le profil de Hamdi Ould Mahjoub pourrait correspondre. Cependant son arrivée au gouvernement déséquilibre sensiblement l’attelage. En effet lui et la Ministre des Affaires Etrangères Naha Mint Mouknass appartiennent à la même région mais plus grave encore avec Sy Adama le Ministre Secrétaire Général de la Présidence il deviennent trois gros ministères détenus par l’UDP alors que l’importance électorale du parti ne le justifie guère. C’est pour cette raison que beaucoup d’observateurs pensent qu’un autre remaniement est déjà en préparation.
Le Ministre de l’Energie et du Pétrole voit l’arrivé de Wane Ibrahima à sa tête. Il était jusque là directeur des Mines où il subissait l’ire de Mohamed Abdallahi Ould Oudaa mais compte tenu des enjeux et surtout de la puissance des lobbies qui infestent ce secteur on voit mal comment ce cadre, certes expérimenté mais très effacé pourrait s’en sortir face à eux.
Le Ministère de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration voit l’arrivée de la jeune Mati Mint Hamadi, jusque là Déléguée Générale à la Promotion des Investissements. Sa promotion s’explique par le départ à la retraite de son cousin Sidi Ould Ahmed Deya. Elle prend la place Coumba Ba qui hérite d’un ministère délégué auprès du Premier ministre chargée des Affaires Africaines.
Evidemment ce dernier département est une nouvelle création et il pourrait marquer une orientation ou un ancrage plus marqué du pays à l’Afrique. Ca a son importance surtout au moment ou le débat sur l’identité mauritanienne semble ressurgir.
Le Ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Environnement et du Développement Durable est désormais confié à Ba Housseinou, précédemment Secrétaire général du Ministère délégué auprès du premier ministre chargé de la modernisation de l’Administration et des Tic. Il remplace Dr Idrissa Diarra.
Mohamed Ould Khouna devient Ministre de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et des Technologies Nouvelles engloutissant le secrétariat d’Etat chargé des technologies nouvelles qui perd son statut de ministère.
Bien entendu Ould Abdel Aziz a pris à contre pieds la plus part des observateurs. En effet on s’attendait au départ de beaucoup plus de ministres. Des ministres dont les départements ont essuyé critiques et mécontentements.

MSS

Bio rapide du nouveau ministre de la Justice
Né en 1969 à Néma
Docteur en Droit Privé de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan Il de Casablanca, Maroc.
Diplôme des études supérieures en droit privé de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’université Hassan Il de Casablanca – Maroc (1997).
Professeur vacataire à la faculté des sciences juridiques et économiques, Université de Nouakchott depuis 1998.
Avocat à la cour depuis 2002.

 

 

Source: Le Quotidien De Nouakchott du 4 avril 2010

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