Une frange de la population mauritanienne est touchée par la maladie mentale, soit 88.000 (selon l’OMS) dont 5600 personnes sont prises en charge.
« Sur l’ensemble du pays, on ne trouve que 4 psychiatres et 10 psychologues pour une population de plus de 3 millions d’habitants. Ainsi, il existe une réelle insuffisance de dépistage, de diagnostic, et de prise en charge de l’adulte (+ de 18 ans) », note un récent rapport intitulé le projet ‘‘pour une meilleure offre de soins en santé mentale sur la Communauté Urbaine de Nouakchott’’. Et dans le cadre de certaines prises en charge, « des personnels soignants ayant acquis sur le tas leurs compétences et proposant des soins, soit inadaptés aux besoins des malades, soit insuffisants car restreints à l’administration de neuroleptiques. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas toujours utilisées à bon escient, selon les difficultés d’approvisionnement et d’accessibilité pour les patients » (idem).
A cela s’ajoute, évidemment, une carence au niveau du dépistage précoce, du diagnostic et de la prise en charge médicale, psychologique et sociale de l’enfant (0-18).
L’exode rural, la mondialisation, l’urbanisme incontrôlable, le brusque changement du mode de vie des mauritaniens, la défragmentation du tissu social due à la pauvreté, la faiblesse du pouvoir d’achat, l’appauvrissement des fonctionnaires de l’Etat et la presque disparition de la classe moyenne en sont des explications parmi tant d’autres.
Les diagnostics sont alarmants et choquants. Rapprochez vous du professeur Dia, le premier psychiatre du pays, il va vous donner, certainement, des pronostics plus pointus, plus élaborés. À l’époque disait-il, au cours d’une réunion de travail, « il y avait des assises entre les familles de malades mentaux et des professionnels issus de différents structures sanitaires de l’Etat ». A l’époque, « on célébrait la journée mondiale de la santé mentale ».
Présentement, les malades mentaux sont, pratiquement, exclus de tout accompagnement, de tout soin. Leur situation est dramatique pour ne pas dire catastrophique. Ces malades, qui ignorent, pourtant, tout sur leurs maladies, sont à la merci de la destinée des inconscients-conscients. Etre atteint d’une maladie mentale dans cette partie du globe, c’est être condamné à vivre l’état de la domination de l’inconscient loin de l’œil visible des voisins ou du professionnel, et si cet état mène vers l’agressivité, la solution serait , tout simplement, de ‘lâcher’ le patient errer dans la nature ou plutôt dans les rues et les avenues des grandes villes, après, bien sûr, que les charlatans en sous- tirent des gros montants ou quelques sous auprès de la famille du ‘sujet’ . D’autres parents plus inhumains, notamment comme ceux qui ont déjà délaissé, après leur déménagement, leur patient, abandonnent, eux aussi, vraisemblablement des malades enchainés dans des maisons sans nourriture, ni boisson pendant des jours et des jours.
Subséquemment, un fait marquant, fut signalé, se manifestant par une ‘phénoménologie’ de la folie affectant toute une famille : le père, la mère, les enfants. Tout ce monde est touché, malheureusement, par un déséquilibre mental. Il s’agit là, d’un arrêt sur une situation bouleversante voire révoltante interpellant tout un chacun.
Mohamed Fouad BARRADA
Source : La Tribune n°494 via http://barrada.unblog.fr/ le 29/03/2010