Redéploiement dans les chancelleries : Premier acte !

 A quoi rime le dernier déploiement opéré dans plusieurs ambassades et consulats ultrasensibles sur l’échiquier diplomatique sous-régional ? Ce mouvement annonce-t-il une partie de jeu d’échecs. Mais avec qui ? Il minimise, en tout cas, «les incompréhensions diplomatiques » avec Bamako dont l’ambassadeur est épargné. Des observateurs attestent que ce n’est là que le premier acte d’une longue série de réaménagement pour rompre avec l’autarcie.

C’est le premier mouvement d’envergure opéré dans le département que dirige Mme Naha Mint Mouknass, qui se démène pour, à la fois, mettre son empreinte sur son département mais probablement aussi pour mieux appréhender les challenges qu’elle devrait relever, à l’avenir.
Sous les meilleurs auspices ?!
Le retour à la coopération intégrale avec l’Ue, véritable crédit et ballon d’oxygène pour les nouvelles autorités, leur donne encore plus de marge de manœuvres pour le faire suivre d’un raffermissement des liens avec d’autres capitales et sous d’autres cieux (Ankara et Téhéran). Cependant, le dernier remaniement semble consacrer, après les navettes effectuées par la patronne de notre diplomatie dans les différents pays limitrophes, la volonté des autorités de donner un nouveau coup de fouet aux relations avec les capitales voisines pour rompre la monotonie observée. Quoiqu’épargnée par le dernier mouvement –pour sauver le plus important- la relation avec Bamako parait une exception délibérée.
Ainsi ce chambardement diplomatique a vu la nomination de l’ambassadeur de Mauritanie à Rabat, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, à Tunis. Il y a quelques jours, c’était Ould Mohamed Valla alias Ghrini qui présentait ses lettres de créances au président algérien Bouteflika. Dans la même région du monde arabe, Sidi Mohamed Ould Boubacar, ancien PM de la transition 2005, est nommé, ambassadeur en Egypte, la veille d’une élection présidentielle et en plein débat sur la santé du Raiss. A Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, autre ministre de la transition, échoit la nouvelle ambassade inaugurée par la Mauritanie en Turquie. A Washington, c’est Mohamed Lemine Ould Heyssene qui prend en charge le devenir de nos relations avec l’Oncle Sam. L’ambassade est restée longtemps «décapitée » malgré son importance diplomatique. Cette nomination consacre le retour à la normalité avec l’Administration Obama, après les sombres nuages avant l’organisation de l’élection présidentielle du 18 juillet dernier. A Bonn, Diagana Moussa, signe son ascension après avoir servi plusieurs années durant comme consul de Mauritanie à Paris.
A noter que certaines ambassades dont les titulaires ont été affectés dans d’autres pays n’ont pas encore été pourvues. Il s’agit notamment de Madrid et de Rabat, deux capitales qui entretiennent des relations jugées exemplaires avec les autorités à Nouakchott.
Bamako exception à la règle !
La Mauritanie a manifesté sa désapprobation pour ce qu’elle a considéré comme un geste inamical du Mali avec lequel elle entretient des accords de coopération judiciaire notamment dans le domaine de la poursuite de personnes recherchées par la justice des deux pays. Mais malgré cet intermède «provoqué » par la France, et les réserves portées contre la tenue à Bamako de la réunion de coordination des pays du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme, la diplomatie mauritanienne ne veut donner l’impression que la rupture est consommée entre les deux pays qui entretiennent des relations séculaires et partagent des intérêts communs dans les organisations sous-régionales notamment au sein de l’Omvs. Mais la question est de savoir si les deux pays vont continuer de s’observer en chiens de faïence au lieu de se retrouver autour d’une table pour déballer leurs contradictions. Cela semble un préalable à l’acceptation par Nouakchott du «coup de poignard d’ATT ». On assiste dans cette perspective à l’entremise du président Burkinabé dont le conseiller spécial d’origine mauritanien, Chaafi, est sur tous les fronts ces temps-ci. La situation entre Bamako et Nouakchott, même si elle n’en donne pas l’air, évolue même si c’est de manière imperceptible. Dans une famille, les divergences entre frères trouvent toujours une voie vers le rapprochement.
Pour éviter une quelconque mauvaise interprétation d’un changement éventuel à l’ambassade de Bamako, les autorités mauritaniennes semblent vouloir privilégier des retrouvailles sincères qui préservent la coopération bilatérale entre les deux pays. Enfin, si l’on note que les nominations de ces anciens nouveaux ambassadeurs semblent provenir d’en haut, elles auraient été inspirées par Mme Naha Mint Mouknass dans une tentative de reprendre en main les rênes de son département.

JD
Source: Le Quotidien de Nouakchott


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