Elu le 18 juillet 2009 à la magistrature suprême, Mohamed Ould Abdel Aziz s’était engagé lors de son discours d’investiture le 5 août 2009 au stade olympique, à, entre autres, lutter contre le chômage.
L’ampleur du défi à relever n’est pas une mince affaire car la problématique de l’emploi en Mauritanie se caractérise non seulement par une crise de l’emploi salarié mais aussi par l’évolution rapide de la population active. De 19,1% en 2001, 28,9% entre 2000 et 2004, le taux de chômage est passé à 32,5% n’épargnant aucune région, aucun milieu et aucune tranche d’âge. Malgré l’absence de chiffres réels actuellement, il ne fait l’ombre d’aucun doute que ce taux de chômage estimé continue de s’accroître ainsi que le nombre de jeunes demandeurs d’emploi (29.000 par an) alors que la capacité d’absorption du secteur moderne est estimée à 2000 emplois. Sur ce marché de l’emploi, les femmes souffrent d’une marginalisation par rapport aux hommes. Sur le plan du revenu, il convient de noter que le SMIG est passé de 4.312 à 21.000 ouguiyas depuis le 17 janvier 2005.
La Mauritanie se situe aujourd’hui au 152ème rang sur les 177 pays classés par le rapport mondial sur le développement humain 2005 avec un IDH de 0,477 (2003) et un Produit National Brut par habitant de l’ordre de 1.100 UM (2004).
Rien de concret en vue encore
L’objectif de la stratégie nationale de l’emploi, disait-on encore il n’y a pas très longtemps, est de ramener ce taux de chômage à 25% à l’horizon 2010, « à travers le développement de la formation technique, l’adéquation du système éducatif avec les besoins du marché de l’emploi, le recours à des approches innovantes et initiatives d’insertion, et un partenariat entre les secteurs public et privé ». Le document identifie également les différents facteurs à l’origine de ce fort taux de chômage : ‘‘insuffisance des opportunités offertes à une économie nationale peu diversifiée surtout dominée par le secteur informel, inadéquation de la formation avec les besoins du marché, retard des mentalités par rapport au processus de développement du pays, fragilité des politiques publiques précédentes qui ont toujours ignoré l’emploi comme objectif prioritaire’’.
Or 2010 est déjà là et rien n’a été encore sérieusement entamé sinon que les écoles professionnelles se sont multipliées à Nouakchott et dans les régions du pays, sans que cela n’ait une incidence quelconque sur l’emploi. Pourtant le pays est doté de nombreuses richesses naturelles mais reste confronté à l’équation de l’insuffisance des ressources humaines. De plus, quand bien même il existe des lycées techniques, le problème est que leur performance est sujette à caution. Très souvent les formations dispensées tiennent rarement compte d’une planification réfléchie des besoins des entreprises locales ou étrangères. L’exemple du lycée technique de Boghé est patent en ce sens qu’il ne forme que des cohortes de chômeurs. A Nouadhibou c’est pareil quand ce n’est pas la Snim qui en recrute le gros lot dans différentes filières professionnelles.
Un recensement s’impose
Que faire alors ? Certes des initiatives innovantes ont été prises par l’Etat pour aider ces jeunes chômeurs à intégrer la vie socioprofessionnelle, mais l’approche a montré ses limites notamment l’octroi de micro crédit. D’autant que Les financements nationaux ou étrangers dépendent des critères subjectifs délimitant le degré de confiance, et les limites du montant du crédit. La situation actuelle de l’emploi interpelle le département en charge de la formation professionnelle pour qu’il comprenne que l’artisanat est un monde d’auto entrepreneurs, informel, avec des métiers très variés : métiers de la forge et des métaux, métiers du bois, du tissage, de l’agroalimentaire, mécanique auto, en menuiserie, en soudure et j’en passe. Il est grand temps d’opérer un recensement très précis des jeunes au chômage qu’ils soient ou non diplômés. De là, pourrait s’ébaucher des politiques à même d’aider à l’intégration des jeunes dans la vie socioprofessionnelle. A condition bien sûr d’ordonner et de réglementer le marché du travail.
Moussa Diop
source : www.quotidien-nouakchott.com le 22/03/2010