Au risque de passer pour un esprit spéculatif et d’être rejeté hors du giron des valeurs traditionnelles qui sont pour la plupart les fruits de vérités émotionnelles, sentimentales et idéologiques généralement subjectives. Je pense qu’une analyse des éléments structurels, institutionnels ou conjoncturels du changement social dans notre pays sera édifiante sur beaucoup d’aspects. Cela supposera bien entendu un effort méthodique de décentration et de distanciation pour mieux cerner les mécanismes de régulation qui garantissent l’ordre social, qui empêchent le tissu social de se dégrader et de permettre ainsi de minimiser l’incidence des conflits sociaux qui en dérivent.Etudier des cas de résistance irrationnelle au changement social ou le phénomène de l’allégeance ou de la soumission aux traditions sont des exercices intellectuels complexes qui risquent de nous exposer à des confusions parfois inextricables ou de prendre la forme d’une imagination débridée et complètement déconnectée du réel L’introspection la plus subtile aura du mal à en rendre compte. Je n’ai pas plus l’intention d’écrire une histoire de l’esclavage que d’essayer sans aucune prétention de faire un semblant d’analyse sociologique du changement social dans notre pays en insistant sur l’aspect le plus abominable le moins humain du phénomène à savoir l’esclavage ou plutôt les esclavages.
En effet chez nous ; Il y a au moins deux formes d’esclavage. L’esclavage historique et l’esclavage traditionnel Dans tous les cas ; Il n’y a aucune tradition indépassable qui puisse justifier l’esclavage de la personne humaine.
La première forme d’esclavage, que j’appelle l’esclavage historique, c’est quand ce n’est pas la nature humaine de l’homme qui s’exprime mais sa partie animal féroce ; c’est cette monstruosité historique carrément inhumaine qui fait tellement honte au point que même ses plus grands adeptes s’en cache comme de vulgaires petits voyous de la pire des espèces et qui a heureusement été officiellement criminalise suite à son inadéquation structurelle et conjoncturelle avec les temps modernes, au combat héroïque qu’ont menés contre elle de courageux citoyens de ce pays (noirs et blancs) ; Je leur rend ici un vibrant hommage, enfin, il faut bien le reconnaître notre pays ayant franchi, c’est incontestable, des étapes importantes sur la voie de l’ancrage des valeurs et principes de la déclaration universelle des droits de l’homme, déclaration qui est devenue chez nous, une loi fondamentale ;une loi qui protége la dignité de l’homme et s’érige en véritable obstacle contre tous les abus que l’humanité a commis tout au long de son histoire. Personne n’étant responsable d’un acte qu’il n’a pas commis. Les acteurs de ce drame cornélien étant malheureusement nos aïeuls Il sera tout à fait à l’honneur du gouvernement actuel, porte drapeau de cette Mauritanie nouvelle de poursuivre les mesures d’accompagnements draconiennes mises courageusement en place et de renforcer les procédures de discrimination positive genre programme d’éradication des séquelles de l’esclavage (P.E.S.E) qui feront suite aux diverses abolitions juridiques de l’esclavage pour en venir à bout et le condamner définitivement et ignominieusement au lieu de continuer comme le faisaient les gouvernements d’exception du passé à nier catégoriquement la pérennité d’une réalité qu’on se refuse tous d’éprouver, de regarder en face à cause de son niveau d’humiliation tout simplement insupportable. Nous devons profiter de cette opportunité historique pour nous réconcilier avec nous même d’une manière générale en éliminant complètement toutes les séquelles de l’esclavage comme nous l’avons si bien fait de manière partielle lors de l’avènement du 25/03/2009 journée nationale de la réconciliation pendant laquelle s’est réglée de manière consensuelle et je l’espère définitive la fâcheuse question du passif humanitaire. Le simple fait de l’existence chez nous d’organisation du genre SOS esclaves est en soit humiliant. Pourquoi ce genre d’ ONG n’existent-il pas chez nos voisins (Sénégalais, Maliens, Algériens ou Marocains) ? Nous partageons avec eux, pourtant, sur plusieurs aspects, la même histoire.
L’esclavage traditionnel est un concept culturel (phénomène de société) que nous avons hérité de l’histoire tribale de notre société et qui s’est imposé avec le temps comme l’ensemble des autres valeurs culturelles généralement admises, qui inspirent les règles de conduite, ainsi que les normes qui donnent un sens a l’activité organisée des groupes et des individus. Ainsi la tribu mauresque traditionnelle est intégrée dans un système culturel plus vaste la société maure de Mauritanie. Je vais essayer de donner un contenu à cette notion abstraite ou encore de délimiter ce concept théorique complexe où enfin de clarifier en plongeant dans ces fondements ce nid de confusions socio-économiques qu’est en réalité la structure sociale traditionnelle mauresque d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
La structure sociale traditionnelle mauresque de base, est un ensemble conceptuel indivisible c’est-à-dire qu’un élément de cet ensemble n’a de valeur qu’avec la structure dans sa globalité. Les activités des individus sont réglés par l’ensemble de la culture et se déroulent au sein des tribus dont ils font partie. Pour bien le comprendre il faut le laisser dans son contexte historique et social c’est-à-dire élément d’une culture donnée sinon nous en brouillons les traits, la compréhension. Il ne faut surtout pas politiser le phénomène. La société traditionnelle mauresque est stratifiée en arabes, Zouayas, Znagas, Lahmas, Zarbas, Harratines, Griots, Abids et enfin Forgerons. Chacune de ses composantes avait un rôle presque indispensable pour l’ensemble ; Ainsi, les arabes étaient les guerriers et se devaient de défendre très souvent au prix de leur vie la communauté tribale toute entière, armés , ils conquirent une prééminence politique sur les autres, les zouayas intellectuels du groupe avaient la responsabilité de l’éducation islamique, les znagas devaient s’occuper du bétail, les abids étaient les esclaves ect …La logique raciste dite de l’infériorisation était criante dans cette organisation les membres des groupes cités en dernier sont fatalement situés au plus bas de l’échelle sociale. Traditionnellement ça se passait ainsi et tout le monde y trouvait son compte. Aujourd’hui, sous l’influence des lois de changement social qui ont complètement bouleversé les valeurs, chacun suit son intérêt ou ce qu’il croit l’être et met en œuvre les ressources dont il dispose pour le promouvoir mais, ce faisant, contribue peut être sans le savoir au départ, à provoquer un état de chose défavorable à tous. Ceci justifie la résistance de certains nostalgiques d’un passé d’infériorisation des autres, résistance souvent irrationnelle au processus logique de mobilité sociale qui est la cause principale de tous les conflits sociaux. Dans chaque tribu mauresque il y a deux classes d’acteurs en conflit. Les uns ont la capacité d’introduire des changements (les privilégies), mais ne sont guère motivés à le faire ; plus précisément, Ils ont des raisons de redouter que ces changements n’entraînent pour eux des effets indésirables. Les membres de l’autre classe (les défavorisés) auraient assurément la motivation nécessaire, mais ne disposent pas de la capacité de décision.
– 1 Nevgua de mil
– 3 fagots de bois de fauche
– 1 Gerba d’eau
A partir de 1917 ils devaient payaient comme ristourne 20 barres à Ehel Choumad et 20 barres à Ehel Sidaty. Le premier accord officiel écrit a eu lieu seulement le 28/07/1951 entre cette fois les kountas (Choumad et Sidaty) et l’administration coloniale représentée à l’époque par le lieutenant des AMM Jausserand, chef de la subdivision de Chinguetti il imposa une taxe de 5fcfa sur la barre de sel 50 pour cent pour l’administration coloniale et 50 pour cent pour les kounta choumad et sidaty; Suite à cet accord la répartition du prix de vente de la barre de sel était la suivante
– Sauniers (Aghzazirs) 15Fcfa soit 60 pour cent
– Le gérant 5Fcfa soit 20 pour cent
– Etat/Kountas 5Fcfa soit 20 pour cent
L’accord stipulait que les Kountas devaient assurer la présence en permanence d’au moins 25 Aghazars (sauniers) dans la Sebkha pour qu’il n’y ai pas de rupture dans la production de sel. En 1958, les Aghzazirs désignèrent Mohamed Salem o/ Boulle comme gérant avec la bénédiction des Kountas et des autorités administratives locales du Tiris Zemour .
L’autorité des grands chefs traditionnels qu’étaient Choumad dans un premier temps et Sidi o/ Sidaty dans un second temps n’ayant de leur vivant était contesté par aucun de leurs cousins. Cette autorité incontestée préserva la paix sociale et garantie à chacun ses droits et sa dignité pendant des siècles. Malheureusement ne pas contester ne signifie pas accepter ; leurs cousins ne pouvant s’exposer à l’ire, à la colère des ses puissantes personnalités étaient tout simplement contraints de se taire. Les circonstances historiques, sociales, économiques et politiques leurs étant favorables ils se sont dits pourquoi ne pas profiter comme nos cousins de cette manne ? Ne sommes-nous pas comme eux, descendants de hamod ? Ils n’ont pas compris que les circonstances qui à priori leurs sont favorables aujourd’hui le sont encore plus pour les autres partenaires (Aghzazirs et autres Sauniers) qui comme eux, mais pour d’autres raisons ce sont tus eux aussi pendant certainement beaucoup plus longtemps. Ces silences qui n’étaient pas acceptation ont privilégié cette logique de la bêtise qui a dominé si longtemps. L’histoire réelle d’un groupe ou d’une société est toujours bien plus forte que sa légende fut-elle séduisante. Au lieu de s’insulter, de s’accuser mutuellement, les protagonistes de ce conflit qui appartiennent tous en définitive au même groupe tribal ; peuvent rectifier le tir en positivant la tribu, en la modernisant, en la réorganisant de tel sorte qu’elle redevienne ce qu’elle a toujours été un groupe de pression politique puissant et indispensable qui leur permettra de reconquérir leur notoriété d’antan.