Il y a autant de journalistes que de taxis à Nouakchott, d’intermédiaires aux aguets, d’opérateurs de change en alerte, d’experts en travaux finis en lévitation, de faux vrais agents de renseignements en circulation, de détenteurs de permis de recherche en embuscade, de talons de passeports en vente, de faux titres fonciers au plus offrant, de contrôles routiers au kilomètre, d’agents de la Somelec laissés à eux mêmes, de douaniers en roue libre, de commerçants en chine, de réfugiés politiques en France, de vieux étudiants en Patagonie, de fonctionnaires détenant des indemnités de logements et de transport inquiets, d’enseignantes en congé indéterminé de maternité, de hauts fonctionnaires sans attribution précise, d’agents municipaux en dormance, de bombonnes de gaz à l’air libre, de faux terroristes labelisés Al Qaeda, de bandits non fichés par les services de la police, de citoyens honnêtes embêtés par la police, des cadres limités réfugiés derrière leur statut d’arabisant ou de francisant, de voitures non dédouanées, de fis de… pistonnés hauts placés, de chômeurs éconduits, de femmes mariées vivant au dessus des moyens de leurs maris, de vieux croulants rêvant d’une seconde jeunesse à travers l’institution de la Sirriya, d’anciens ministres qui rêvent de postes d’ambassadeurs vacants, de nouveaux ministres qui ont perdu le sommeil à cause des rumeurs d’un remaniement imminent, de personnes respectables qui se targuent d’avoir un ccès direct à la présidence, d’opposants de carrière mécontents, de prisonniers salafistes repentis, de gendarmes en vadrouille, de citernes d’eau en vente, de mendiants irrités contre Ould Daddé, de sites internet sans lendemain … ».
Après avoir débité cette longue litanie des choses qui ne vont pas, M&M vida sa tasse de thé d’un trait. Grand amateur de ce liquide qu’il croyait mauritanien à 100%, M&M se posait aujourd’hui une question à la fois philosophique et astronomique : qu’est qu’un mauritanien ? Dans quelle planète vit-il ?
L’appellation, «pays des millions de poètes » l’a toujours fait sourire. Or il le sait, les mauritaniens ont changé depuis la dernière visite d’Ibn Batouata. A force de coup d’Etats et de crise économique, les mauritaniens sont devenus «le pays des millions de débrouillards ». A commencer par la femme de M&M, la grosse et ravissante Tettou, qui arrive, avec 1000 ouguiyas, à acheter pour 2000 ouguiyas et à déclarer à son mari 3000 ouguiyas. M&M est encore frappé par la balkanisation de la vie politique.
Comment un pays de 3 millions d’habitants est –il parvenu à créer 70 partis ? Certainement pour encourager la transhumance politique, héritage d’un passé de nomadisme encore vivace. Lui-même, M&M, a changé dix fois de parti, pour des raisons tribales, alimentaires, spirituelles ou juste pour changer avec l’air du temps.
Un jour il a claqué la porte d’une formation parce qu’une femme du parti, alors ministre, a osé serré la main du chef d’Etat de la Patagonie. L’instabilité des politiciens fait sourire M&M à chaque fois qu’il voit la banderole de la « COD », coordination de l’opposition. M&M s’est trituré dernièrement les méninges pour comprendre le dernier communiqué de la COD, s’alarmant de l’ingérence des puissances étrangères.
Après avoir lu ce texte alarmant, il a frappé de porte en porte, sans aucune réponse. «ce que dit le communiqué est pourtant évident » lui balance à la figure l’un des fervents adeptes de la COD, inféodé à cette organisation pour des raisons tribales. En dehors du champ politique, il y a tout un pan de l’espace public que M&M a dû mal à comprendre. La société civile.
Bien qu’il y ait 4000 ONG en Mauritanie, M&M ne croit pas beaucoup à l’activisme de certains. Ne vient-il pas d’apprendre que l’oncle de Tettou qui avait créé une ONG destinée à l’environnement a depuis amélioré son environnement personnel, achetant villa sur villa grâce aux fonds octroyés par la Patagonie ?
Autre monde que M&M connaît bien, le journalisme. Grâce à des appuis bien placés, il a appris que la Mauritanie ne compte que 140 cartes de presse en circulation. Est-ce à dire que tous ces journalistes agglutinés au Palais de Congrès de jour et de nuit sont composés de Peshmergas aux trois quarts ?
Certes cet esprit de débrouillardise a permis au mauritanien de traverser une guerre, six coups d’Etat et des situations de famine, sans beaucoup de mal. Mais lui permettra-il de sortir du sous développement ? M&M en doute fort convaincu qu’il va falloir plus d’une réforme au président des pauvres pour rétablir l’ordre.
Source : http://www.mauritanies1.com