Editorial de Biladi: pourquoi cette haine et…

  …cet acharnement contre le journaliste?

Dans l’affaire Hanefi, le miracle ne s’est pas produit. Hélas ! la justice est restée, ce qu’elle a toujours été, chez nous, inféodée à l’exécutif. La désillusion est évidente dans bien des segments de l’opinion. De l’opposition à la majorité, en passant par la société civile, tout le monde a réclamé et réclame toujours la libération du journaliste, détenu arbitrairement après avoir purgé sa première peine de six mois.

Mais qu’est ce qu’a fait Ould Dehah pour qu’on soit à ce point monté contre lui dans les hautes sphères de l’Etat ?

Qu’est qu’il a fait pour que l’on transgresse, de manière ostentatoire, les principes élémentaires du droit et de la justice ? A qui a-t-il réellement affaire, pour qu’il soit interpellé sur la base d’une plainte d’Ibrahima Sarr et condamné, cependant,  pour atteinte aux bonnes mœurs? En un mot, pourquoi cette haine et cet acharnement qui s’abattent, en cascades, sur ce pauvre jeune homme qui n’a fait qu’exploiter l’espace de liberté d’expression que lui accorde la constitution de la République ? La réponse à toutes ses interrogations est claire : l’affaire du journaliste Hanefi Ould Dehah dépasse la raison toute simple. En tout cas, ce n’est pas seulement le cas d’un journaliste qui a développé des idées contraires à ce pense et fait un régime politique issu d’un putsch et peu regardant sur le respect des libertés. Il y a, apparemment, à un niveau élevé de l’Etat, une haine contre le journaliste et un sentiment de vengeance qui animent certains gros bonnets.
Mais quelque soit le sentiment qu’éprouve le pouvoir contre le directeur de Taqadoumi, le traitement que lui a réservé la justice constitue un message adressé à tous les journalistes qui osent évoquer des sujets sensibles ou jouer leur rôle de contre pouvoir. 
Dans un pays comme le nôtre, où la démocratie est encore balbutiante et la presse peine à exister, il est difficile de ne pas voir à travers cette affaire une ferme volonté de bâillonnement de toutes les voix et une stratégie qui vise à ramener le pays tout simplement à la dictature et au pouvoir personnel. Un véritable retour en arrière qui ne mène nulle part.
On ne peut pas, tout de même, achever ce texte sans adresser un mot à notre confrère Hanefi qui, en dépit des brimades et autres mauvais traitements, verra toujours son aura grandir et aura sûrement, tôt ou tard, raison de ses ennemis. Ne te décourages pas. Tu auras, quelque soit le temps que tu feras en prison et la force apparente de tes adversaires actuels, le dernier mot. Parce que tu te places dans le bon sens de l’histoire.

 

Biladi n° 440 Dimanche, 07 Février 2010

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