À Paris, Biram Dah Abeid dénonce : « La corruption gangrène l’État mauritanien »

Lors d’une conférence de presse tenue ce samedi à Paris, le député mauritanien et militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid a livré une charge frontale contre le pouvoir en place à Nouakchott. Au cœur de son discours : la corruption érigée en système de gouvernance, qu’il accuse d’empoisonner toutes les sphères de l’État mauritanien.

« Une élite prédatrice s’est accaparé l’État » Avec un ton grave, Biram Dah Abeid n’a pas mâché ses mots :

« Ce n’est ni le terrorisme, ni l’insécurité extérieure qui menacent le plus la Mauritanie, mais bien une classe dirigeante qui s’auto-reproduit dans la prédation. »

Selon lui, la corruption est devenue structurelle, systémique, et protégée par un réseau d’influence solide au sein des institutions.

Il pointe la continuité entre les pratiques de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz et celles de l’actuel régime, malgré les promesses de changement. Des scandales à répétition, des milliards perdus Biram Dah Abeid a détaillé plusieurs dossiers explosifs, exemples concrets d’un système de détournement organisé des richesses publiques : ADDAX Pétrole : une entreprise qui bénéficie d’un monopole opaque sur les hydrocarbures, malgré des pertes annuelles estimées à 200 millions de dollars, et des manquements graves à ses obligations.

« ADDAX continue d’opérer sans appel d’offres, à l’abri de tout contrôle. » Le port de Ndjago : un projet coûteux dont la légalité est contestée, la convention de financement n’ayant jamais été validée par le Parlement. « Un éléphant blanc, à la charge du contribuable. » Le secteur minier : l’ancien modèle de transparence qu’était le cadastre minier est devenu, selon lui, « un outil de clientélisme » : seuls les proches du pouvoir peuvent espérer décrocher des permis. La pêche maritime : Biram accuse certains armateurs turcs de piller les ressources halieutiques avec la complicité des autorités. Même les zones de reproduction sont violées, sans aucune sanction. La Cour des comptes dans la tourmente. Un point a particulièrement attiré l’attention : la remise tardive d’un rapport de la Cour des comptes, après des mois de silence.

« Son président, gendre du chef de l’État, avait été démis pour faute lourde. Pourquoi ce rapport sort-il maintenant ? Où sont les autres rapports ? »

« L’organe censé garantir la transparence est lui-même pris dans les filets du népotisme. »

Appel à l’action : « La corruption n’est pas une fatalité ». Face à cette situation, Biram Dah Abeid lance un appel à la mobilisation nationale et internationale : Aux parlementaires, pour créer une commission d’enquête permanente sur les marchés publics depuis 2019. Aux journalistes d’investigation et lanceurs d’alerte, pour documenter les abus. Aux ONG et partenaires internationaux, pour aider à traquer les flux financiers illicites. Il exhorte la société civile à s’appuyer sur des cabinets spécialisés dans la lutte contre la criminalité financière pour porter ces dossiers au niveau international. Une corruption qui tue Le député établit un lien direct entre corruption et pauvreté :

« Oui, la corruption tue. Elle tue l’espoir, elle tue les enfants, elle tue les mères, pendant qu’une minorité s’enrichit. »

Il évoque les chiffres alarmants des organismes internationaux : hausse de la mortalité infantile, hôpitaux délabrés, écoles abandonnées, famine persistante. Pour lui, tous les maux du pays trouvent leur origine dans le détournement des ressources publiques. Un cri d’alarme et un sursaut attendu En conclusion, Biram Dah Abeid ne se contente pas de dénoncer : il tend la main à tous ceux qui veulent encore croire au redressement de la Mauritanie. Mais le message est clair : « Le temps presse. Si rien ne change, c’est la dislocation économique, sociale et institutionnelle qui nous attend. »

Paroles fortes, ton ferme, message clair : la conférence parisienne de Biram Dah Abeid a résonné comme un avertissement et un appel au sursaut démocratique.

 

 

Mamoudou Baidy Gaye dit Alia

 

 

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