Ba Mamoudou Samboly vient de partir. Doucement, discrètement, égal à l’homme qu’il fut sa vie durant. Et avec sa mort c’est toute une page de l’Histoire de la Mauritanie qui s’en est allée. Il a rejoint la cohorte des femmes et des hommes des Indépendances, ceux grâce à qui nous sommes et dont les noms sont dans nos mémoires.
Ba Mamadou Samboly vient de partir et la Mauritanie « d’avant » pleure. Cette Mauritanie des Hommes Debout et Intègres. Cette Mauritanie qu’il a, lui le vieux monsieur dont les générations nouvelles ne savent plus grand chose, avec tant d’autres sortie du néant. Cette Mauritanie dont personne ne pouvait imaginer qu’un jour elle serait un Etat Nation, sortie des sables et des marigots. Cette Mauritanie rêvée et créée de toutes pièces, envers et contre tout, contre « vents et marées » comme l’écrirait un de ses compagnons de route, Mokhtar ould Daddah, rêve d’une Mauritanie une et plurielle, debout à la face du concert des autres nations, sculptée pièce par pièce en pleines guerres de décolonisations dans la sous région.
Ba Mamoudou Samboly est parti et nous laisse, en héritage, ces temps maintenant révolus où les aspirations de jeunes femmes et de jeunes hommes, en pleine force de l’âge, devenaient réalités palpables.
Ba Mamoudou Samboly est parti sur la pointe des pieds et sa disparition nous rappelle que, il y a maintenant bien longtemps, la Mauritanie fut autre. Qu’elle a appartenu à tous et dans laquelle tous ses filles et fils, premiers citoyens d’une jeune état sorti de nulle part, se reconnaissaient. Pleinenement mauritaniens. Pleinement citoyens. Simplement, mais aussi avec une immense fierté.
Cette Mauritanie là que les générations politiques qui ont suivi ont patiemment détruit. Cette Mauritanie, la notre, où les serviteurs de l’Etat ne pensaient pas en termes d’enrichissement personnel, ni en termes de détournement des biens publics. Cette Mauritanie, la notre, où la gabegie n’était pas devenue le credo.
Cette Mauritanie, la notre, qui n’était pas encore la chasse gardée de l’armée, secouée, déchirée, torturée de coups d’états en coups d’états, vendue aux commerçants et aux compagnies pétrolières internationales, déchiquetée aux nationalismes nauséabonds, laminée par les spéculateurs, exploitée, violée, exsangue, amorale et immorale.
Ba Mamoudou samboly s’est éteint et nous laisse en héritage tous ses rêves. Sa mémoire. Les noms à jamais disparus, éparpillés aux vents des vanités humaines. Ceux de serviteurs de l’Etat intègres.
Quand tous les témoins des Indépendance seront partis que nous restera t’il de nos mémoires? Quelle plaque ou monument portera leurs noms?
Que serons nos enfants sans cette Histoire?
Que serons nous sans passé….
Mariem mint DERWICH
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