Jeune Afrique – Le Gambien Yahya Jammeh serait-il inspiré par l’ancien chef de l’État guinéen Moussa Dadis Camara qui semblait s’être jeté dans la gueule du loup judiciaire de son pays, après l’exil et avant d’être condamné puis gracié ? Ce n’est pas la première fois que l’ex-président gambien affirme n’être initialement parti en Guinée équatoriale que pour six mois. Guinée équatoriale où il réside depuis près de… huit ans. En janvier dernier, comme cinq ans auparavant, l’ex-dictateur annonçait, par message audio, qu’il avait décidé de reprendre la tête de son parti l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques (APCR).
Dimanche 26 octobre, de nouveau, des milliers de ses partisans écoutaient une note vocale de Jammeh diffusée dans son village natal de Kanilai. L’ancien chef de l’État y annonçait son retour en Gambie, en novembre 2025, pour reprendre du service politique. Dans l’enregistrement, le sexagénaire évoque un mystérieux protocole d’accord (« Memorundum of Understanding », MoU) avec rien de moins que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne…
Réponse du berger gouvernemental
Dans un communiqué publié deux jours après la diffusion de cet enregistrement, le gouvernement gambien, par le biais de son ministère de l’Information, n’a pas manqué de mettre les points sur les « i », en réaffirmant d’abord « le droit de tout citoyen gambien, y compris l’ancien président Jammeh, de revenir au pays ». Une possibilité « garantie par la Constitution et respectée par le droit international ». Mais le communiqué ajoute immédiatement que ce droit au retour « ne protège pas contre la responsabilité pour des crimes graves présumés, établis par des preuves crédibles et documentés ».
Les autorités de Banjul renvoient ainsi au travail de la Commission vérité, réconciliation et réparations (« Truth, Reconciliation and Reparations Commission », TRRC). Elles annoncent donc que si l’exilé foulait le sol gambien, celui-ci serait interpellé et poursuivi pour les crimes qu’il est accusé d’avoir commandités pendant ses 22 années passées au pouvoir.
Vers un tribunal spécial ?
Après avoir initialement reconnu la victoire d’Adama Barrow en 2016 – l’actuel président réélu en 2021 -, Yahya Jammeh avait fait volte-face. En janvier 2017, un mois après le scrutin, il avait pris la fuite, sous la pression de la Cedeao. Organisation qui, depuis, a approuvé la création d’un tribunal spécial chargé de juger les crimes commis sous l’ère Jammeh.
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Source : Jeune Afrique (France)
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