Un soir, dans un hameau oublié par la pluie,
une femme ouvrit une boutique sans enseigne.
Elle n’y vendait rien.
Elle donnait.
On disait qu’elle aimait les gens.
On disait surtout qu’elle aimait l’ordre :
les files bien rangées,
les mains ouvertes,
les silences reconnaissants.
Elle n’exigeait rien.
Juste un sourire.
Parfois un regard appuyé.
Parfois une mémoire.
Les villageois repartirent rassasiés,
convaincus d’avoir reçu un cadeau.
Personne ne remarqua que la boutique
n’acceptait qu’un seul type de client :
ceux qui oublient vite.
Le temps passa.
La boutique ferma.
La femme, elle, monta plus haut.
Très haut.
Et dans le hameau, on chercha encore la boutique.
Mais il ne restait que la faim…
et une étrange impression :
celle d’avoir payé sans avoir acheté.
Car certaines choses se donnent gratuitement,
mais se remboursent plus tard.
Et le plus curieux,
c’est que personne ne se souvient
du moment exact
où le reçu a été signé.
Souleymane Hountou Djigo
Journaliste, blogueur
