La Dépêche – Comme les oiseaux migrateurs, les touristes européens, principalement des français, jettent leur dévolu sur des contrées dont les températures sont moins rudes pour passer des vacances au chaud. Parmi ces destinations, la Mauritanie est devenue un itinéraire prisé par une poignée de touristes dont certains ont des liens affectifs avec le pays. Mais ce n’est pas encore le grand déferlement.
L’arrivée de 103 touristes à bord du premier vol direct Paris–Atar a officiellement marqué le lancement de la saison touristique 2025-2026. Ce vol inaugural, accueilli à l’aéroport international d’Atar, symbolise la volonté renouvelée des autorités de repositionner le tourisme comme un levier de développement économique local et national.
La directrice générale de l’Office national du tourisme, Mme Hawa Diallo, a qualifié l’arrivée de ce premier vol de signal fort pour la relance du secteur, mettant en avant les campagnes de promotion engagées, les atouts naturels et culturels du pays, ainsi que la gratuité des visas, considérée comme un facteur facilitateur majeur pour l’afflux de visiteurs étrangers.
La maire adjointe de la commune d’Atar, Mme Malika Mint Ababa, a exprimé la disponibilité de la municipalité à accompagner les autorités centrales et locales afin de faire du tourisme un pilier durable du développement local. La cérémonie s’est déroulée en présence du hakem de la moughataa d’Atar et de plusieurs acteurs institutionnels.
Cependant, au-delà de cette relance symbolique, le secteur touristique mauritanien demeure en quête de structuration durable. Dès 2008, la Somasert, filiale touristique de la SNIM, avait tenté de poser les bases d’un tourisme organisé en affrétant des vols Transavia entre Paris et Atar. Cette initiative s’était heurtée à une forte opposition de certains tours-opérateurs étrangers, désireux de prendre le contrôle d’un secteur encore embryonnaire et de capter les principales retombées économiques, révélant ainsi la fragilité du cadre national de régulation du tourisme. Près de vingt ans plus tard, le secteur se cherche donc toujours. Malgré les artifices, il ne serait pas sorti des itinéraires…battus !
Depuis 2018, le secteur a enregistré une reprise progressive, sans toutefois atteindre les objectifs escomptés. L’assouplissement des procédures de visa, combiné aux avantages accordés aux investisseurs, a néanmoins permis à la Mauritanie de renforcer son image de destination sûre et émergente. Le tourisme désertique demeure le produit phare, complété par le tourisme balnéaire et culturel, encore insuffisamment exploités.
La période post-Covid (2020-2021) a été marquée par une hausse notable des arrivées touristiques, confirmant le potentiel du pays lorsque les conditions sécuritaires et logistiques sont réunies. La nomination de Mme Hawa Diallo à la tête de l’Office national du tourisme marque une nouvelle étape, traduisant une volonté de réorganisation et de professionnalisation du secteur.
Aujourd’hui, la reprise progressive des vols charters vers Atar, transportant chacun plus d’une centaine de touristes depuis début 2025, témoigne d’un retour de la confiance des opérateurs et des visiteurs étrangers. La nouvelle politique touristique entend également diversifier l’offre en mettant davantage l’accent sur le littoral, tout en intégrant les filières connexes telles que l’artisanat, le transport et l’hôtellerie.
Les autorités encouragent parallèlement le tourisme intérieur afin de soutenir les 120 nouvelles unités hôtelières et les quelque 750 restaurants récemment créés. Néanmoins, malgré les investissements conséquents et la volonté politique affichée, le secteur reste confronté à des défis majeurs : insuffisances logistiques, modernisation inachevée des infrastructures, et nécessité de préserver et de valoriser les sites historiques des villes anciennes.
Plusieurs campagnes onéreuses ont été menées à l’extérieur du pays pour faire connaitre la destination. Mais aucune évaluation de leur impact n’a encore été faite.
Source : La Dépêche (Mauritanie)
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