
Courrier international – C’est la “nouvelle qu’attendaient l’Arabie saoudite et les amateurs de football de toute la région”, se réjouit Arab News. La Fifa a officiellement confié, mercredi 11 décembre, le Mondial 2030 de football au trio Espagne-Portugal-Maroc, avec trois matchs en Amérique du Sud, et le Mondial 2034 au royaume wahhabite, une double désignation que les 211 fédérations membres réunies en visioconférence ont entérinée par acclamation.
L’Arabie saoudite deviendra ainsi le deuxième pays du Moyen-Orient à accueillir le tournoi, douze ans après le Qatar voisin, en 2022, note Al-Jazeera.
L’annonce “marque un moment décisif dans l’incroyable et époustouflant parcours de [Riyad] pour devenir une plaque tournante du sport mondial”, s’enthousiasme Saudi Gazette. La Coupe du monde “consolidera le statut du royaume en tant que leader dans l’organisation de mégaévénements sportifs, reflétant ainsi les ambitions de ‘Vision 2030’”.
“Le plus grand prix de tous”
En accordant à l’Arabie saoudite, pourtant régulièrement accusée de “sportswashing” – l’utilisation du sport pour détourner l’attention de son bilan en matière de droits humains et de son impact environnemental–, la Coupe du monde masculine de 2034, l’instance dirigeante du football lui a remis “le plus grand prix de tous”, remarque The New York Times. “Aucune autre compétition sur la planète n’attire autant de regards que la quadriennale centenaire, une compétition d’équipes nationales qui propulse les pays hôtes sur le devant de la scène d’une manière que seuls les Jeux olympiques d’été peuvent égaler.”
Sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane, son dirigeant de facto, l’Arabie saoudite a en effet lancé ces dernières années une frénésie de dépenses dans le sport mondial. “Le tennis, le golf, la Formule 1 et la boxe de haut niveau ont tous bénéficié de la munificence saoudienne, tout comme certains des joueurs de football les plus en vue, dont Cristiano Ronaldo, qui ont été attirés loin de l’Europe pour jouer en Arabie saoudite. Mais l’organisation de la Coupe du monde est un exploit d’une autre ampleur”, observe le journal américain.
Or, rappelle le New York Times, les groupes de défense des droits humains s’étaient opposés à la candidature saoudienne, “estimant que les antécédents du pays en matière de droits de l’homme font peser des risques sur les milliers de travailleurs migrants […] qui seront probablement amenés à construire les infrastructures – stades, aéroports, routes et hôtels, voire une nouvelle ville – nécessaires à l’organisation de la compétition”. Par ailleurs, “d’autres détracteurs, y compris des groupes de supporteurs, ont déclaré que la Fifa […] avait truqué le vote en faveur des Saoudiens en modifiant les règles de l’appel d’offres”.
Le quotidien rapporte d’ailleurs que l’annonce de la candidature gagnante “s’est faite sans la fanfare qui avait accompagné l’obtention de l’événement par les candidats précédents”. “Les médias présents au siège de la Fifa étaient peu nombreux, voire inexistants, et une poignée de journalistes saoudiens ont applaudi lorsque le nom de l’Arabie saoudite a été sorti de l’enveloppe.”
“Coût humain inimaginable”
CNN souligne également que plusieurs ONG ont mis en garde “contre certains problèmes – en particulier les abus envers les travailleurs migrants, la liberté d’expression et les droits des groupes minoritaires – dans ce pays du Golfe”. Le directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch (HRW), Michael Page, a, notamment, récemment alerté contre le “coût humain inimaginable” de cette attribution.
“De nombreux travailleurs migrants mourront, prévient pour sa part The Guardian. Des millions de migrants vont construire des stades, des réseaux de transport et des hôtels. Mais les témoignages de Bangladais qui y ont travaillé suggèrent que les abus sont profondément ancrés dans le royaume du Golfe.”
Source : Courrier international (France)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com