Courrier international – La Coupe d’Afrique des nations approche mais déjà le Maroc célèbre son équipe, qui a remporté le 18 décembre la Coupe arabe de la Fifa face à la Jordanie. Règne dans le royaume un “climat de grande fête autour du football, à l’aube d’un rendez-vous continental très attendu”, commente le média 360.ma. Avec cette compétition, le Maroc entend devenir “une puissance mondiale du football”, résume The Independent depuis le Royaume-Uni, et faire un peu oublier les images des manifestations qui ont secoué le pays en septembre et octobre.
Fin septembre, une vague de manifestations, “la plus importante depuis le printemps arabe de 2011” selon The Guardian, a gagné le Maroc sous le nom de “Génération Z 212”. Les jeunes manifestants protestaient notamment contre le sous-financement des systèmes de santé et d’éducation face aux fastueux investissements consentis pour la CAN 2025. “Les stades auront des trousses de premiers secours ; nos hôpitaux, non”, pouvait-on par exemple entendre dans les manifestations, selon le site Africa Is a Country. Fin octobre, plus de 2 400 personnes interpellées durant les manifestations étaient poursuivies.
Le Maroc a investi près de 21 milliards de dirhams (1,9 milliard d’euros) : 900 millions d’euros dans la rénovation de six stades (sur les neuf qui accueilleront les rencontres, dans six villes) et 470 millions d’euros supplémentaires dans la construction du Grand Stade de Casablanca, destiné à accueillir les matchs de la Coupe du monde 2030, que le royaume coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. Mais parallèlement, le gouvernement “reste réticent ou incapable d’investir dans sa jeunesse. Plus de 10,9 millions de Marocains ont moins de 35 ans, soit près de 30 % de la population”, analyse Africa Is a Country.
Les hôpitaux attendront la CAN
Face à l’ampleur des manifestations, le roi Mohammed VI avait estimé dans un discours le 10 octobre 2025 qu’il n’y a pas d’incompatibilité dans les investissements. Un “je vous ai compris” royal qui a eu pour conclusion : profitez de la CAN et vous aurez des hôpitaux. Fouzi Lekjaa, le ministre délégué chargé du Budget, a poursuivi, affirmant que la réalisation des projets en amont de la Coupe du monde 2030 allait de pair avec les engagements de l’État à mettre à niveau les services de santé.
Depuis, les inondations du 15 décembre dans la province côtière de Safi qui ont fait 37 morts, ont ranimé les critiques. Dans les zones rurales, loin des centres financiers de la capitale, les habitants continuent de dénoncer la négligence et le manque d’investissement de l’État. Ils accusent le gouvernement de privilégier “les projets de prestige international, plutôt que des infrastructures destinées aux services essentiels”. “De nouveaux troubles ont été signalés dans plusieurs villes marocaines”, dont à Rabat le 10 décembre, pour demander la libération des manifestants poursuivis, constate également The Guardian.
Élections législatives en septembre
La réputation du pays dépendra autant de la gestion logistique du tournoi que de la manière dont la population marocaine s’appropriera l’événement, estime The Independent, rappelant que “plusieurs joueurs de l’équipe nationale ont publiquement apporté leur soutien aux manifestations”. La CAN 2025 est aussi un jalon avant les élections législatives de septembre 2026, qui “détermineront l’orientation du pays en vue de la Coupe du monde 2030”, remarque Africa Is a Country.
C’est la deuxième fois que le Maroc organise ce tournoi biennal. “La CAN 2025 s’inscrit dans une séquence stratégique plus large, avec le Maroc qui utilise le sport comme un outil diplomatique” dans un contexte chargé par la question du Sahara occidental, poursuit le quotidien marocain Le Matin. L’attente est grande pour les Lions de l’Atlas, menés par le joueur parisien Achraf Hakimi, qui tenteront de remporter un deuxième titre continental après celui de 1976.
Source : Courrier international (France)
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