DIOMAYE-SONKO FACE À SES CONTRADICTIONS

Entre un président constitutionnellement tout-puissant et un Premier ministre politiquement incontournable, l'équilibre du pouvoir est en jeu, comme l'explique le professeur Maurice Soudieck Dione ce dimanche au lendemain du tera-meeting

Seneplus  – Suite au grand meeting d’Ousmane Sonko tenu le 8 novembre à l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor, le professeur Maurice Soudieck Dione, agrégé en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a livré une analyse approfondie des contradictions institutionnelles qui caractérisent l’actuel pouvoir. Invité de l’émission « Objection » sur Sud FM ce dimanche 9 novembre 2025, le professeur Dione a mis en lumière ce qu’il considère comme « une situation de pouvoir assez alambiquée » au sommet de l’État.

 

 

« Sur le plan constitutionnel, le président de la République a tous les pouvoirs et le premier ministre est nommé par lui. Le président tire sa légitimité du suffrage universel, ayant été élu au premier tour avec 53,25% », a expliqué l’universitaire. Cette réalité constitutionnelle se heurte cependant à une autre réalité politique : « Nous avons un Premier ministre qui, en tant que chef de la majorité parlementaire, a une emprise déterminante sur le jeu politique », a souligné le professeur.

Selon M. Dione, cette situation crée « une sorte de contradiction entre la structuration institutionnelle du pouvoir autour du président de la République et la situation politique de fait qui donne une certaine préséance au Premier ministre« .

Le spécialiste précise que le régime politique sénégalais « n’est pas un régime parlementaire au sens où c’est le Premier ministre qui définirait et conduirait la politique de la nation », mais plutôt « un régime qui est structuré autour du président de la République sur le plan constitutionnel ».

Cette tension institutionnelle pose une question fondamentale : « Est-ce que dans ces conditions, on peut avoir un président de la République qui inaugure les chrysanthèmes et un Premier ministre fort ? » s’interroge le professeur, avant d’affirmer que « les dispositions constitutionnelles ne le permettent pas ».

L’universitaire voit dans cette dualité l’une des sources potentielles de tensions futures, notamment en perspective de l’échéance présidentielle de 2029. « Tout porte à croire qu’il y a une première tendance qui voudrait que tous les pouvoirs, toutes les organisations politiques soient contrôlés, satellisés autour du Pastef », analyse-t-il, ce qui poserait « la problématique de l’existence et de la continuité de Diomaye président ».

Il rappelle que « le président Diomaye a démissionné des structures de direction du Pastef », ce qui soulève la question : « Est-ce qu’il peut se positionner en 2029 sans appareil politique ? » Face à cette situation complexe, le professeur Dione appelle à la vigilance et au « dépassement » des deux hommes forts du pouvoir.

« La préservation du duo Diomaye-Sonko est essentielle pour la stabilité du pouvoir et pour la réalisation du projet. C’est devenu un impératif catégorique au regard du contexte », insiste-t-il.

Dans un contexte marqué par des défis économiques majeurs, notamment « un niveau d’endettement exacerbé », le Sénégal « ne peut pas se permettre d’avoir en plus une crise institutionnelle au sommet de l’État », prévient l’universitaire.

Il conclut en souhaitant que les contradictions, qu’il juge « normales » entre les deux hommes, « doivent pouvoir se résoudre par des compromis sans compromission, par le sens du dépassement de l’un et de l’autre », comme ils l’ont déjà démontré par le passé.

 

 

Source : Seneplus

 

 

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