Franchement, il faut qu’on en parle.
Depuis quand les cheveux sont devenus une menace pour la foi ? Depuis quand une mèche qui dépasse serait capable, à elle seule, de renverser la morale publique, déstabiliser la société et déclencher une crise spirituelle internationale ?
Non parce que, soudainement, on découvre cette passion nouvelle : cacher, couvrir, dissimuler, comme si la fibre capillaire était un secret d’État.
“Pourquoi cacher ses cheveux ? C’est quoi cet obscurantisme salafo-wahhabite ?”
Excellente question. Parce qu’il faut bien rappeler une évidence historique que tout le monde connaît, sauf ceux qui viennent de découvrir la religion avant-hier et qui veulent en faire une idéologie du contrôle :
Nos mères, nos grands-mères, leurs mères avant elles. Toutes ont vécu, prié, travaillé, élevé des générations entières, dans une tenue traditionnelle belle, digne, colorée, libre — et oui, les cheveux vivaient leur vie.
Personne n’a jamais douté de leur foi. Personne n’a jamais pensé qu’elles perdaient des points au paradis parce qu’une boucle dépassait du foulard. Mais aujourd’hui, certains veulent nous expliquer qu’ils ont découvert la vérité suprême :
“Cache tes cheveux ou tu sors de la bonne voie !” . Les femmes de nos villages, de nos quartiers, de nos campements elles étaient quoi alors ? Des novices spirituelles ? Des débutantes ? Des ignorantes de leur propre religion ? Soyons sérieux.
Ce n’est pas de la piété, c’est du décor importé. Un folklore moral sponsorisé par des chaînes YouTube. Une religion réduite à un filtre Snapchat de “vertu”.
Et comble de l’ironie : Ceux qui crient le plus fort ne savent même pas ce que nos mères savaient sans avoir jamais mis les pieds dans une école : La foi, ce n’est ni le tissu ni la coiffure. La foi, c’est la conduite, la droiture, la dignité.
Nos aïeules n’avaient pas besoin d’un manuel imprimé à Riyad pour savoir comment s’habiller. Elles savaient qui elles étaient, savaient d’où elles venaient, savaient comment se tenir. Elles avaient une identité, pas une imitation.
Alors oui, qu’on arrête d’importer du désert d’autrui ce qui n’a jamais poussé dans le nôtre. Qu’on arrête de transformer la religion en compétition textile.Et surtout, qu’on arrête de juger les femmes sur un centimètre carré de cheveux, alors que les vraies dérives ne manquent pas.
Si nos mères ne voyaient pas de problème, Si nos grands-mères n’ont jamais douté une seule seconde de leur foi. Alors, peut-être — juste peut-être — que le problème ne vient pas des cheveux, mais de certains esprits trop serrés pour respirer.
On est dans la fatwa capillaire . Wetov
Sy Mamadou
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