Le Soir.be – Nicolas Sarkozy a quitté la prison de la Santé ce lundi vers 15h à bord d’une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police. Après trois semaines de détention à la Santé. Ainsi en a décidé la cour d’appel de Paris après une audience éclair qui n’aura même pas duré une heure ce lundi matin. Nicolas Sarkozy pourra rentrer chez lui et préparer sa défense avant son procès en appel en 2026.
Condamné fin septembre dernier à cinq ans de prison ferme dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, il reste soumis à un contrôle judiciaire strict. Il ne pourra pas quitter la France. Il lui est aussi interdit d’entrer en relation avec les autres protagonistes de l’affaire. Mais pas seulement. Il lui est aussi interdit – fait inédit – de contacter l’actuel garde des Sceaux, Gérald Darmanin. Ce dernier, un proche de l’ancien locataire de l’Elysée, lui avait rendu visite en prison. Le ministre de la Justice a réagi en indiquant qu’il se plierait à cette interdiction.
« C’est une décision de justice normale, nous allons maintenant pouvoir préparer son procès en appel », ont brièvement déclaré ses avocats à la sortie de l’audience.
Dans la matinée, Nicolas Sarkozy était apparu sur un écran dans la salle d’audience du palais de justice historique de Paris. Le teint pâle, vêtu d’un pull et d’un costume bleu marine. A ses côtés, l’un de ses avocats, Jean-Michel Darrois. C’est en visio-conférence depuis la prison de la Santé que Nicolas Sarkozy avait assisté à l’audience de la cour d’appel de Paris chargée de statuer sur sa demande de remise en liberté. Le parquet avait requis sa levée d’écrou. « L’extrême gravité des faits et le quantum de la peine ne doivent pas entrer en ligne de compte », avait estimé l’avocat général. « Seuls comptent les critères de l’article 144 du code de procédure pénale ». Autrement dit, les critères qui fondent une détention provisoire, c’est-à-dire la préservation des preuves, le risque de concertation sur d’autres prévenus ou de pression sur des témoins.
« C’est dur, très dur »
Comme il n’avait cessé de le faire durant son procès et lors de sa condamnation, en septembre dernier, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois protesté de son innocence. « Je souhaite qu’on soit convaincu d’une chose : je n’ai jamais eu l’idée folle de demander à M. Kadhafi quelque financement que ce soit. Jamais je n’avouerai quelque chose que je n’ai pas fait. Je n’avais pas imaginé attendre 70 ans pour connaître la prison. Cette épreuve m’a été imposée, je l’ai vécue. C’est dur, très dur », avait-il dit, décrivant sa détention comme un « cauchemar », tout juste rendu supportable par « l’humanité du personnel pénitentiaire ».
Dans son jugement en première instance, le tribunal correctionnel de Paris l’avait reconnu coupable d’association de malfaiteurs. Si les magistrats n’avaient pas retenu la corruption, ils avaient estimé que Nicolas Sarkozy avait laissé ses principaux collaborateurs, Claude Guéant et Brice Hortefeux, rencontrer en Libye le sulfureux Abdallah Senoussi, responsable de l’attentat contre le DC10 d’UTA, en 1989, qui avait fait 170 morts, dont 54 Français. Selon le tribunal, il s’agissait alors de nouer un pacte pour le financement de la campagne présidentielle de 2007, que Nicolas Sarkozy allait remporter face à Ségolène Royal. Le tribunal avait estimé que les faits étaient d’une extrême gravité et que cette extrême gravité justifiait l’exécution provisoire, c’est-à-dire immédiate, de la peine. Le mandat de dépôt avait toutefois été différé, de manière à laisser le temps à l’ancien chef de l’Etat de se préparer à son incarcération à la prison parisienne de la Santé.
Le 21 octobre dernier, il y avait été placé à l’isolement. Deux agents armés issus du service de protection de la police nationale se tenaient dans la cellule voisine, au grand dam des agents pénitentiaires. Il disposait de quatre parloirs par semaine.
Par Joëlle Meskens Source : Le Soir.be (Belgique) Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com
