Mauritanie – Trop, c’est trop !

Le Calame  – On ne le dira jamais assez. La lutte contre la gabegie, la mauvaise gestion et le détournement des deniers publics est un combat de longue haleine. Il ne suffit pas de la proclamer mais il faut la mettre en œuvre par des mesures fortes. Radicales, s’il le faut. Le dernier rapport de la Cour des comptes, qui vient d’être mis en ligne sur le site de cette institution – une mesure louable qui a au moins l’avantage de désigner les coupables de malversations à la vindicte populaire, à défaut d’une cour de justice – indique qu’on est loin d’être sortis de l’auberge.

À parcourir le rapport, on ne peut qu’être pris de vertige devant l’ampleur du gâchis. Des milliards volatilisés, des procédures violées au grand jour, des marchés fractionnés pour être attribués sans appel d’offres, des recrutements de complaisance, des comptes ouverts et approvisionnés en violation flagrante de la loi, des créances irrécouvrables par absence de volonté… la liste est longue.

Le moins qu’on puisse dire est qu’en deux ans, les limiers de la Cour des comptes n’ont pas chômé. Ils ont repéré tellement d’irrégularités, là où ils sont passés, qu’ils ne savaient plus où donner de la tête. Et ils ne sont pas passés partout, en plus ! Des institutions qui ne sont pas loin de tout reproche, loin s’en faut, ont échappé à leur contrôle. En attendant le prochain tour ? On veut bien savoir pourquoi. Quelle suite sera donnée à ce rapport ? Les gestionnaires épinglés vont-ils répondre de leurs actes devant la justice ? Ou exigera-t-on seulement d’eux qu’ils remboursent les montants détournés… avant les maintenir en fonction, comme par le passé ? Il y a, en tout cas, urgence à frapper fort, pour mettre fin – sinon réduire sensiblement – des pratiques qui rongent le pays. Invité, il y a quelques années, d’une émission de télévision, le contrôleur d’État Ethmane Sid’Ahmed Yessa avait dit, en réponse à une question sur les sanctions à infliger aux auteurs des détournements de deniers publics : « On ne peut quand même pas dupliquer des lois venues d’ailleurs et condamner ces fautifs à la peine de mort. » Ce à quoi répliqua le célèbre journaliste, feu Amar ould Bouhoubeyni : « En ce cas, nous perdrons beaucoup de nos vaillants hommes. » Mais aujourd’hui, soyons clair : trop, c’est trop ! Il faut agir ! Sans plus tarder !

 

 

 

Ahmed ould Cheikh

 

 

 

Source : Le Calame (Mauritanie)

 

 

 

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