Le dernier rapport général de la Cour des Comptes met une nouvelle fois à nu la profondeur de la crise morale, politique et économique que traverse notre pays. On y découvre, sans surprise mais avec indignation, l’étendue de la mauvaise gestion, de la corruption et du mépris total envers les règles les plus élémentaires de bonne gouvernance.
Les plus hauts responsables de l’État, censés incarner l’intégrité et la rigueur, s’illustrent par un manque flagrant de patriotisme. Ils gèrent les ressources publiques comme si elles leur appartenaient, oubliant que chaque ouguiya mal dépensée se traduit par une souffrance supplémentaire pour la population.
Le rapport souligne un système de corruption généralisée, qui gangrène l’ensemble de l’administration. Aucun secteur n’est épargné. L’impunité est devenue la norme. Les entreprises privées, en particulier les multinationales, foulent aux pieds les termes des contrats signés avec l’État, souvent avec la complicité de ceux-là mêmes qui devraient les faire respecter.
Notre économie est malade, nos institutions affaiblies, et la confiance du peuple s’effrite. Le paradoxe est cruel : dans ce pays, les riches semblent plus pauvres d’esprit et d’éthique que ceux qui n’ont rien.
Dans un État rongé par le vol, le népotisme et la corruption, il est urgent de rappeler que ces pratiques vont à l’encontre non seulement des lois, mais aussi des principes fondamentaux de notre foi. L’islam condamne fermement l’injustice et le détournement des biens publics. Pourtant, ceux qui crient le plus fort leur piété sont parfois les premiers à trahir les valeurs qu’ils prétendent défendre.
Publier des rapports sans suite concrète revient à insulter la souffrance des citoyens. Les rapports de 2019, 2020, 2022 ? Où sont les suites judiciaires ? Où sont les sanctions exemplaires ? L’administration semble en pause, alors que le pays s’enfonce.
Un véritable changement passe par la justice, la transparence et l’engagement d’hommes honnêtes, soucieux de l’intérêt général. Tant que les criminels économiques ne seront pas poursuivis et punis sans distinction ni protection politique, aucun rapport, aussi accablant soit-il, ne pourra sortir le pays du gouffre.
Mamoudou Baidy Gaye dit Alia Gaye
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