Mauritanie – Mohamed Ab, ou la dignité en mouvement

Je l’ai vu pour la première fois presque par hasard. Entre l’hôpital d’oncologie et une pharmacie voisine, là où il y a ce petit café que je fréquente souvent. Il allait, il revenait. Toujours pressé. Toujours concentré. Un va-et-vient incessant, comme si chaque minute comptait.

Au début, je n’y ai pas prêté attention. Puis, à force de le voir courir, s’arrêter brièvement, repartir, parler à quelqu’un, passer un coup de fil, revenir encore… la curiosité s’est imposée.

Qui est ce jeune homme ? Pourquoi cette urgence permanente ? Pourquoi cette présence quasi quotidienne autour de l’hôpital ?

En me renseignant, j’ai découvert une histoire profondément humaine, rare par sa sincérité et bouleversante par sa simplicité. Un engagement sans uniforme, mais avec le cœur

Mohamed Ab n’est ni un fonctionnaire d’ONG, ni un responsable institutionnel. Il n’a pas de badge officiel, pas de bureau, pas de budget déclaré. Il a autre chose : du temps, de l’énergie et une conscience éveillée.

Chaque jour, il accompagne des malades.

Il cherche des solutions là où il n’y en a plus. Il aide à trouver de quoi acheter des médicaments, à compléter une ordonnance, à convaincre une pharmacie, à solliciter une aide, à appeler quelqu’un qui peut aider quelqu’un d’autre.

Dans les couloirs de l’hôpital, il est devenu un repère discret. Pour certains malades, il est celui qui écoute. Pour d’autres, celui qui trouve une issue quand tout semble bloqué. Et souvent, celui qui refuse de détourner le regard.

Les enfants, sa boussole

Ce qui frappe immédiatement chez Mohamed Ab, c’est son rapport aux enfants. Sur ses photos, sur ses publications Facebook en arabe, dans la vraie vie : il est presque toujours entouré d’enfants. Il ne pose pas avec eux. Il ne les utilise pas. Il est avec eux. Les enfants l’aiment instinctivement, parce qu’il ne triche pas.

Parce qu’il joue, sourit, rassure, porte, écoute. Parce qu’avec lui, ils cessent d’être des « cas », des « dossiers » ou des « patients ». Ils redeviennent simplement des enfants. Dans un environnement souvent lourd maladie, pauvreté, attente, peur il apporte quelque chose de précieux : une respiration.

Une présence qui apaise

Ce qui impressionne chez Mohamed Ab, ce n’est pas le spectaculaire. C’est la constance. Jour après jour. Sans projecteurs. Sans discours. Sans plainte. Ses publications ne sont pas des appels à la gloire personnelle.

Ce sont des rappels spirituels, des prières, des paroles simples sur la relation à Dieu, sur la charité, sur l’urgence de faire le bien tant qu’il est encore temps.

On comprend alors que son action n’est pas ponctuelle. Elle est ancrée dans une conviction profonde : La valeur d’un homme se mesure à ce qu’il fait pour ceux qui n’ont rien.

Pourquoi il a besoin de notre soutien

Des hommes comme Mohamed Ab sont essentiels, mais fragiles. Parce qu’ils donnent sans compter. Parce qu’ils s’épuisent parfois en silence. Parce qu’ils comblent, seuls, des failles que des systèmes entiers n’arrivent pas à combler.

Le soutenir, ce n’est pas seulement lui venir en aide. C’est soutenir une chaîne de solidarité qui profite à des malades, à des enfants, à des familles entières. C’est reconnaître que l’humanitaire n’est pas toujours une institution.

Parfois, c’est juste un homme pressé entre une pharmacie et un hôpital, porté par la foi, l’empathie et le sens du devoir humain. Mohamed Ab n’est pas un héros au sens classique.

Il est mieux que cela. Il est un rappel vivant de ce que nous pourrions tous être, si nous décidions, un jour, de ne plus détourner le regard. Il mérite notre respect. Il mérite notre soutien. Et surtout, il mérite d’être connu.

 

 

Souleymane Hountou Djigo

Journaliste, blogueur

 

 

Photos Crédits : Souleymane Hountou Djigo

 

 

 

 

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