Mauritanie : les marchés publics entre les mains du patronat et des familles proches du régime de l’ex-président Ould Aziz

L’accession au pouvoir de Ould Ghazouani en 2019 n’a pas bouleversé la donne des contrats publics comme en témoigne le contrat juteux de plus d’un milliard et demi d’anciennes ouguiyas accordées cette semaine à l’entreprise familiale de Ould Ghadde M2P Oil pour la fourniture de bitume de l’ETER, établissement public à caractère industriel et commercial.

C’est le retour en puissance de la famille Ghadde dans l’octroi des marchés publics après une période faste sous le régime de l’ex-président Ould Abdel Aziz qui lui avait permis avec la famille Abdallahi de s’emparer de la construction de voiries à l’intérieur du pays. Le dernier gros contrat remonte à 2018 avec le projet d’alimentation en eau potable d’Aioun et de Djiguéni.

C’est une famille qui s’est enrichie sous l’ère de Ould Aziz avec son groupe Holding Wafa qui contrôle un empire financier des BTP aux banques, aux mines et en passant par la distribution des hydrocarbures et le commerce des denrées alimentaires dont il avait le monopole.

L’ex-président Ould Aziz est soupçonné d’actions de ce holding dans l’affaire de la décennie en cours au tribunal de Nouakchott. C’est donc un revenant qui vient de rafler la fourniture de 4094 tonnes de bitume de l’ETER. Une première tranche d’un appel d’offre international gagné par cette entreprise familiale qui poursuit sa conquête du marché public pour l’entretien des routes en Mauritanie. Un casse-tête pour le gouvernement qui a du mal à réaliser la réhabilitation et la construction de nouvelles routes pour le désenclavement des régions.

Les quatre années de gouvernance de Ould Ghazouani n’ont pas changé la donne des marchés publics du moins dans la pratique en réponse aux différents appels d’offres nationaux et internationaux. Hormis la famille Ghadde c’est le patronat mauritanien qui vient également de prendre sa part du gâteau avec la construction de l’Institut numérique de Nouakchott.

L’entreprise Bis TP du président du patronat partage la coquette somme d’un milliard et demi d’ouguiya avec l’entreprise TCC. C’est la course aux deniers publics de toutes ces entreprises sous couvert familial qui laisse perplexes les observateurs qui pointent une gouvernance avec des forces clientélistes et tribalistes qui agissent à proximité de la présidence.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 08 août 2023)

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