Mauritanie : le procès de la décennie de Ould Aziz dans le collimateur des observateurs

Après plus d’une année de détention préventive, l’ex-président mauritanien Ould Aziz va comparaître prochainement devant la cour criminelle de Nouakchott pour corruption, enrichissement illicite et blanchiment d’argent avec 11 dignitaires de son régime de 2009 à 2019. Un procès attendu par tous les Mauritaniens et qualifié par les observateurs de procès de la mal gouvernance militaire

C’est un procès de la décennie de 2009 à 2019. Une décennie au cours de laquelle l’ancien chef de l’Etat mauritanien aura montré toutes les facettes de sa personnalité. Du putschiste en 2008, au président de pauvres en 2009 et président des riches et homme d’affaires de 2010 à 2019.

Deux mandats de cinq ans au cours desquels il a gouverné le pays d’une main de fer avec la répression des militants anti-esclavagistes et des salafistes et en fin de mandats en s’attaquant aux journalistes indépendants et syndicalistes pour préparer l’alternance militaire.

Pour asseoir sa mainmise sur l’économie Ould Aziz s’est appuyé sur les alliances tribales pour accaparer toutes les richesses naturelles et placé ses hommes de confiance aux postes les plus stratégiques dans les domaines de l’économie et des finances, de l’éducation nationale, du pétrole de l’énergie des industries et des mines, des Bâtiments et travaux publics, de l’agriculture et des pêches et en première ligne la présidence où agissent les forces clientélistes du régime en particulier le clan familial.

Une décennie de gouvernance autoritaire où il est sorti des limites fixées par la constitution avec ce fameux coup d’Etat constitutionnel en 2017 en rejetant le véto du Sénat sur les réformes constitutionnelles à savoir la suppression du Sénat et le changement des symboles nationaux par voie référendaire.

Pour les observateurs ce n’est pas le procès d’un homme et ancien chef d’Etat mais celui d’un système politique monocolore qui date des indépendances et exacerbé par l’arrivée au pouvoir des militaires en 1978 jusqu’en 2022.

C’est l’alternance militaire qui est pointée du doigt et qui n’a pas réglé le vivre ensemble des Mauritaniens aujourd’hui au cœur du dialogue politique suspendu actuellement. Les différents successeurs au palais de Nouakchott de Ould Saleck à Ould Ghazouani ont poursuivi une politique de fuite en avant de la cohabitation en incarnant un pouvoir fort qui viole les droits de l’homme et l’Etat de droit en se préoccupant moins de la gestion des biens publics.

Une gouvernance qui pérennise la corruption et la gabegie. Pour la première fois dans l’histoire du pays un ancien président va comparaitre devant une cour criminelle avec 11 de ses dignitaires. C’est un progrès dans la gouvernance militaire mais encore insuffisant pour une gouvernance sobre, vertueuse et démocratique.

 

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 06 juin 2022)

 

 

 

 

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