Les mauritaniens de Côte d’Ivoire dans l’étau du chaudron abidjanais : Que lire derrière le mutisme des officiels à Nouakchott ?

cote divoire 1Abidjan est à feu et à sang ! Laurent Bagbo, président sortant de quitter son poste, préférant la politique du pire. Et cela malgré les pressions de la communauté internationale qui somme Laurent Bagbo de passer le témoin à Alassane Dramane Ouattara, reconnu comme le vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre écoulé en Côte d’Ivoire.

Plus révélateur du « dilemme ivoirien », le black-out des formations politiques, à l’exception de l’Alliance Pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR) et le Mouvement Pour la Refondation (MPR) qui se sont prononcées sur les élections en Côte d’Ivoire et en Guinée. Toute la Coalition des partis de la Majorité (CPM) s’est faite le principe de ne piper mot sur le drame ivoirien. Pareil du Côté des partis regroupés au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Le RFD, l’APP et l’UFP semblent également observer un profil bas sur l’imbroglio ivoirien. Pas même la société civile n’a bougé sur la question. Qu’est qui motive une telle attitude et empêche aux uns et aux autres de s’exprimer clairement ? Serait-ce pour éviter des désagréments aux nombreux compatriotes qui vivent dans ce pays ? Ou bien y aurait-il d’autres raisons qui empêchent de se prononcer sur la situation ?
Pour l’heure en tout cas, nos décideurs feraient mieux de réfléchir sur la meilleure manière d’apporter une assistance à nos compatriotes qui le désirent pour par exemple rapatrier leurs familles, car la Côte d’Ivoire vit une situation qui pourrait rapidement basculer au bain de sang.

A Nouakchott la crise politique ivoirienne est vécue avec anxiété. Sans doute les mauritaniens sont-ils préoccupés par le sort de leurs nombreux compatriotes vivants en Côte d’ Ivoire. Malheureusement pour eux, la présidence de la république a apparemment pris l’option de se murer derrière un silence de cimetière laissant l’Union Africaine s’exprimer au nom des tous les Etats membres de l’organisation. Il n’en reste pas moins que cette ruse consistant à se cacher derrière la position de l’Union africaine pour ne rien dire, ni ne rien faire, comme si de rien n’était pourrait coûter cher à nos compatriotes installés dans ce pays. Il n’est pas normal que le ministère des affaires et de la coopération qui fait tout, sauf de la diplomatie, ne communique pas à l’opinion sur la situation ivoirienne qui aurait dû les interpeller. Le droit à l’information est un principe sacré ! Surtout que dans ce pays où les armes risquent de reprendre le dessus, la Mauritanie compte entre 100 et 125.000 ressortissants. Bon nombre de ces mauritaniens nés en Côte d’Ivoire et naturalisés ivoirien de l’Est du pays notamment le Hodh Echargui, Hodh El Gharbi, l’Assaba et dans une moindre mesure du Brakna, du Gorgol, du Guidimakha, du Trarza, du Tagant et j’en passe. Certains d’entre eux, mariés à des ivoiriennes y ont fondé familles et ne reviennent au terroir que pour des vacances. Aujourd’hui leur sort dans ce pays est peu enviable avec tous les risques qu’ils encourent en ce moment. A Nouakchott, tout le monde s’interroge sur le calvaire qu’ils endurent en Côte d’Ivoire mais l’Etat mauritanien ne bouge pas le petit doigt pour informer l’opinion sur leur situation. Quand bien même le ministère des affaires étrangères ne peut rien faire pour eux faute probablement de moyens, il aurait été plus respectueux de ses citoyens, en expliquant au moins ce qui se passe et qui est entrepris sur le terrain. Mais non seulement il se tait, mais même la TVM et la Radio n’évoquent pas la situation ivoirienne qui interpelle pratiquement tous les pays d’Afique, d’Europe, des Etats-Unis. Bon nombre de pays s’agitent ne serait-ce que pour donner des conseils à leurs ressortissants.

Moussa Diop

Le Quotidien de Nouakchott

 

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